The Last Survivors T2 - Paris [EN PAUSE]

Chapitre 8

Nous marchons depuis une vingtaine de minutes dans la ville morte. Le soleil a déjà commencé à se lever, nous baignant de sa chaude aurore orangeâtre, et nous n'avons vu d'infectés que de loin. Même s'ils nous ont sûrement vus, ils ne nous rattraperont pas de sitôt. Ils sont bien trop lents et en plus, ils sont bêtes et n'ont aucunes mémoire. Du moins, ils ne sont pas suffisamment intelligents pour nous poursuivre après nous avoir perdus de vu. Dans pas longtemps, nous les auront distancés suffisamment pour qu'ils nous oublient et qu'ils se mettent sur la piste d'un animal encore en vie qui sera récemment passé dans le coin. Ou alors, ils vont simplement errer dans les rues pendant des heures, voir même pendant des jours, sans rien faire d'autre.
Matt et Sasha marchent en tête de groupe. Ils s'entendent plutôt bien. Très bien, même, alors qu'ils ne se connaissent pas depuis si longtemps que ça. Je dois avouer que ça me rend un peu jalouse. Oh c'est sûr, je n'en ai aucun droit. Il fait sa vie, je fais la mienne. J'ai un petit ami, ce n'est pas comme si je lui reprochais d'avoir apparemment trouvé quelqu'un avec qui ça pourrait coller. Ils ont à peu près le même âge, et ils sont tout deux des guerriers. Ils ont un caractère semblable, alors pas étonnant qu'ils soient souvent ensembles.

Je regarde Sasha rire à une plaisanterie ou quelque chose de ce genre de Matt, qui sourit lui aussi. Il est distrait en ce moment, ce n'est pas bon. Heureusement, Douglas et Kevin, un peu plus derrière eux, parlent mais semblent en même temps aux aguets. A chaque mouvement, même provenant du vent agitant les feuilles vertes d'un buisson, ils posent leur regard dessus. Ils sont attentifs au plus petit changement, à la plus petite variation du paysage. Matt à bien fait de les choisir pour cette expédition. Nous avons besoin de gens comme eux.

Emma marche à mon côté, plongée dans ses pensées. Je me rends subitement compte que je ne connais quasiment rien d'elle. Nous avons tous une histoire, comme nous aimons le dire, nous avons tous des raisons de pourquoi nous sommes encore en vie, de pourquoi nous sommes qui nous sommes à présent. Des gens se sont parfois sacrifiés, comme mes parents l'ont fait. Ils sont partis pour me protéger, mon frère et moi. Ils étaient malades et nous ont en quelque sorte laissé une chance de nous en sortir mieux qu'eux ne l'ont fait. Je suis la dernière de ma famille à m'en être sortie pour l'instant. Mais j'ai également dû faire des choses horribles pour rester en vie. Des choses qui ne me semblent parfois pas réelle. Comme si c'était un rêve. J'ai fait des choses que je n'aurais jamais imaginer faire. Je me demande vraiment comment Emma en est arrivée là où elle en est.

"C'est quoi ton histoire ? je lui demande alors, en gardant le regard fixé sur la ligne d'horizon.

- Elle n'est pas vraiment intéressante, réplique-t-elle alors sur un ton léger.

- C'est pas grave, je fais en balayant sa remarque d'un haussement d'épaules. C'est juste histoire de faire passer le temps."

Elle ouvre la bouche pour parler mais la referme soudainement et s'arrête net. Elle fait volte-face. Je me retourne aussi et suis la direction de son regard. Les autres ont dû nous voir nous arrêter car ils nous rejoignent. Le remugle si familier qui me parvient réveille mon instinct de survit mais je ne vois rien. Les grognements commencent à résonner dans la rue déserte et se répercutent sur les façades délabrées des maison vides. Je cherche en vain la provenance des morts. Au lieu de les chercher, nous devrions plutôt penser à fuir. Nous ne connaissons pas leur nombre, nous ne devrions pas nous risquer à les attendre.

"Là ! s'exclame Edouard en pointant du doigt une direction."

Et c'est alors que des silhouettes décharnées sortent de l'une des maisons à moins de vingt pas de nous. Je me retourne en première, prête à me sauver avec les autres, quand j'aperçois d'autres infectés qui arrivent sur nous de l'autre côté, rendant toute fuite impossible.