Chapitre 31

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Je remonte dans mon logement. Comme je l'avais demandé à notre arrivée, les habits avec lesquels j'ai fait le voyage sont lavés et soigneusement pliés. N'étant pas abîmés, je compte les remettre pour le retour. J'y suis trop attachée pour m'en débarrasser ici. Je me déshabille rapidement pour revêtir ma tenue. Je récupère mon couteau d'armée sous le matelas. L'arme à feu que j'avais également cachée ici n'y est plus. Au moins, Jesse a peut être une chance de survie avec.

J'arrive dans le parc. Personne à gauche, personne à droite. Je resserre la prise que j'ai sur ma raquette de tennis. Je prends à gauche pour rejoindre les terrains de tennis. Nous ne devons pas nous séparer, ils étaient sensés m'attendre. Depuis que les premiers cas de cette étrange maladie repérés hors centre médical se sont déclarés, ils nous a été conseillé de ne pas nous déplacer seul. Les malades ont tendances à se montrer violents passer un certain stade. Ce n'est rien de vraiment grave, mais il vaut mieux se retrouver à plusieurs face à une personne atteinte. En plus, il n'y a pratiquement personne dans les rues et dans les parcs, en ce moment. A vrai dire, il n'y a même personne autour de moi, je dois avouer que c'est assez effrayant.

Soudain, j'entends un cri sur ma droite. Je me penche pour regarder en bas de la pente herbeuse. Je me cache derrière l'un des arbres pour mieux observer ce qui se passe. J'ai beau être dépourvue de courage, je suis très curieuse. Trop curieuse, même. Un homme attaque deux femmes. Il traîne son pied gauche. Il est infecté, je peux le voir à ses cheveux manquant malgré son apparent jeune âge. Il doit avoir la trentaine, pas plus. Malgré la première femme qui se débat, une brune, il ne lâche pas sa prise sur son bras. L'autre femme, une belle métisse, lui donne soudainement un coup de poing au visage. Mais le malade ne lâche pas pour autant. Au contraire, il me semble même qu'il raffermit sa prise. C'est comme s'il faisait fit de la douleur. Il n'en a rien à faire de ce qui lui arrive.

Je sors mon téléphone pour filmer. Ce sont toujours les autres qui sont témoins de choses étranges. Pour une fois que c'est à mon tour, je vais pouvoir filmer. Ça va même sûrement atterrir sur YouTube.

Je prends un meilleur appui pour ne plus trembler. Ma main est parcouru de spams. J'ai peur mais, pourtant, signe de la stupidité humaine, je reste. Mon pied dérape soudainement et je me rattrape in extremis aux branches de l'arbre. Mais, évidemment, je fais du bruit. L'homme se tourne vers moi comme un prédateur qui se tournerait vers sa proie qui aurait commis l'erreur fatale. Je recule, mon coeur battant soudainement la chamade. Il libère la brune qui ne s'attarde pas plus longtemps avant de prendre la fuite avec son amie. Il fait un pas vers moi.

"Oh putain... je chuchote alors qu'il se prépare à courir."

Sans arrêter de filmer, je dérape en voulant remonter les deux mètres de pente que j'ai descendus. Je me relève et cours à toute vitesse. Je tourne la caméra pour filmer par dessus mon épaule. Je ne sais absolument pas s'il me suit, mais je pense que c'est le cas ; j'entends les branches et les feuilles mortes craquer. J'accélère en ramenant mon portable devant moi. J'entre dans l'espace tennis. Il n'y a que cinq courts qui sont utilisés. Je fonce au bout de l'allée entre les terrains et rentre dans celui où il y a mes amis. Je leur saute presque dessus.

"Dana ! s'exclame mon petit ami alors que je me cache derrière lui.

- Je... il... là-bas... j'halète.

- Où est ta raquette ?  s'enquiert une blonde."

Je baisse les yeux sur mes mains. Effectivement, je n'ai plus ma raquette. J'ai dû la laisser tomber quand je suis partie en courant. J'arrête la caméra.

"Regardez."

Et je leur montre la vidéo.

Je me réveille brusque. Je m'étais assoupie sur le canapé. Ce rêve... Il fait partie de ce qui m'empêche de dormir. Je rêve sans cesse de comment j'ai peu à peu fait face à une réalité que je ne voulais pas voir quand tout a commencé. Je n'acceptais pas le fait que tout ce que j'avais bâti, tout mon petit monde tranquille et parfait malgré tout s'effondre. J'avais mis plus de dix-sept ans à trouver un équilibre parfait entre ma famille, mes études, mes amis, mon petit ami et mes passions, je ne voulais pas que tout ça disparaisse. Tout cela paraissait tellement irréel de surcroît que personne ne croyait que ça finirait ainsi. Je me demande encore parfois comment le monde a pu changer pour devenir ce que les gens refoulaient a travers les films. Notre monde, à présent, ressemble en tout point à un parfait film de zombies. A la différence près que nous savions à quoi nous attendre lorsqu'il s'est avéré que nous entrions dans une ère apocalyptique. Nous savions comment survivre, c'est ce qui a fait toute la différence entre les personnages fictifs de film et nous.

The Last Survivors T2 - Paris [EN PAUSE]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora