Chapitre 35

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Je suis prise au piège. Les deux rues sont perpendiculaires et forment un "T", et je suis au croisement des deux segments. Des infectés arrivent de tous les côtés. Les grognements inondent les alentours, ils doivent être une cinquantaine, à première vue. Je fonce sur la porte de l'immeuble dans mon dos au moment où des mains se tendent vers moi pour m'attraper. Le battant s'ouvre sous une simple poussée, me prenant par surprise, et je m'affale de tout mon long. Mais il me faut moins de deux secondes pour réagir et m'appuyer de toutes mes forces pour empêcher les morts de pénétrer et chercher à bloquer le verrou.
Je ne sais si c'est parce que le destin est contre moi, ou tout simplement parce que je n'ai pas de chance sur ce coup-là, mais il ne fonctionne pas. L'épaule contre la porte, les pieds dérapant sur le sol alors que j'essaye désespérément de résister à la poussée exercée par les corps, je ferme les yeux.

"Je ne veux pas mourir... Pas maintenant..."

Je ne suis bien sûre pas assez forte pour tenir face à eux, et le battant finit par s'ouvrir malgré tous mes efforts. Je manque de tomber mais me stabilise et cours vers le fond du couloir. Il y a une fenêtre donnant sur la rue derrière et, avec un peu de chance, elle sera vide.
Je suis à six mètres de la vitre... Quatre... Je peux le faire... Deux... Je dois le faire... Maintenant.
Je me tourne sur le côté et me jette sur le verre en protégeant mon visage de mes bras et il se brise. Je tombe de l'autre côté, des centaines de bouts de verre voltigeant autour de moi, et me réceptionne avec une sorte de roulade plutôt maladroite. Je termine à genoux, mais bien vivante. Je me relève, saisis mon sac et le remets sur mon dos tout en observant autour de moi. Mais, ici aussi, la rue leur appartient. La fusillade qui a eu lieu non loin a dû attirer les morts qui ont marché jusqu'ici de plusieurs quartiers.
Un mort me renverse quand je tente de m'échapper. Je dégaine mon couteau avant même de heurter le sol et le plante dans son crâne. Le cadavre s'effondre sur moi et me coupe la respiration. Un autre se penche par dessus son camarade de la même espèce mais il subit le même sort. Mais leur poids est bien trop lourd et je commence à étouffer, prisonnière alors que d'autres s'avancent vers nous, me rapprochant de seconde en seconde d'une mort certaine.

"Je ne veux pas mourir, je commence à paniquer en essayant en vain de dégager mon autre bras. C'est pas possible... Ça ne peut pas arriver maintenant..."

Je commence à sangloter. Je n'ai jamais eu autant peur, je ne me suis jamais sentie si impuissante de ma vie. Je suis pourtant si près du but... Alors mon départ n'aura servi à rien ? C'est sûrement ça qui me torture le plus à cet instant. J'aurais pu rester avec les autres et aider dans la reconquête du monde grâce au remède. J'aurais pu vivre aux côtés de ceux qui tenaient à moi. J'avais une nouvelle famille, mais j'ai tout gâché. Et pourquoi ? Je me le demande bien. Parce que j'espérais aider les habitants de la base de Paris ? Parce que j'espérais les sauver ? C'est ridicule. Ça ne m'apparaît comme une idée complètement ridicule et vouée à l'échec que maintenant. Maintenant que j'ai quitté les miens. Maintenant que j'ai perdu.
Maintenant que je vais mourir.

"Non ! Je m'écris en me débattant pour me dégager de ce pétrin, mais c'est trop tard."

Je le sais. Je peux plus rien faire. Je repose ma tête sur le sol et ferme les yeux, attendant patiemment la fin. J'abandonne.

"Je suis désolée, Matt, je sanglote. Je suis désolée. J'ai été conne, j'aurais dû t'écouter."

C'est alors qu'une rafale de mitraillette retentit non loin, me vrillant les tympans. Le chaos total commence alors, je ne comprends plus rien. Des infectés s'effondrent autour de moi, des balles sifflent au dessus, un troisième corps s'entasse sur les deux autres, me rendant la survie encore plus difficile. Le silence retombe peu à peu pendant que j'essaye de m'extirper, encore une fois en vain. Ça ne me sert plus à rien de lutter, je gâche mon dernier souffle, je peine pour que ma poitrine se soulève pour m'apporter d'avantage d'air.

The Last Survivors T2 - Paris [EN PAUSE]Where stories live. Discover now