The Last Survivors T2 - Paris [EN PAUSE]

Chapitre 41

"Par ici ! je crie. Eh oh ! Venez avec moi !"

Je fais de grands gestes tout en attirant les morts dans mon sillage. Un groupe assez impressionnant commence à me suivre. Je maintiens une allure pressée en me retournant constamment pour m'assurer que les infectés restent sur le bon chemin. Mais cette tâche devient immédiatement plus dangereuse alors que je commence à passer devant des rues plus peuplées. J'aurais bien eu besoin de mon débile de coéquipier pour assurer mes arrières, mais je dois faire sans. Au moins, je n'ai aucun problème de confiance envers quelqu'un d'autres, j'ai l'esprit plus tranquille.

"Aller ! je lance, autant pour guider les morts que pour me donner le courage de continuer."

J'arrive finalement en vue de l'immeuble que je cherche. J'aperçois un jeune aux cheveux châtain foncé sur le toit et lui fait de grands signes en hurlant. Il finit, à mon grand soulagement, par me repérer et me signifie d'un pouce levé qu'ils sont en position. Je repère ensuite le balcon ouvert au premier étage. Blake m'y attends. Je peux le faire. Je peux atteindre la balustrade. Je dois y arriver, sinon je vais subir le même sort que les infectés dans moins de trois minutes. 

Je prends une grande inspiration et m'élance plus vite que jamais auparavant. Mes pieds martèlent le bitume dans un bruit sec à chaque nouveau pas. Je me rapproche si rapidement de la façade que je ne peux plus penser à rien. Le sang bat violemment à mes tempes, tout mon corps se prépare au futur effort. Trois mètres... deux mètres... un mètre... Ça y est. C'est maintenant ou jamais. D'une incroyable impulsion produite par tous les muscles tendus de mon corps, je m'élève dans les airs. Un pied se pose sur le mur. Je pousse dessus de toutes mes forces et décolle de nouveau. Je tends mes doigts vers les barreaux de la rambarde du balcon. Je sens une main crispée frôler ma chaussure, puis l'attraper fermement. Je crie, des images défilent dans ma tête alors que j'imagine la scène. Je me vois déjà retomber au milieu de tous ces corps décharnés. Je les vois déjà se pencher sur moi pendant que je me débats avec l'énergie du désespoir et commencer à planter leurs ongles et leurs dents dans ma chair.

Soudain, alors qu'arrive l'instant où j'arrête de m'élever et que je suis suspendue dans les airs avant de chuter, une étreinte solide se resserre autour de mes poignets, et ma chute me paraît subitement très lointaine, comme un ancien souvenir qui s'efface petit à petit avec le temps. 

"Je te tiens ! grogne Blake en serrant les dents."

Je pédale dans le vide pour essayer de prendre appuie sur quelque chose et me débarrasser de la main sur mon pied, mais c'est chose vaine. 

"J'ai besoin d'aide ! appelle mon sauveur alors que nous glissons de quelques petits centimètres vers le bas."

D'un coup de pied violent, j'arrive à libérer ma chaussure, ce qui permet à l'homme de me maintenir au dessus d'eux plus facilement. Ses cheveux bruns devant ses yeux clos, les dents serrées et la mâchoire crispée sous l'effort, l'homme est plié en deux et est sur le point de basculer dans le vide à cause de mon poids et de sa position plus que précaire. Je prie pour qu'il ne m'abandonne pas lui-aussi, mais il a l'air suffisamment déterminé pour ne pas lâcher prise.

Mon coeur se soulève subitement alors que nous commençons à tomber. J'observe avec effroi  les pieds de Blake se décoller du sol. Il ouvre des yeux étonnés et sa bouche forme un O silencieux. Je ferme les yeux.

"Ana ! s'égosille Blake dans une tentative désespérée d'attirer son attention."

J'ai l'impression que notre descente est stoppée alors je rouvre les yeux. Je réalise d'abord que je ne sens plus mes poignets tellement l'homme me les serre. Je comprends ensuite que ce n'était pas qu'une impression. Nous ne bougeons plus, comme si le temps s'était arrêté.