Chapitre 30 _ L'aide de Sigmund

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Ofelia avait attendu que Sigmund ouvre les yeux. Faible, mais résistant malgré tout, le Guerrier Divin se redressa, sans se lever pour autant. Il observa tout autour de lui, avant de réaliser qu'il avait été contrôlé. Abasourdi, il contempla un moment ses paumes, se demandant s'il aurait encore la faiblesse de tomber entre les mains d'Andreas. Puis, il tourna la tête vers l'espagnole, restée à ses côtés. Il leva ensuite les yeux, pour voir l'Armure Divine de son frère, mais il n'y avait plus rien...

- Il est parti, murmura doucement Ofelia. Je suis sûre que, maintenant, il est heureux.

Attristé de tout ce qui venait de lui arriver, Sigmund ne put retenir quelques larmes de chagrin, et il prit aussitôt Ofelia dans ses bras. Touchée par sa sensibilité, et par ce qu'il venait de traverser, Ofelia le laissa faire. Après tout, ils avaient été amis, autrefois... Et elle était soulagée de constater que c'était encore le cas, que tout cela était derrière eux.

A un détail près. Andreas.

- Je dois m'en aller... lui déclara la jeune femme en s'écartant de lui.

- Puis-je t'accompagner ?

- En fait, tu pourrais peut-être m'aider. Sais-tu où Andreas détient Kévin ?

- Le gamin ? Non... Non, je ne sais pas.

Ofelia grinça des dents. Voilà qui était embêtant...

- Mais je crois avoir mon idée, réalisa tout à coup le Guerrier Divin. Permets-moi de te guider.

- Tu penses avoir raison ? Le temps nous est compté.

- J'en suis presque sûr.

L'espagnole pesa le pour et le contre. Mais plus elle réfléchissait, plus elle perdait du temps. En somme, elle n'avait pas vraiment le choix.

- Très bien, je te suis !

Sigmund se releva, et une douleur atroce lui parcourut les jambes. Finalement, l'attaque du Chevalier des Gémeaux ne le laissa pas parfaitement indemne... Mais il ne s'en plaignait pas. Il était en vie, c'était le principal.

- Est-ce que ça va aller ? demanda Ofelia en remarquant sa grimace.

- Je ne suis pas au meilleur de ma forme, confessa-t-il avec un demi-sourire. Mais je n'ai pas le droit de m'en accabler.

- Pense donc à Albérich...

Ofelia n'avait pu retenir cette remarque de traverser ses lèvres. Elle tiqua, et s'excusa aussitôt :

- Pardon, je n'aurais pas dû. Tu étais convaincu de servir de justes intérêts... Et ta haine t'a aveuglé.

- Il n'est pas mort, n'est-ce pas ?

- Non, il a survécu. Mais il est gravement blessé. Et malgré son état, il s'est battu, à sa façon.

- C'est admirable... Moi qui pensais qu'il serait le premier à trahir la Princesse Hilda...

La jeune femme peina à ne pas rire nerveusement. Personne à Asgard ne savait qu'Albérich avait réellement eu la volonté de trahir, en s'emparant du pouvoir par le meurtre de la Grande Prêtresse. Les Chevaliers, ainsi qu'elle et Sophia, avaient préféré garder le silence, puisque finalement c'était grâce à Albérich qu'ils avaient pu en sortir victorieux. Et dans cette guerre aussi, sans les informations qu'il avait pu glaner, jamais ils n'auraient pu en arriver là...

- Le Chevalier des Gémeaux est d'une puissance... soupira Sigmund avec admiration. Jamais je n'aurais pu imaginer cela...

- C'est un Chevalier d'Or, rétorqua-t-elle en l'aidant à prendre appui sur elle. Ils sont tous puissants.

- J'ignore comment j'ai pu rester en vie... Mais je lui en serais à jamais reconnaissant.

La jeune femme acquiesça et, enfin, ils commencèrent à marcher. Ils souffraient tous les deux des blessures de leurs précédents combats, mais ils n'en disaient rien. Ils discutaient, certes, mais plus par plaisir de se retrouver enfin, de se rappeler du temps où Ofelia résidait au palais. Ils retracèrent ensemble l'évolution de leur relation, comment Sigmund l'avait d'abord considéré en parfaite ennemie avant de l'apprécier sincèrement. Jusqu'à la guerre qui le priva de son petit frère...

- J'ai été stupide.

- Ne dis pas ça. Nous avons tous fait des erreurs. Elles nous permettent d'aller de l'avant. Toi aussi, tu iras de l'avant.

- Cela prendra sûrement quelques années... maugréa-t-il.

- Oui. C'est un parcours que nous devons tous suivre. Moi-même je suis la première à devoir prendre en compte cette étrange devise...

Sigmund l'observa, essayant de discerner par ses traits ce qui lui pesait le cœur. Mais, incapable de la sonder, il se contenta d'esquisser un sourire, et de dire :

- Alors faisons de notre mieux, tous les deux.

Ofelia acquiesça, répondant à son sourire chaleureux.

- Ce devrait être là, déclara tout à coup le Guerrier Divin.

L'espagnole observa de tous côtés. Ils avaient quitté Yggdrasil, pour en faire le tour, et là, ils se tenaient à l'entrée d'un antre caché, au creux du tronc de l'Arbre, protégé par milles racines qui s'entremêlaient et se serraient à leur approche.

- Une face cachée d'Yggdrasil, expliqua Sigmund. J'ai entendu Andreas en parler à Albérich. J'ignorais où elle se trouvait cependant.

- Cet Arbre me sort de plus en plus par les yeux... grommela-t-elle.

Mais lorsqu'ils voulurent pénétrer à l'intérieur, des racines plus longues et plus fines les attaquèrent, cherchant à les transpercer pour les dissuader de venir. Sigmund eut toutes les peines du monde à esquiver, poussant Ofelia plus loin pour qu'elle ne soit pas touchée. Il retomba brusquement sur ses jambes souffrantes, ce qui lui arracha un cri de douleur.

- Oh, misère... soupira Ofelia tandis que les racines s'en retournaient dans l'Arbre.

- Une véritable forteresse... grimaça Sigmund en essayant de s'asseoir.

Mais la jeune femme se refusait à abandonner. Elle s'avança prudemment, et essaya de voir ce qu'il y avait dans l'antre. A part l'obscurité, rien ne parvint à ses yeux légèrement plissés, et alors elle se mit à crier :

- Kévin ! Kévin, est-ce que tu es là ?

- Es-tu folle ? s'alarma le Guerrier Divin en se forçant à se relever. S'il y avait des gardes...

- Kéviiiiiiiiin !!

- Mais silence !

Sigmund eut bien du mal à la faire taire. Lorsque le silence fut total, une faible voix leur parvinrent, comme lointaine. Elle provenait de l'antre, et, en tendant l'oreille, Ofelia reconnu qu'il s'agissait de Kévin.

- Il est là ! s'exclama-t-elle. Il est à l'intérieur !

- Je crains que nous ne puissions y aller pour l'heure...

- Quoi ?

Mais en se retournant, Ofelia réalisa pourquoi le Guerrier Divin semblait si défaitiste ; ils étaient encerclés de soldats d'Asgard. Et, étrangement, ils ressemblaient fortement à ceux que Mime avait pourtant vaincus...  

Les Héritiers des Dieux _ Tome 2 _ RésurrectionWhere stories live. Discover now