Chapitre 2 _ Disparitions

87 12 0
                                    

Lorsqu'Albérich quitta enfin Surt après une longue conversation forte intéressante pour lui, il rejoignit le couloir où il avait laissé Sophia seule. Cependant, quand il la vit assise contre le mur de l'allée, tremblante comme une feuille, les mains enserrant nerveusement son crâne, il s'immobilisa un instant, avant de la rejoindre. En face d'elle, il s'accroupit pour être à sa hauteur et lui donna un très léger coup sur le front en demandant sans exprimer le moindre réel intérêt :

- Eh bien, qu'est-ce qui t'arrives ?

La française sursauta au petit choc qu'elle reçu, et fixa le Guerrier Divin. Ses yeux noisettes reflétaient une immense peur qui alarma quelque peu Albérich, mais par fierté, il n'en laissa rien paraître.

- Est-ce que tout va bien ?

- Non... souffla-t-elle en se recroquevillant davantage.

- Tu m'as l'air terrorisée.

Sophia ne répondit pas d'abord. Elle continuait de repenser à ses cauchemars, et ne comprenait pas pourquoi Andreas avait une voix aussi similaire... Elle essayait de se convaincre que ce n'était qu'une coïncidence, mais elle avait beau tenter de trouver une explication sensée, elle restait persuadée de ce qu'elle assimilait.

- J'ai rencontré Andreas... murmura-t-elle d'une petite voix.

Là, Albérich fronça les sourcils. Il observa brièvement de chaque côté, remarquant la présence de quelques gardes aux portes, non loin. Ils avaient reprit leur poste, comme s'ils avaient voulu laisser le champ libre à quelqu'un... La rencontre entre Sophia et Andreas avait-elle été ainsi préméditée ? Non, il ne le pensait pas. A cette heure là, Albérich savait que son nouveau dirigeant se rendait aux appartements de la Princesse Hilda. Si les gardes n'avaient occupé leur poste plus tôt, c'était forcément à cause de Surt. Quoiqu'il en soit, ils n'étaient plus tranquilles dans ce maudit couloir.

- Viens avec moi, ordonna-t-il en se relevant. Nous ne pouvons pas rester ici.

Mais Sophia ne bougeait pas. Elle était encore trop tétanisée par ce qu'elle avait vécut. Mais Albérich ne comprenait pas pourquoi elle se comportait ainsi. Il trouvait qu'elle exagérait, mais en même temps il se doutait qu'elle savait quelque chose que lui ignorait... Il lui fallait cette information, de toute urgence... A moins qu'elle n'ait été mise au courant par inadvertance des plans funèbres d'Andreas que lui connaissait parfaitement... Dans ce cas, ce serait différent.

- Allez, insista-t-il en lui tendant la main. Je n'ai pas toute la nuit.

- Je... J'ai trop peur...

- Nous retournons dans ta chambre, soupira-t-il avec lassitude. Nous ne serons pas dérangés. Et tu seras en sécurité.

En entendant ce dernier mot, Sophia leva lentement les yeux vers le Guerrier Divin. Tous ses soupçons qu'elle avait à son égard s'estompèrent alors, s'enfouissant au plus profond d'elle en attendant... Elle ne pouvait s'accrocher qu'à lui, pour le moment. Elle accepta la main qu'il lui tendait patiemment, et il l'aida à se relever. Sans la lâcher, il la guida promptement jusqu'aux quartiers qu'il lui avait choisi, et la fit rapidement entrer. Il ferma derrière lui, et lui laissa le temps de se remettre de ses émotions.

- Que s'est-il passé ? demanda-t-il enfin lorsqu'elle cessa de trembler.

- Andreas est arrivé, répéta-t-elle d'une petite voix. Il m'a parlé...

- Que t'a-t-il dit ?

- Je... Je ne sais plus vraiment...

- Quoi ? s'indigna-t-il. Notre plus grand ennemi te fait l'honneur de t'adresser la parole, et toi... Tu ne t'en souviens plus ?

- Je suis désolé... Je... J'étais captivée par autre chose...

- Oh non, pitié... Ne me dis pas que tu as été séduite par sa beauté et sa gentillesse comme le peuple ?

- N-Non ! s'offensa-t-elle aussitôt. Il m'a invité à rester au palais, et à dîner avec lui ce soir...

- Ah ! laissa-t-il échapper avec un sourire narquois. Pour ce soir, oubli. Il a quitté le palais juste après sa visite quotidienne.

Il faisait allusion au fait qu'Andreas veillait toujours à s'assurer de la santé d'Hilda... De sa santé, ou de son déclin, selon le point de vue. Et s'il savait qu'il avait quitté le palais... Eh bien, il l'avait tout simplement vu s'en aller, avec un de ces « nouveau Guerrier Divin ».

- Peu importe... souffla-t-elle en baissant la tête. Je... Je ne peux pas rester.

- Cela a-t-il un lien avec la lettre de ce... Cain ? Non, Blaine.

- Oui... Non... Andreas...

- Ce serait de sa faute si tu veux autant partir ? Et ton désir d'aider Ofelia ?

- Ofelia n'aura pas le choix... Nous ne pouvons pas rester ici. Andreas... Il... Il sent comme Hadès.

- Ah, parce que tu t'es amusée à le sentir ? se moqua Albérich.

- Tu interprètes mal ! se fâcha-t-elle.

- Ne t'énerve pas. Tu disais ? Il est comme Hadès ? Le dieu des Enfers de la mythologie de la Grecque ? Quel rapport ?

- Mais je n'en sais rien ! se lamenta-t-elle en s'asseyant sur son lit. Je ne comprends pas plus que toi... C'est... C'est horrible. Mais je suis sûre de ce que je dis. Hadès est une divinité maléfique... Sous le « masque » d'Andreas, il y a un dieu tout aussi perfide... Je le sens. Je le sais. Et c'est pour ça que je dois vous aider... Il faut que j'arrive à convaincre le Diacre Blaine d'intervenir...

- Mmh... Alors nous sommes arrivés aux mêmes conclusions. Félicitations.

- Hein ?

- Je n'ai rien ressentis comme toi tu le prétends. Mais je ne connais qu'un seul être capable de vouloir mettre Asgard en un tel péril, tout en voulant récupérer la lance maudite. Ce dieu, car c'en est un... Il est connu sous le nom de...

- Attend.

- Ne m'interrompt pas !

- Où est Kévin ? Et où est Sage ?

- Quoi ?

Albérich balaya un instant la pièce du regard, avant d'hausser les épaules.

- Cachés, probablement. Ce sont des gosses après tout.

- Sage ne joue pas à ce genre de jeu, rétorqua-t-elle en se levant.

Elle les appela tour à tour, au cas où, mais elle n'eut aucunes réponses.

- Oh, non... Non, non, non, non, non...

- Sérieusement ? Ils n'ont pas pu sortir. J'ai fermé à clef.

- Kévin est... Rah, je ne sais pas vraiment comment il s'y prend, mais il m'a avoué qu'il savait ouvrir les portes closes ! C'est... Oh, non, c'est la pire des choses qui pouvait arriver...

- Ne panique pas. Je me souviens de leur faible émanation. Je vais les retrouver.

- Je t'accompagne ! Il est hors de question que je reste seule ici, et... Et les enfants...

Elle tourna sur elle-même, de nouveau affolée comme jamais. Albérich leva les yeux au ciel, avant de la saisir brutalement par les épaules, pour l'immobiliser.

- Tu vas commencer par te calmer un peu, ma petite dame. Ensuite, nous allons chercher ensemble vos gosses, et trouver une solution à tous nos problèmes. Entendu ?

Confuse, Sophia se contenta d'hocher lentement la tête, sans rien oser dire. Albérich acquiesça légèrement, avant de libérer la jeune femme de son emprise. Il ne manquait plus qu'une nouvelle catastrophe... Mais de combien de catastrophe cette nuit allait-elle compter ?

Les Héritiers des Dieux _ Tome 2 _ RésurrectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant