Chapitre 21 _ Les vaincus

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Sigmund courait à travers les branchages d'Yggdrasil, voulant atteindre le cœur même de l'arbre le plus vite possible. Lorsqu'il y arriva, il ne prit même pas le temps d'adopter une allure digne, et, essoufflé, il se présenta devant le Grand Prêtre d'Asgard.

- Seigneur Andreas ! l'interpella-t-il sans s'incliner. Nous devons parler.

- A quel sujet ? demanda tranquillement le représentant d'Odin.

- Les Chevaliers d'Or montent en puissance. Ils approchent de cet endroit...

- Et ?

Décontenancé, Sigmund hésita un instant, avant de baisser la tête.

- Les Chevaliers d'Or risquent d'entraver vos objectifs, Messire.

- Il est de ton devoir de les empêcher d'agir, Sigmund.

- Je le sais ! se révolta-t-il. Mais ils se sont avérés plus forts que je ne le croyais... Et puis...

Sigmund hésita un instant, avant d'ajouter sur un ton plein de colère :

- Les Guerriers Divins qui servaient autrefois la Prêtresse Hilda sont dangereux.

- Dangereux ?

- Vous avez eu tort de leur accorder confiance. Albérich de Megrez et Mime de Benetnash ont clairement montré leur position dans cette guerre. Ils combattent aux côtés des Chevaliers Sacrés !

- Oh, c'est ainsi...

Andreas paraissait pensif, mais nullement troublé, ce qui dérouta totalement Sigmund. Comment le Seigneur Andreas pouvait-il prendre la chose aussi calmement ? Cependant, le visage du Grand Prêtre se décomposa légèrement, affichant une mine quelque peu inquiétée.

- J'ai confié certaines choses au Guerrier Divin de Delta... murmura-t-il d'un air pensif. A-t-il été éliminé pour sa trahison ?

- Oui, Seigneur. Je m'en suis assuré personnellement.

- En es-tu certain ?

Hésitant, Sigmund interrogea de nouveau sa mémoire, et, après réflexion, il se souvint qu'Albérich respirait encore à son départ. Sans doute qu'au plus profond de lui, il avait eu pitié de cet ancien serviteur d'Odin, et qu'il lui avait offert une infime chance de survie.

- Peut-être bien qu'il vivait encore lorsque je l'ai laissé, admit-il honteusement. Mais vu l'état dans lequel il se trouvait, je peux vous assurer qu'il est mort.

- J'aimerais en avoir la certitude. Envoie quelqu'un vérifier. Et s'il n'a pas périt, qu'on le tue sur le champ.

- A vos ordres.

Cette fois-ci, Sigmund adressa au souverain une brève révérence, s'inclinant légèrement, par simple respect.

- Maintenant, va. Et ne t'inquiète plus des Chevaliers. Ils ne parviendront pas à passer la barrière qui protège Yggdrasil.

- Certes, Messire, mais... J'ai affronté certains Chevaliers, et...

- Observe...

Andreas exerça un mouvement léger et singulier, et alors apparurent deux Armures d'Or, emprisonnées par l'aura cosmique du souverain. Elles flottaient dans les airs à la volonté de celui qui les contrôlait, et Andreas, avec un sourire, les amena au dessus de la tête de Sigmund.

- Les Armures d'Or des Poissons et du Sagittaire ! s'exclama-t-il.

- J'ai vaincu aisément le Chevalier du Sagittaire, informa Andreas. Puis, c'est le Chevalier des Poissons qui est tombé dans mon piège. L'opportunité était telle que je ne pouvais me refuser à les laisser partir. Voilà où nous en sommes.

- Nous... Nous avons une chance de vaincre !

Andreas acquiesça lentement, satisfait de constater que son bon soldat continuerait de lui obéir sans réfléchir. Lorsque Sigmund fut parti rejoindre son poste, l'usurpateur ferma un moment les yeux, se remémorant sa confrontation avec Aiolos du Sagittaire. Il porta alors une main à son œil, dissimulé par une mèche de cheveux. Lorsqu'il l'écarta, l'on pouvait voir une cicatrice profonde qui l'entravait, et qui lui infligeait par moment une douleur lancinante.

- Maudit Chevalier... pesta-t-il à voix basse. Nous n'avons pas retrouvé ton corps, mais crois-moi je te ferais payer cette flèche que tu m'as tiré.

Furieux par ce souvenir, Andreas se leva vivement, et s'avança jusqu'au bourgeon, qui tressaillait doucement. A l'aide de son Cosmos, Andreas put observer l'intérieur, découvrant le corps recroquevillé de Sophia, évanouie par la dure épreuve que le bourgeon faisait subir à tout son être.

- Parfait... murmura-t-il. Ce sera bientôt achever. L'ombre de la mort, et la lumière de la vie, réunie en un seul corps...

Andreas se mit alors à rire. Rien en ce monde ne pourrait l'arrêter. Il aurait bientôt la lance divine d'Asgard grâce aux Chevaliers d'Or, et une alliée de taille pour l'aider à venir à bout de ce monde qui serait bientôt leur. Tout n'était plus qu'une petite question de temps... 

Les Héritiers des Dieux _ Tome 2 _ RésurrectionWhere stories live. Discover now