Chapitre 5 _ Fafner de Nidhogg

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Plusieurs lunes avaient passé. Le plan d'Andreas Riise se mettait doucement en place. Fafner en était très satisfait. En tant que nouveau Guerrier Divin, il était de son devoir de servir son souverain avec la plus grande attention... Et si cela lui permettait de mettre ses désirs personnels à profit, il n'allait certainement pas s'en plaindre.

Fafner était un homme sadique. Il n'était pas particulièrement puissant, et n'affectionnait pas vraiment les combats. Ce qui l'enchantait, c'était la souffrance d'autrui. Mais ce qu'il aimait par-dessus tout, c'était de réaliser ses expériences... Hélas pour lui, la Grande Prêtresse Hilda lui avait formellement interdit d'agir en ce sens. Trop dangereux, disait-elle... Evidemment que c'était dangereux ; quiconque subissait ses « expériences personnelles » n'avait que peu de chance d'en ressortir vivant ! Longtemps, il s'était isolé, bouillant de rage contre cette Princesse... Jusqu'à ce qu'Andreas ne vienne à lui. Désormais, il pouvait assouvir ses besoins comme bon lui semblait, et ses petites expériences servaient parfaitement les intérêts du nouveau Grand Prêtre. Tout allait pour le mieux pour lui !

- Fafner.

A l'entente de son nom, le Guerrier Divin se retourna. C'était l'un de ces anciens serviteurs de la Grande Prêtresse qui était là, Mime de Benetnash. Ce dernier, tout comme Albérich, avait juré fidélité à Andreas, puisqu'Hilda était dans l'incapacité de régner et d'accomplir ses prières. Mime prétendait le faire au nom de son père, Forkel... Mais Fafner ne lui faisait pas confiance. Ni à lui, ni à tous ces anciens Guerriers Divins.

- Où allez-vous ? demanda calmement le musicien.

- Ce ne sont pas vos affaires, rétorqua Fafner.

Fafner reconsidéra son ton et ses paroles. Mieux valait ne pas se mettre à dos ses « camarades ».

- J'agis sous les ordres de Messire Andreas, ajouta-t-il d'une voix presque mielleuse. N'ayez aucunes craintes...

- Alors vous n'aurez aucun mal à me dire où vous vous rendez, rétorqua Mime.

Fafner grommela intérieurement. Ce Guerrier Divin était bien trop curieux à son goût... Il n'aimait pas ça.

- Je m'en vais simplement à l'hôpital aider les pauvres gens à guérir de leur malheur, répondit-il enfin.

- Je vois.

Mais Mime n'en croyait pas un mot. Il avait bien cerné Fafner, et ce dès le début. Il ne comprenait pas pourquoi cet homme avait été choisi pour devenir un Guerrier Divin... Il n'était pas particulièrement fort, et ne montrait aucune dévotion vis-à-vis d'Asgard. Tout cela était bien étrange. Mais si cela concernait un ordre du Seigneur Andreas, alors il ne pouvait s'y confronter. Il parti donc, quoique méfiant.

Fafner observa le musicien s'éloigner, les dents serrées. Déjà qu'Albérich s'immisçait un peu trop à son goût dans leur plan, s'il fallait en plus gérer celui-ci... Peut-être qu'un assassinat ne serait pas de trop... Ou bien pouvait-il essayer de convaincre le Seigneur Andreas d'enfermer tous ces anciens Guerriers Divins... Oui, c'était une bonne idée. Mais même si, bientôt, ils n'auraient plus vraiment besoin d'eux, le souverain préférait les garder dans son camp. Plus de pions pour lui, disait-il. En somme, toute tentative d'emprisonnement était vaine, à son grand malheur.

- Tant pis, pesta-t-il. Ils resteront... Mais je les aurais à l'œil. S'il le faut, c'est moi qui les tuerais pour assurer la réussite de Messire Andreas.

Ses menaces n'étaient pas à prendre à la légère. Même s'il n'avait pas vraiment conscience de sa faiblesse physique, il préférait opter pour une torture du corps et de l'esprit. Et il excellait dans ce domaine. Il trouvait toujours le point sensible qui rendait fou sa victime, et alors il n'avait plus qu'à la terrasser d'un seul coup. Sa méthode s'était révélée très efficace, surtout quand l'âme de sa proie était d'une amusante faiblesse.

Fafner se rendit donc comme convenu à l'hôpital, étonnamment complètement désert. Cela faisait un moment déjà qu'il aurait dû y aller, mais il avait été retenu au palais. En réalité, la réussite de la première phase du plan d'Andreas l'avait beaucoup intrigué... Et, même s'il n'en n'avait pas douté une seule seconde, il avait été agréablement étonné de la réussite de l'opération.

- Les Douze Chevaliers d'Or... murmura-t-il pour lui-même. Ils sont de retours... Quel dommage qu'ils aient été dispersés un peu partout sur les terres d'Asgard. Mais qu'importe ! La chasse n'en sera que plus délectable, et Yggdrasil s'en repaitra au mieux.

Il laissa échapper un léger rire empli de sadisme, avant de s'immobiliser au milieu de la grande salle de l'hôpital. Il observa de tous côtés, avant de déclarer :

- Il faudra changer la décoration, ça ne me plaît guère.

Et à peine eut-il terminé sa phrase que d'immenses racines percèrent le sol, sans le déranger pour autant. Elles s'engourdirent sur elles-mêmes, s'enroulant, et se positionnant d'une certaine manière, sans que le bâtiment ne soit endommagé. Fafner ne put réprimer un sourire plein de satisfaction.

- C'est parfait à présent. Mon laboratoire est prêt.

Il regarda à nouveau tout autour de lui. Oui, tout était parfait... Il ne manquait plus que l'annonce officielle de Messire Andreas, et alors il pourra se mettre au travail, pour chercher ce fameux cobaye dont il avait parlé, et dont ils avaient tant besoin.

- Dommage que je n'ai pas le droit de toucher à cette... Sophia, fulmina-t-il. Je suis certain qu'elle aurait excellée, dans mon antre... Mais tant pis. Je me contenterais du peuple, hé, hé...   

Les Héritiers des Dieux _ Tome 2 _ RésurrectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant