Origen

Ciudad de lava

  La chaleur rongeait leurs pieds, et ce jusqu'à leurs poitrines. Chaque pas était suivi de traces de sueurs. Une poutre en acier menait à l'autre côté du volcan. Plusieurs rochers volcaniques formant des pics, à la fois noirs et couverts de magma entouraient la tige sur laquelle ils allaient avancer.

« Bien. Val, avançons. »

  Alors que Maestro fit le premier pas, la jeune femme ne suivit pas son mouvement.

« Qu'y a-t-il ?
- Attend... On va vraiment devoir y aller ? C'est beaucoup trop dangereux... Reprit-elle, en tremblant d'effroi. Ses bras étaient parfois pris de sursauts.
- On le doit.
- Et qu'est-ce qui me dit que Calliclès y est ? C'est mon unique but. Mon unique raison d'être ici avec toi, voir, mon unique raison de vivre. À quoi bon prendre des risques en vain...
- Ainsi se constitue une légende, pauvre fille ! Aucun mythe connu à se jour ne s'est fondé sur des personnages sans courage, des pleutres, des couards ! Des cafards de l'existence, qui n'ont apporté au monde que leurs noms. Alors écoute moi bien, reprit Émilien en attrapant sa pièce. Pile, j'ai raison, face, tu as tort.
- D'accord, puisque c'est ainsi. Termina Val qui n'avait pas compris toute la subtilité dans le propos du blond. »

  Avant que le jeune homme lança la pièce, une petite page de carnet attira l'attention de Val. Elle le prit.

« Cette écriture, ce format... C'est un fragment de "Derniers Mots".
- Et ça dit quoi ?
- "Lorsque l'un de nous est rongé par l'avarice et le soif de pouvoir, il devient violet. Il devient un..." la suite est calcinée...
- Au moins ça prouve que j'ai raison ! Continua Maestro, en jetant le cercle doré en haut.

  La pièce virevoltait dans les airs, accompagnée des cendres orangées du volcan. Cette chaleur était insoutenable, irrespirable, comme lorsqu'une brûlure nous ronge et que la mort gratte notre peau. C'est ce que vivait Calliclès. De l'autre côté du volcan se trouvait une ville. Il s'y faisait traîner par un homme avec une pelle, se faisant appeler "Chanceleur". Les graviers éraflaient son dos. Son regard était presque mort, il avait un œil fermé et violet, des marques de violences sur les lèvres ainsi que des écorchures sur les pieds. Une hola de citoyens l'entourait, et une immense croix en bois l'attendait.

« Clown nous a dis : sacrifiez les grandes oreilles, et je viendrai à vous. Il nous aime, et nous l'aimons. »

  Tels futs les propos répétés maintes et maintes fois à Calliclès. Alors qu'il s'approchait de la place du marché, et donc de son échafaud, une nouvelle partie s'ajoute à la phrase initiale.

« Clown nous a dis : sacrifiez les grandes oreilles, et je viendrai à vous. Il nous aime, et nous l'aimons. Si cela ne marche pas, nous utiliserons la fille. »

  L'abattu n'y prêta pas attention. Il fixait la croix et le ciel. Cette nuit passait si lentement. Il n'avait aucune confiance en lui, dû au manque de Val. Il ne pensa même pas à se débattre ; il se laissa faire. Il laissa les citoyens décider de ses derniers instants.