El Maestro

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  Plus aucune musique n'était audible, plus aucune blessure n'était présente sur les corps des deux amis ; excepté le pied de Calliclès, qu'il avait pansé par ailleurs. Val se réveilla.

« Fiou, j'ai l'impression d'avoir hiber- BAAAHHH ! Cria-t-elle, en se rendant compte qu'elle avait la joue contre des vers.
- C'était une hallucination ? À cause de la radio ? Non, pas possible... Il reprît son carnet avant de relire la description de la WekoRadio. « Lorsque sa musique commence, un malheur arrive », il n'est pas précisé que ce malheur est réel, cela peut paraître stupide, mais en partant de ce principe, cette radio a plutôt un rôle de garde : il doit protéger quelque chose en faisant peur à ceux qui veulent s'aventurer trop loin. Tu me suis ?
- Oui, répondît la jeune femme en se débarbouillant le visage comme une enfant. Cette bibliothèque est trop suspecte, il n'y a qu'un livre. »

À ces mots, Val empoigna le bout de feuilles décoré avant de l'ouvrir : l'intérieur était vide, il s'agissait d'une sorte de coffre, avec gravé à l'intérieur « la música quién es seguido de un desgracia abrirá el camino. » ( La musique qui est suivit d'un malheur ouvrira le chemin ). La jeune femme attrapa la radio puis la plaça dans le livre.

« À quoi tu joues ? Demanda Calliclès.
- Attend, je crois que j'ai eu un éclair de génie !
- La dernière fois que tu as dis ça, tu as fini par renverser de l'essence par "accident" sur papa...
- Ça c'était un incendie de génie ! C'est différent !
- Surtout quand on sait que c'était parce qu'il n'a pas voulu t'acheter la dernière figurine de Watt-
- AAAH LALALALALAAAA J'EENNTENNDS RIEEN ! »

Elle reposa le livre à sa place initiale. La bibliothèque se divisa en deux puis s'ouvrit, laissant place à un escalier en pierres moussues. Calliclès prit la lampe qui éclairait jusque là la pièce, puis avança avec Val. L'odeur était immonde, une sorte de pourriture frappait l'odorat du duo. En descendant, ils virent plus loin un homme attaché contre un mur. Le corps meurtri et la peau sur les os. Il avait les oreilles légèrement pointues et une sorte de collier d'argent autour de la nuque. Ses cheveux étaient blonds, attachés et secs, comme sa jeune moustache.

« ¿ Quién es ustedes ? ( Qui êtes-vous ? ) Murmura l'homme.
- Euh... Hum, somos nuevos aquí, ¿ Podáis hablar francés ? ( Nous sommes nouveaux ici. Pouvez-vous parler français ? ) Demanda Calliclès. »

Un lourd silence s'installa. Le blond ferma lentement les yeux. Puis les rouvrit. Val le détacha puis le fit boire de l'eau.

« Tenemos tiempo... Creo... (Nous avons du temps... Je crois) »

L'homme retira son collier : une pièce y était accrochée. Il la jeta en l'air.

« Cara, somos enemigos. Cruz, somos aliados, les gars. (Pile, nous sommes ennemis. Face, alliés, les gars). »

Il rattrapa la pièce, la fixa sans la montrer à ses interlocuteurs, sorti un sourire charmant, remit son collier puis reprît.

« Je suis Émilien. Maestro Émilien. Dit-il, en fixant de ses yeux bleus océans Val et Calliclès. Faites-moi sortir d'ici, une fois requinqué, je vous dirai tout.
- Mais t'es l'enfoiré que tout le monde idolâtre ! Je vais t-
- Ouais haha non, ami. Réfléchis un peu, pourquoi je serai dans cet état dans ce cas ? »

Calliclès resta silencieux un instant, il regarda Val quelques temps, puis ils attrapèrent Émilien par les épaules pour le porter, avant de rebrousser chemin.

OrigenWhere stories live. Discover now