Adieux à l'Univers : À la dérive

Je me perds

Quand on me demande ce que je fais de mes journées, je suis incapable de répondre.

Je ne sais pas ce que je fais.

Je me déconnecte pendant des heures.

Je suis partout et nulle part à la fois.

Hors de la réalité.

Je me perds loin, très loin dans mes pensées et je n'ai aucun moyen de revenir.

Je n'y arrive pas.

Aussi étrange et idiot que ça puisse paraître.

Certains jours, je me sens quitter le réel, je me sens partir dans un endroit froid et terrible, sans ne rien pouvoir y faire.

Voilà ce que je fais de mes journées, je me perds.

Et c'est terrifiant.

Les gens autour de moi, le bruit, les cours, la vie, tout ça me parait tellement, tellement loin, presque flou, comme recouvert d'un épais brouillard.

J'ai l'impression que le monde m'échappe, qu'il me glisse entre les doigts.

Et je le sais, je le vois s'éloigner de plus en plus mais je ne peux rien y faire.

Je me sens coincée dans mon propre corps, qui, même lui, me semble parfois étranger.

Alors, mon reflet n'est plus mien, ma vie n'est plus mienne, le monde ondule devant mes yeux sans que je ne le reconnaisse.

Des choses, des évènements se déroulent tout autour de moi, plus ou moins graves, plus ou moins blessants, et je ne vois rien, je ne ressens rien, je suis à des milliers de kilomètres et je flotte au milieu de mes pensées, du vide, de la douleur.

Ce n'est pas quelque chose d'agréable, bien au contraire, c'est douloureux, angoissant, glaçant.

J'ai l'impression de passer à côté de la réalité, de la vie.

Comme si je vivais seule, à l'écart du monde et pourtant à côté des autres.

Je me renferme sur moi-même, je suis piégée dans un corps qui n'est pas à moi, et je me perds.

J'ai peur de ne pas pouvoir réviser mes examens parce que je suis incapable de me concentrer sur quoi que ce soit, mais en même temps, les examens me semblent futiles, lointains, presque irréels. 

Je voudrais réviser, mais dès que je m'assoie face à mes cahiers, tout me semble sans intérêt, comme si ces examens n'allaient pas avoir lieu, comme s'ils n'existaient pas, comme si je n'étais pas réellement là et que, de toute façon, je ne serais pas présente le jour J. non plus ; 

Alors je m'enfonce dans un brouillard étrange qui n'existe que dans ma tête.

 Et j'y reste pendant des heures, des jours, des mois.

Voilà pourquoi je suis incapable de vous dire ce que je fais de mes journées. Voilà pourquoi je n'ai jamais le temps de faire quoi que ce soit.