Un vieux proverbe

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Vous avez déjà entendu ce proverbe « Tout est bien qui finit bien »

Vous savez, celui qui dit qu'en gros, tout ce qui commence mal se termine bien ?

Quelqu'un vous a probablement déjà dit ça.

Mais oui, les gens disent souvent ce genre de chose pour encourager ou motiver quelqu'un qui a eu des problèmes et qui doute du futur (en réalité ils ne savent pas quoi dire alors ils balancent des phrases toutes faites pour donner l'illusion qu'ils tentent de vous aider...).

J'entends très souvent cette phrase.

Et puis les « ça peut changer, ce ne sera pas toujours comme ça, tu seras majeure dans quelque temps, ça va t'ouvrir plein de portes, c'est sûr et certain »

Le truc c'est qu'avant ça on m'avait déjà dit « tu verras, quand tu auras seize ans tu n'y penseras plus, en grandissant tout va s'arranger. Ce n'est qu'un passage, ça ne durera pas éternellement. C'est une petite crise d'ado.  »

Et avant ça on me disait « Il faut que tu trouves des gens qui te correspondent, ça t'aidera à t'intégrer, tu n'es pas différente des autres, c'est simple comme bonjour, tu y arriveras »

Et puis ces conneries de « Oui tu as eu une enfance difficile, ça a mal commencé mais ça se terminera bien parce que tu vas t'en sortir ». Il faut arrêter, pitié. Vous êtes voyants ? Vous pouvez prédire l'avenir ? Vous connaissez ma vie en détail ou bien vous savez tout sur le monde et l'univers ?

Ça ne s'arrangera jamais. Jamais.

Je pourrai aller où je veux, faire ce que je veux, ce sera toujours là, en moi, au creux de mon estomac, au fond de ma tête, ça se verra dans mes gestes, dans mes paroles, dans mon regard ; ça se voit déjà.

Fuir est une possibilité, oui c'est vrai, mais ce serait surtout inutile, parce que j'aurais beau fuir loin, très loin, ça ne guérira jamais, ne disparaîtra jamais. 

Vous y aviez pensé à ça ? Avant de me dire qu'en partant de chez moi et en grandissant ça irait mieux ?

Imaginez-vous passer 18 années de votre vie dans des conditions pareilles, sans frontière entre le bien et le mal, régies uniquement par des non-dits et des mensonges. 

Ne pas se sentir bien chez soi, ou à l'école, ou dehors, en famille, avec ses pseudo-amis, ne se sentir bien nulle part, ne jamais être à sa place. 

Pouvez-vous imaginer ce que ça fait de se rendre compte qu'en réalité, on a passé dix-huit ans de sa vie, seul. Des années et des années à entendre dire que vous êtes une incapable, une idiote de première, une putain, une connasse. Tout ce temps passé à avoir l'impression de tout rater, de ne jamais réussir à contenter qui que ce soit, n'être source que de problème, de déception, de colère.

Je suis une ratée. Comment est-ce que je pourrais faire quoi que ce soit de ma vie, je suis pourrie, je ne suis rien, je ne suis pas une personne. 

Les choses ne changeront jamais. Je suis coincée dans une foutue spirale infernale. Il faut mettre fin à tout ça, c'est pas supportable pour une seule personne.  Je suis sûrement lâche et égoïste, stupide ou tout ce que vous voulez mais je suis bien trop fatiguée pour continuer. Les mots ne sont pas suffisants, aucune des choses que je pourrais écrire ne vous permettront de savoir ce que ça fait de se sentir seule, abandonnée, brisée, détestée.  

Je ne me lamente même pas sur mon sort, j'en ai plus rien à faire.

Peut-être bien que les choses n'arrivent pas pour rien. Peut-être aussi que tout ça je le mérite, que c'est bien fait pour moi, ou peut-être pas. Ça n'a plus aucune importance. 

Je sais qu'il est parfois difficile de se mettre à la place de quelqu'un d'autre pour de vrai, de savoir ce qu'il pense ou ressent et je crois que dans ces cas-là mieux vaut se taire et continuer d'essayer d'imaginer ce que vit vraiment cette personne, même si on sait que quoi qu'on puisse penser, on sera toujours bien loin de la réalité.

Personne n'a le droit de me dire d'oublier, de tourner la page, de pardonner. Personne ne sait ce que ça fait vraiment. Vous n'êtes pas moi. Vous ne savez rien de moi.

Vous n'avez aucune idée de la douleur que je ressens continuellement.

« Ça se terminera bien tu verras » 

Qu'est-ce que vous voulez dire par "bien" ?

 Parce que là, maintenant, la seule bonne issue qui m'attends c'est la mort.

Si fuir ne sert à rien, il ne me reste plus qu'à abandonner.

« Tout ce qui commence mal finit bien »

Vous mentez tous, ça commence mal et ça ne finit jamais. 

Adieux à l'Univers : À la dériveWhere stories live. Discover now