Baudelaire dans l'âme

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Je vous dis que tout va bien,

Je souris et cache la vérité,

C'est devenu simple, aisé.

Je vous parle, l'air de rien.


Et j'espérais vraiment

Que vous remarqueriez 

Les hurlements

Que mon âme laissait échapper.


Je voulais que quelqu'un

Me regarde dans les yeux

Et y voit des aveux.

Je pensais que 

La lueur éteinte au fond d'eux

Parlait d'elle-même.


J'écrivais encore de vrais poèmes,

Mon cerveau fonctionnait vraiment

Et j'avais des sentiments.


Même si je ressentais 

Déjà cette envie

De tout abandonner,

J'espérais que quelqu'un

Viendrait me sauver.


Mais les choses ont empirées

Et personne n'est venu.

J'ai laissé le désespoir s'installer,

Les souvenirs m'ont vaincue,

Et  la solitude m'a dévorée.


Je ne veux plus être secourue.

Je veux que ça se termine.

Je n'en peux plus,

Je laisse gagner le spleen.


Le ciel pèse comme un couvercle,

Je m'étouffe,

Le vide m'encercle,

La vie me bouffe.


Le pointillement des étoiles

N'éclaire plus mon esprit,

Plus rien n'est spécial,

Pas même la nuit.


Je ne suis pas triste

Mais je souffre.

Je ne sais même plus si j'existe

Au fond de ce gouffre.


Vous n'y êtes pour rien,

J'interprétais mon rôle

Probablement trop bien

 Pour qu'il ne vous affole.


C'était moi l'ombre 

Dans vos vies.

Mais maintenant que je sombre, 

C'est fini.


-

Laurine n'est plus,

Elle a disparu

Il y a des années,

On a dérobé son corps

Et bien que son âme ait résisté jusqu'alors,

Elle a fini par s'échapper.


Échapper aux cauchemars,

Ombres effroyables, 

Silhouettes incommensurables

Qui errent tard le soir.


Échapper aux souvenirs

Contre lesquels, lutter

Était inutile,

La mémoire est docile,

Le temps n'efface rien, 

Chaque image revient.


Échapper à son corps,

Prison d'os et de chair,

Marqué encore

Par ce calvaire.


Elle s'en est allée

Parce qu'il le fallait.*


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*Toutes les phrases en italiques font référence aux œuvres de Baudelaire*




















Adieux à l'Univers : À la dériveWhere stories live. Discover now