J'attends

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Je relis des pages et des pages noircies par mes pensées, par de vieux sentiments qui ne sont plus que des mots à présent.

Je me rends compte, en voyant tout ce papier gâché, qu'en réalité je suis vide ;

Que je n'ai jamais été aussi vide qu'aujourd'hui.

Au vu de tous ces fragments d'une Laurine disparue, je réalise que, même si elle ne ressentait rien de particulièrement positif, au moins elle ressentait.

Elle n'avait pas besoin de passer par des dizaines de figures de style inutiles pour parler de vrais sentiments, et même si ce qu'elle écrivait ne valait rien, elle disait quelque chose, ne parlait pas dans le vide.

Je ne me rappelle même plus ce que ça fait d'avoir de vraies conversations, d'être inquiète pour ses notes, pour sa vie.

Je ne sais plus ce que ça fait de ressentir, je n'y ai pas suffisamment fait attention quand je le pouvais.

J'ai été bête, parce que maintenant, c'est trop tard, c'est fini.

Je suis une coquille vide.

Je ne ressens plus rien, rien du tout.

Je le savais déjà un petit peu, bien sûr, mais en lisant tous ces vieux morceaux de sentiments, je remarque encore plus ce poids sur ma poitrine, et je le sens peser sur mon cœur qui brûle ; Je ne meurs pas, je suis déjà morte. 

Et peut-être que si j'étais toujours la même petite Laurine idiote et égoïste, j'aurais peur de voir à quel point je me suis détériorée ; parce que c'est le cas, je me suis abîmée ; 

le rien, ce n'est pas mieux que le moins. 

Je suis un putain de mort-vivant, un corps sans âme qui déambule au milieu des autres. Je ne ris pas, je ne pleure pas, je ne fais rien et je ne m'ennuie même pas  

Je fixe le plafond pendant des heures et j'attends que ça passe. Que la vie passe.

J'en ai sérieusement rien à faire de perdre mon temps ; j'en ai trop, tenez, prenez-le si ça vous intéresse, moi, je n'en veux pas. 

Je ne peux même pas écrire quelque chose de cohérent, je n'ai rien à dire, je tourne à vide.

J'ai pas envie d'écrire.

J'ai pas envie de parler.

Je veux juste m'asseoir dans un coin, ne plus faire aucun bruit, arrêter de respirer et attendre que ça passe.

Je ne vis pas.

Je ne suis pas une personne.

Je ne suis rien.

Et ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent avec ce qu'il reste de moi, je ne ressens rien.

J'étais pas comme ça avant, j'ai jamais été comme ça, aussi froide et figée.

J'arrive à parler de plein de choses maintenant, je le reconnais, mais c'est juste parce que je m'en fiche.

Il s'est passé tel ou tel événement et j'en ai rien à faire parce que je le méritais peut-être, parce qu'ils font tout ce qu'ils veulent, parce que je ne suis pas une personne.

Je ne suis rien.

Je me fiche d'avoir mal.

Je ne ressens rien.

Je ne suis pas certaine de pouvoir dire que j'ai avancé, je suis juste tombée, comme une vulgaire feuille morte ; je suis tombée bien plus bas que je ne l'ai jamais été.

Et je m'en fiche.

Maintenant, je veux juste que ça passe.


Putain, qu'est-ce que c'est long de crever.

La mort a dû m'oublier, ou bien, elle m'ignore ;

Elle ne touche pas les os déjà rongés. 

Et puis c'est pas la peine qu'elle se dérange, la vie va s'en charger.

Ils vont tous m'achever.

Je vais m'achever.

Il faut juste attendre que ça passe.


Je ne suis plus la Laurine de 14 ans qui pleurnichait sans arrêt.

Je ne suis plus rien.

Adieux à l'Univers : À la dériveWhere stories live. Discover now