Ne t'endors pas

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Il est 05h00 du matin.

J'ai lutté une grande partie de la nuit, j'ai vraiment fait tout ce que j'ai pu pour ne pas dormir, mais c'était trop dur et maintenant c'est pire.

Je regrette. J'aurais dû essayer plus fort, j'aurais dû  sortir, faire autre chose.

Mais je me suis endormie et je l'ai payé de la pire manière qu'il soit.

Je savais que ça allait empirer, je savais que ce soir, si jamais je dormais, ça allait se reproduire.

Cette fois aussi j'aurais pu l'éviter.

C'est de ma faute, j'aurais pu l'éviter.

Et j'aurais beau pleurer et pleure encore, c'est trop tard maintenant, ça ne s'en ira jamais.

Jamais.

Je n'en peux plus.

Je n'en peux plus.

Il faut que je parte.

Je veux mourir.

Je veux mourir.

Je n'en peux plus.

Dès que je ferme les yeux il revient et le reste de la journée c'est comme s'il était là.

C'est trop dur.

Cette nuit encore, il est entré dans ma chambre ; 

il est resté planté dans l'encadrure de la porte un moment, formant une ombre noire, menaçante, monstrueuse.

Et puis il s'approche et mon cœur bondit dans ma poitrine.

Je voudrais me sauver mais mes volets sont fermés et Il m'empêche d'atteindre la porte ; alors je ne bouge pas.

Le sang me bat aux tempes, si bien que ma vue est trouble et que, quand il se baisse pour être à ma hauteur, je ne vois qu'une masse noire, informe.

Il passe sa main sous les draps et les rabats sur le côté, ensuite, il essaye d'enlever le bas de mon pyjama mais je bouge dans tous les sens et le repousse.

Alors il attrape mes cheveux et me soulève.

La douleur est affreuse, insupportable, je voudrais crier mais c'est impossible, je n'ai pas de voix ; alors je ne dis rien, je ne crie pas, je le laisse faire.

Il me jette au sol et je me retrouve à genoux, dos à lui, il arrache mes vêtements et frappe mon dos pour que je me plie et que mon buste se retrouve sur le lit.

La douleur me coupe la respiration, je panique, j'ai peur mais je ne fais rien, je pourrais partir mais je ne fais rien.

Mon Dieu, je sens ses mains sur moi et je pleure, je pleure.

Et puis il.. il..


Et j'ai mal.


Je tremble incontrôlablement, je ne respire plus, je pleure.

Il dit que je fais trop de bruit et enfonce ma tête dans le matelas.

Je vais mourir, ça y est.

Je ne respire plus.

Et il continue de plus en plus fort.

Il respire comme un animal ; je n'entends que ça, ça résonne dans mes oreilles.

Il respire fort et moi je ne respire plus.

La douleur est insupportable, j'ai mal, beaucoup trop mal de partout.

Et ça dure, ça dure longtemps.

Et puis il soulève ma tête en tirant mes cheveux et j'ouvre les yeux.

Je sursaute, j'ai du mal à respirer, je suis en sueur et je pleure, je tremble, je suis perdue.

À chaque fois que je me réveille, je vérifie la porte, je m'assure qu'elle est bien fermée et que tout ça n'est pas arrivé cette nuit.

Mais ce soir, quand j'ai voulu me lever, j'ai eu mal, de partout où il a bien pu poser ses mains.

La douleur dans mon dos était terrible, comme si un poids énorme s'était posé dessus et qu'il appuyait sans cesse sur ma colonne.

Et mes poignets, mes poignets, n'étaient plus que deux bouts d'os qui grinçaient l'un contre l'autre.

Mes jambes, mon Dieu, étaient toutes bleues, toutes froides, douloureuses, horribles.

Je me suis effondrée.

Je suis restée au milieu de la pièce, gisant dans le noir, recroquevillée sur le sol froid.

Et je pleurais, à un point tel que je ne m'étais même pas rendu compte que je ne respirais pas.

J'aurais voulu mourir, pour de bon.

Et maintenant je vais finir la nuit cachée dans mon coin à me dire que c'est bien fait pour moi et que si j'avais vraiment voulu éviter tout ça, j'aurais pu.

Et ça me tue de me dire que pendant que j'écris ce machin, pendant que toutes ces conneries se passent, les autres dorment tranquillement, Il dort tranquillement.

Ça ne s'arrêtera jamais.

Ça ne sert à rien de continuer.

Je n'en peux plus.

Adieux à l'Univers : À la dériveWhere stories live. Discover now