Chapitre 47

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Je m'appelle Marie Fives, j'ai 18 ans et je suis blonde aux yeux verts. Mes cheveux m'arrivent aux épaules dans de jolies ondulations.
Cela fait six mois que Serena Prime a disparu de la surface de la terre. La brune aux yeux bleus n'est plus. Je suis désormais orpheline de famille, d'amis et de monde. Je n'appartiens pas au monde des gardiens et je n'appartiens pas non plus au monde des humains. Je suis le vilain petit canard des deux.

J'habite désormais dans une petite campagne française, dans une vieille ferme appartenant à Bart. Elle fait partie de son patrimoine resté caché au Conseil. De plus, elle n'est pas à son vrai nom. Ainsi, je ne risque rien.

Tout ce qui me rattache à ce monde, c'est Draya. Contrairement à ce que j'aurais cru, elle ne m'en a jamais voulu pour ce que j'ai fait. Au contraire, elle a toujours été là pour moi et elle sait que ce n'était pas réellement de ma faute. J'ai utilisé mon don, c'est vrai, mais j'ai été poussé par plus fort que moi pour le faire.

Je dévale les marches des escaliers en enfilant mon gilet de laine. Je saisis le petit panier à côté de ma porte et me dirige vers le poulailler. Les poules piaillent joyeusement pendant que je ramasse la récolte de ce matin, de quoi me faire un bon petit déjeuner. Je les nourris avant de faire de même avec mon cheval. Je déjeune tranquillement en admirant le paysage et mon champ donnant ses premières récoltes. Avec ma magie de l'eau, j'ai réussi à faire pousser un peu plus vite mes cultures, rattrapant largement mon retard. Il faut dire aussi que j'ai la main étonnamment verte. Ma grand mère aurait été fière de moi.
Je vais pouvoir vivre de ça en revendant tout au marché. Enfin, c'est ce que j'essaie de faire depuis que je suis arrivée ici et pour l'instant, je m'en sors bien. En parallèle à tout ça, je recherche aussi un travail qui me permettrait de vivre un peu mieux.

— « Tu viens ? Tu vas finir par être en retard ! » me crie quelqu'un depuis dehors en klaxonnant.

Oh mon dieu. J'avais complètement oublié mon entretien d'embauche ! Je monte en quatrième vitesse pour enfiler un chemisier bleu clair avec un pantalon noir et ma veste en toile avant de rejoindre mon voisin et ami. Je vérifie que j'ai bien tout dans mon sac en montant dans sa voiture pour qu'il me dépose en ville.

— « Tu avais encore oublié, pas vrai ? » rit Marc, ce cher voisin.

— « Au lieu de te ficher de moi, démarre. » je ris à mon tour.

Il s'exécute avec son royal sourire en coin. Pour la petite histoire, il est venu se présenter à moi le jour de mon arrivée. Il a 20 ans et il me rappelle Tom en tout point. Déjà par le caractère mais aussi par le physique ténébreux. Ses yeux bleus et ses cheveux noirs ont de quoi faire tourner des têtes.

— « Marie ? Tu m'écoutes ? »

Je ne m'habituerai jamais à ce prénom...
Ni même à tout ça en fait.

— « Désolé. Tu disais ? »

— « Si tu n'étais pas aussi jolie, je t'aurais déjà expulsé de cette voiture. Est ce que tu connais le respect envers les gens ? Non. Je ne pense pas. Bref. Je passe pour cette fois, insolente. Je disais donc que tout va bien se passer pour ton entretien, la patronne est une vieille amie de la famille et elle va t'adorer. Comme tout le monde ici de toute façon. »

La patronne en question est une libraire assez célèbre dans le coin. Il semblerait qu'elle soit une résistante mais pas comme durant la guerre. Une grande surface voulait détruire son commerce pour y construire un supermarché à la place. Elle a lutté becs et ongles pour sauvegarder son enseigne et elle a réussi à le faire. Une femme de caractère a tout point de vue.

— « Tu es adorable, Marc. Merci. »

— « Tu me remercieras autour du dîner de la réussite que j'ai prévu ce soir. »

— « Si c'est comme la dernière fois, on va finir au restaurant tellement c'était infect. » je le taquine.

— « Je vais vraiment finir par te jeter de cette bagnole. »

J'éclate de rire devant sa moue boudeuse. Je vous jure, j'ai parfois l'impression d'être avec Tom.

— « Heureusement que tu m'aimes trop pour ça. »

— « Au lieu de dire n'importe quoi, grouille toi de descendre. On est arrivé. »

Je porte mon attention vers l'extérieur et effectivement, je suis devant la petite librairie. Elle est plutôt mignonne et j'ai toujours adoré les livres. J'espère que j'aurais ce poste.

— « Marie ! Je suis contente de te rencontrer. Entre donc. » me dit la vieille femme, ayant visiblement entendu le bruit que fait l'engin à moteur de Marc.

Disons qu'elle n'est pas de la même époque que nous.
Je fais un petit signe à mon chauffeur préféré avant d'entrer à la suite de ma potentielle future patronne.

Elle me pose quelques questions dont certaines sur mes références littéraires. Germaine a l'air satisfaite de moi puisqu'elle me donne rendez-vous lundi matin à neuf heures à la boutique. Je saute presque de joie mais je me retiens de la prendre dans mes bras. Je me contente d'une poignée de mains très reconnaissante avant de me précipiter à l'extérieur pour annoncer la nouvelle à Marc. Je grimpe sans réfléchir dans la voiture en retenant mon envie de crier.

— « J'ai eu le poste ! Comme quoi que je suis pas si nulle que ça. » je m'esclaffe en bouclant ma ceinture.

— « Je suis content pour toi, trésor. Mais je suis aussi vexé que tu me confondes avec cet humain banal. » s'exaspère une voix que je ne pensais plus jamais entendre.

— « TOM ! Mais qu'est ce que tu fais ici ! Tu n'as pas le droit d'être là et comment tu as fait pour me retrouver ? C'est Bart, c'est ça ? Je m'en doutais, je vais le... »

— « STOP ! Laisse moi parler. »

Je me tais directement, scrutant silencieusement ce visage si familier.

— « Tu es en danger. Certains gardiens veulent ta peau et tu n'as pas autant disparu que ça. Disons que c'est facile de retrouver ta trace. N'importe qui aurait pu le faire, on peut sentir ton énergie magique à deux kilomètres. »

— « Ah. Je pensais pas qu'on avait un genre de radar pour retrouver les nôtres. »

— « Est ce que quelqu'un peut m'expliquer ce qu'il se passe ici ? Je ne comprends rien. » s'énerve Marc depuis la banquette arrière.

Je ne l'avais même pas remarqué. Il est ligoté à l'arrière de la voiture avec une cravate autour du cou qui devait être son bâillon. La voiture a les vitres teintées et heureusement.

— « Je ne t'avais pas assommé toi ? Bon, si c'est comme ça, je vais recommencer. » souffle Tom.

Je l'arrête d'un geste de la main. Pas question de blesser mon seul ami ici.

— « Mais qu'est ce qu'il te prend, Serena ? C'est un humain. »

— « Aux dernières nouvelles, j'en suis une aussi. »

— « Ne dis pas n'importe quoi. »

Tom lève les yeux au ciel alors que Marc me scrute avec des yeux inquisiteurs.

— « Pourquoi est-ce qu'il t'appelle Serena ? »

— « Mais parce que c'est son vrai prénom, espèce de paysan. » cingle le gardien du feu.

— « Tu vas voir ce qu'il va te faire le paysan. » menace mon ami.

— « Si tu crois que tu me fais peur ! Tu ne sais déjà pas ce qu'est une douche alors je ne crains rien. »

J'ai l'impression que la situation est entrain de dégénérer.

— « Vous avez fini oui ?! Tom raccompagne moi chez moi. Et toi Marc, tu la boucles, je t'expliquerai plus tard. »

Si Tom a pu me sentir, d'autres le peuvent aussi. Il faut être prudent.

*
*
Salut !
Voilà la suite !
Qu'est ce que vous en pensez ? 😘

À bientôt ❤️

Le cœur d'une gardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant