✺ 一 ✺

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ℙ𝔻𝕍  𝒟𝑜𝓃𝑔𝒽𝓎𝓊𝒸𝓀/ PDV Donghyuck

Un matin comme les autres. Dans une classe trop remplie.

Dans quelques jours, cela fera un an que j'ai déménagé ici, dans la capitale du pays du matin calme. Mon arrivée n'était pas vraiment appréciée. Les gens ne me connaissaient pas encore, ils ne m'avaient jamais vu. La seule chose sur quoi ils avaient fondé leur jugement avant même que je ne pose un pied sur le sol de Séoul était là d'où je venais. La campagne.

Je viens de la province de Gyongsanbuk-do. J'habitais à Mungyeong. J'y ai vécu pendant quinze ans. J'y ai grandi. J'ai adoré tous les recoins de ma ville natale. J'ai parcouru toutes les rues de la ville. J'y ai ris, j'y ai pleuré. J'avais ma bande de copains, on était inséparables depuis la maternelle.

Et puis, du jour au lendemain, mon père à été promu à un grand poste et muté à Séoul. Personne ne s'y attendait dans ma famille. Ni mes sœurs, ni moi, ni même ma mère. Pas que l'on doutait de la qualité du travail de mon père, loin de là. Il travaillait quarante-cinq heures par semaine sans relâche. Mais plutôt parce que nous savons que peu importe la quantité et la qualité du travail fourni, les gens de la campagne ne seront jamais pris au sérieux.

La confusion que nous avions ressenti à l'annonce de cette nouvelle s'est vite estompée. Mes sœurs étaient ravies de pouvoir annoncer à leurs amies qu'elles partaient pour la capitale. Elles s'inventaient un avenir, une future histoire. Et tout le monde était fasciné, tout le monde était jaloux. Ma mère, elle, était folle de joie. Nous allions enfin avoir le droit à une chambre chacun et plus d'espace. Elle savait ce que représentait le nouveau salaire de mon père en termes de nourriture, de vêtement et d'extras que maintenant on pourrait s'offrir sans regrets.

Mais une personne faisait défaut à tout cet enthousiasme : moi. Même si je me rendais parfaitement compte de tout ce que représentait en bien cette promotion, je sentais un trou se creuser dans mon cœur.

J'allais tout quitter.

J'allais quitter mon berceau. J'allais quitter mon foyer. J'allais quitter la vallée de Seonyudong. J'allais quitter les rues fleuries. J'allais quitter l'odeur de l'automne naissant. J'allais quitter les lever du soleil orange feu.

J'allais quitter mes amis. Mes trois meilleurs amis. Les personnes avec qui j'ai tout partagé. Avec qui j'ai partagé mes secrets, mes blagues, mes sentiments et mes barres chocolatées aussi. C'était pour moi, comme si je laissais un poumon là-bas. Mais il était hors de question que je complique le déménagement. Tant que la bonne humeur et la motivation régnaient dans ma famille, tant que les regrets et le mal "du pays" ne faisaient pas surface, il fallait agir et partir.

Ça a été tellement dur pour moi. J'ai tremblé comme jamais le dernier soir, quand j'ai fais mes adieux à tout. Je pleurais tous les soirs de la semaine précédant mon départ, quand j'avais le malheur de penser aux petits détails de mon monde. De penser au sourire de la vieille dame de la laverie. De penser à la rivière.

Mais le plus dur, c'était les adieux aux amis.

Je m'y suis pris le dernier jour. Le mercredi avant mon départ. On avait pas cours, donc le jour de libre. J'ai dit à Chenle, Jeno et Hyunjin de me rejoindre sur la rive gauche du Meonjeonchon.

Je suis arrivé avant l'heure du rendez-vous. J'ai épluché le paysage à la recherche de ses moindres détails : un moineau, les centaines de pétales de fleurs de cerisiers, une cigarette mal écrasée et fumant encore.

Puis ils sont arrivés. Les trois, en riant aux éclats. Et j'ai failli pleurer à ce moment là. C'était tellement beau et déchirant  à la fois. Quand est-ce que j'entendrais à nouveau ces rires ? Ces voix ? Mais je me suis ravisé. Je devais garder les larmes pour plus tard. On a passé la matinée dans une ambiance qui était pour moi douce amère, car je ne cessais de me dire : "C'est la dernière fois que ça se passe comme ça".  Puis, vers la fin de l'après-midi, j'ai pris la parole :

'' Les gars, j'ai un truc important à vous dire...

Ils se sont tous les trois tournés vers moi, une expression troublée sur le visage.

- Bah vas-y, lança Chenle.

- Je quitte la ville demain. Je déménage à Séoul."

C'était mes adieux. Court, percutant. Ils se sont regardés, confus. Ils m'ont reproché de ne pas leur avoir dit plus tôt. Ils me grondaient gentiment. Mais je le voyais, les larmes nous montaient aux yeux. Puis j'ai finis par éclater en sanglot le premier, les autres me suivant de près. Le reste de la journée, on l'a passé à s'étreindre et à rire doucement, en se racontant de vielles anecdotes qu'on connaissait par cœur.


Mon arrivé au lycée m'a perturbé. Grâce au poste de mon père, j'ai eu la chance de me retrouver dans le ''Joongdong High school''. Il est réputé pour être un des plus vieux et des plus prestigieux lycée de Séoul. Il se trouve à Gan Nam Gu et c'est un lycée mixte.

J'ai cru que j'allais me faire harceler pendant toute ma scolarité, à cause du fait que je venais de la campagne. J'ai cru que j'allais devoir supplier mes parents de me changer d'établissement. Je suis pessimiste en restant assez réaliste. Mais nous y voilà.

Aujourd'hui, je suis une des personnes les plus populaires et les plus appréciées de ce lycée. J'ai eu de la chance. Cette cote m'est due à, je cite : "sa beauté et son caractère". Les filles du lycée ont aimé (à mon grand étonnement)  ma peau caramel, mes cheveux, mon visage. Donc j'ai été accepté et très vite intégré. Maintenant, je suis entouré d'un quantité de personnes, et j'ai un gros groupe d'amis.

" Haechan ! A quoi est-ce que tu peux bien être en train de penser, s'indigna Vanessa, pour ne même pas me saluer ?

- Ouh la ... Tu vas passer un mauvais quart d'heure toi ! se moqua Jaemin en levant les yeux vers le ciel.

- Aussi bruyante dès le matin Vanessa ? Vraiment ? se plaigna Felix.

Mes amis étaient en train de me rejoindre. Le cours allait commencer.  Ils s'installaient de part et d'autres de moi, pendant que je répondais par un grand sourire à mes autres camarades qui me saluaient chaleureusement. Vanessa reprit la parole :

- Bref, Haechan t'est au courant que-"

Mais elle se fit interrompre par le proviseur, suivit de notre professeure, qui venait de faire un entrée imposant le silence dans la classe. Tous les élèves se sont levé dans un mouvement parfaitement synchronisé. Il allait sûrement nous dire quelque chose d'important. Mais quoi ?

Je me tournais vers Vanessa, cherchant un réponse. Mais elle ne fit que me sourire tendrement, comme à chaque fois qu'elle prépare un mauvais coup.

~ 𝒬𝓊𝒾𝑒𝓇𝑜 𝓈𝒶𝒷𝑒𝓇 𝓂𝒶𝓈 𝒹𝑒 𝓉𝒾. ~Where stories live. Discover now