※❷⓿※

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~ ᴘ ʀ ɪ ɴ ᴛ ᴇ ᴍ ᴘ s ɪ ᴅ ʏ ʟ ʟ ɪ ǫ ᴜ ᴇ ~

sᴏᴜᴠᴇɴɪʀs : ɪʟ ʏ ᴀ ᴅᴇᴜx ᴀɴs

𝔻𝕍 𝑀𝒾𝓃𝒽𝓎𝓊𝓃𝑔 / PDV Minhyung

Le soir de la fête, juste après le baiser magique, Hyuck et moi nous sommes éclipsés en laissant tout le monde derrière nous. Je l'ai raccompagné chez lui et nous avons pris une éternité à rentrer. On était complètement shootés, on marchait même pas droit. La nuit noire nous entourait de toutes parts mais ce n'était pas inquiétant. C'était rassurant. On était dans notre bulle, personne ne pouvait nous atteindre. On a parlé de tout et de n'importe quoi mais surtout de n'importe quoi. je crois qu'à un moment nos discussions n'avaient plus aucun sens, on riait pour un rien en se poussant du coude. Ces instants euphoriques nous coupaient de tout. Si bien que nous n'avons même pas vu le paysage changer et que sans s'en rendre compte nous étions déjà arrivés à destination. J'avais enfilé mon sweat et Hyuck son gilet, l'air était d'une fraîcheur presque douloureuse. On s'était arrêté devant un petit portail encastré au milieu d'un muret en pierre et quand bien même il n'était pas très haut,  on ne devinait rien de ce qui se cachait derrière. Donghyuck m'a dit qu'on était arrivé devant chez lui et a en juger par ce muret, sa famille n'était peut-être pas fortunée, mais il avait quand même plus de moyens que Jiwoon. 

Un silence s'est installé. On s'échangeait des regards sur le perron. C'était à la fois tendre et intense, doux et piquant. Le visage de Donghyuck bousculait tout en moi. Des sentiments incompréhensibles partaient à la hâte de mon cœur et arrivaient pêle-mêle à mon cerveaux qui n'arrivait apparemment pas à tout gérer. J'avais une irrésistible de quelque chose mais je ne savais pas quoi tant il y avait de choses différentes qui me venaient à l'esprit. Mon cœur se serrait et ma mâchoire aussi, je voulais dire, faire quelque chose mais je n'arrivais qu'à le contempler avec un drôle de sourire. Finalement, j'ai levé ma main et l'ai posé sur sa joue sans vraiment réfléchir à ce que je faisais. Nous nous étions rapprochés l'un de l'autre dans l'intimité que l'ombre du petit toit du perron nous offrait. Donghyuck laissait sa tête reposer sur ma main, souriant et en me jetant une dernière œillade, il me dit : "Va falloir que j'y aille ". Ces cinq petits mots me mirent en état d'urgence, j'avais l'impression que je ne le reverrait plus, que c'était là que tout finissait et quelque chose en moi ne pouvait s'y résoudre. Je lui ai demandé de me donner son numéro, précipitamment. Il a dû voir à quel point je paniquais parce que ça l'a fait rigolé. Je me souviens lui avoir dit, en balbutiant, que ce serait cool qu'on se revoie à l'occasion et Hyuck de me répondre, avec le sourire le plus charmeur que j'ai vu, "Oui, avec plaisir".  Son sourire m'avait rassuré, je le comprenais comme une envie commune de se revoir, d'apprendre à se connaître. Et après un dernier sourire partagé, presque collés l'un à l'autre, nous nous sommes embrassés. Donghyuck a lentement reculé en terminant ce baiser, il m'a fait un petit signe de la main en ouvrant le portail, et le portail s'est refermé sur son sourire angélique. Je suis resté planté là comme un idiot pendant 5 minutes, envoûté par cette soirée, par Donghyuck. Et, toujours dans cet état second, je suis doucement rentré chez Jiwoon. Je crois que j'ai mangé un peu, que ses parents m'ont dit que Jiwoon était toujours là-bas à festoyer, je leur ai dit que j'allais dormir et j'ai plongé dans un sommeil sans rêve, mais d'une tranquillité et d'une douceur que je n'avais jamais expérimenté jusque là.

Les jours qui ont suivis étaient parfaitement idylliques. Deux jours après la fête, lorsque mon désir brûlant de revoir Donghyuck a prit le dessus sur ma fierté ridicule, je lui ai envoyé un [long] message en lui demandant si ça allait et si, si ça lui disait bien sûr et s'il était disponible parce que je veux pas te déranger et que je peux aussi comprendre que tu veuille pas me revoir tout de suite ce qui est pas du tout un problème, s'il voulait bien qu'on se revoie. Message auquel Donghyuck a répondu une heure après, ce qui m'a largement laissé le temps de penser qu'il ne m'avait pas donné le numéro ou que je m'étais trompé en le recopiant ou qu'il ne voulait plus me voir ou qu'il avait déménagé ou–  il a donc répondu que bien sûr qu'il voulait qu'on se revoit et qu'il était désolé de ne pas avoir envoyé de message plus tôt mais qu'il avait perdu sa carte SIM et qu'il venait tout juste de la retrouver. Donc deux jours plus tard on se revoyait pour la première fois depuis la fête. Je suis arrivé en avance, trop en avance. On s'était donné rendez-vous devant le petit magasin où j'avais acheté mon snack la première fois que je l'ai vu. J'ai attendu quelques minutes, durant lesquelles je en pouvais pas m'empêcher de tirer sur mes vêtements ou passer ma main dans mes cheveux de peur de faire mauvaise impression. Finalement il est arrivé , à l'heure du rendez-vous (donc vingt minutes après). En me voyant déjà sur place, il s'est dépêché de traverser pour me rejoindre. Il était tout aussi rayonnant et chaleureux que la dernière fois, comme un tournesol, il m'a lancé un petit sourire et m'a salué. Le soleil qui se couchait projetait sur son visage cette lueur dorée magique qui m'avait captivée la première fois déjà. Le village était plutôt vide, mais Donghyuck et moi nous tenions à une distance respectable l'un de l'autre. Je me sentais nerveux et j'avais peur d'être gênant tandis que Donghyuck avait l'air très à l'aise et sûr de lui. C'était la première fois que les rôles s'inversaient de la sorte pour moi. Après plusieurs minutes de marches sur une pente douce durant lesquelles le paysage du village a laissé place à des prairies calmes, Donghyuck  m'a proposé d'aller à son endroit préféré où l'on sera "vraiment tranquilles". Une fois arrivés en haut de la pente, le village disparaissait derrière nous. La végétation se faisait plus sauvage. On est passés par un trou dans un grillage de fortune sur lequel était indiqué "ne pas traverser : propriété privée". Un étroit chemin entre les hautes herbes, créé par les piétinements réguliers d'une personne passant toujours au même endroit, conduisait au petit banc vers lequel on se dirigeait. Cette propriété privée était un terrain vague dompté par une Nature particulièrement sauvage, et dans la lumière corail du déclin du jour, ce paysage avait quelque chose de bucolique. La main douce de Donghyuck se glissant dans la mienne m'a ramené à la réalité. Il me faisait signe de m'asseoir près de lui et d'observer le paysage. Devant nous la campagne s'étendait jusqu'à l'horizon sur un ciel rose. Les champs de tournesols jaunes, des cultures de blés, en rang. Tout ça formait un patchwork, un tableau en vie qu'il était tout à fait fascinant de contempler.

Je me souviens que nous sommes restés là jusqu'à que le ciel s'assombrisse. On avait passé tout ce temps l'un dans les bras de l'autre, à s'échanger des baisers timides, hésitants peut-être maladroit. Mais je me sentais heureux. Heureux comme jamais. Le regard que Donghyuck posait sur moi, à la volée, me donnait des frissons. Je rentrais en ébullition à chaque fois qu'il me regardait, comme un volcan prêt à exploser d'amour. Pour rentrer on est passés par une petite clarière qui nous a offert encore quelques instants d'intimité qu'un passage par le village n'aurait pas permis. Je le raccompagnais jusqu'à devant chez lui, on s'échangeait un dernier baiser amoureux, et je rentrais chez Jiwoon, le cœur qui me picotait agréablement et la tête plein de souvenirs. Les rendez-vous qui ont suivis étaient à peu de choses près pareils, il faut dire qu'il n'y a pas grand-chose à faire ici,  mais je ne m'en lassais jamais. Le matin j'aidais la famille de Jiwoon aux champs; impatient de pouvoir partir rejoindre Donghyuck. Jiwoon a dï penser qu'on était devenus très amis et personne ne me posait jamais de questions à part "alors, vous avez fait quoi aujours'hui ?", ce à quoi je répondais honnêtement, en omettant évidemment les baisers échangés et rêveries amoureuses. Avec Donghyuck, on allait à chaque fois sur le terrain vague. Parfois on pique-niquait, parfois on ne faisait que s'allonger à discuter ou à écouter de la musique en s'embrassant. Je le raccompagnait chez lui lorsque le soir tombait et on passait la nuit à s'envoyer des messages en se demandant ce qu'on allait faire le lendemain. Et à chaque nouveau rendez-vous, j'étais aussi nerveux, excité et amoureux que la première fois. Franchement, je ne pensais plus à rien de ma "vraie" vie. Depuis que j'ai découvert la beauté de la vie à la campagne, la bonté de mes hôtes, l'amitié qui s'est créée entre Jiwoon et moi et surtout, surtout Donghyuck, la raison même pour laquelle j'étais arrivé ici m'est complètement sorti de la tête. Les jours passaient, j'étais heureux.

Un soir comme un autre, après avoir mangé rapidement en rentrant d'une énième sortie avec Donghyuck, je suis allé dans ma chambre, encore dans mes souvenirs de cette fabuleuse journée que j'avais passée.  Assis sur mon lit, sur le point d'aller me coucher, mon téléphone a vibré. Je pensais que c'était Donghyuck qui m'avait envoyé un message. J'avais déjà un énorme sourire sur mon visage. Mais c'était pas Donghyuck. C'était un message que je ne m'attendais pas à recevoir. Mon père. Mon père qui m'avait envoyé un message. Un court message.

"Rentre maintenant."  

~ 𝒬𝓊𝒾𝑒𝓇𝑜 𝓈𝒶𝒷𝑒𝓇 𝓂𝒶𝓈 𝒹𝑒 𝓉𝒾. ~Where stories live. Discover now