Début d'un changement de cap

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Arrivée sur le seuil de la porte ouverte Aliénor jette un coup d'œil. En train de taper sur un ordinateur une jeune fille aux cheveux blonds cendrés coupés au carré, des yeux bleus en amande, une bouche étroite et longue. Telle était la tutrice présente ce jour là. Elle lève les yeux de son écran et dit à nôtre héroïne d'entrer. Timidement elle s'avance et s'assoit sur la chaise face à son aînée. Habituée à l'étrange monde universitaire la tutrice ne s'étonne pas plus de quelques secondes sur le style étrange de l'étudiante. Elle lui demande quel est son problème.
« Je n'y arrive pas du tout. Il semblerait d'après les profs que je n'ai aucun méthode. Ils m'ont dit que je n'avais rien à faire en Histoire. Sauf que c'est ma passion et que je lâcherai jamais. Une amie m'a conseillée de venir vous voir. Je ne voulais pas. Mais je suis vraiment dans la merde.
- D'où te vient cette passion pour l'Histoire ?
- De ma famille.
- Vous avez des historiens dans vôtre famille ?
- Non. Je viens d'une famille de la noblesse aquitaino-gasconne qui remonte au 12ème siècle.
- Je comprends.
- Les profs disent que j'ai des connaissances remarquables mais aucune méthode.
- Ils ont raison. Les connaissances ne font pas tout. Il faut se renseigner, multiplier les sources, les croiser et ensuite établir un raisonnement logique dans lequel on cite les documents.
- La logique voilà qui va compliqué. Je n'en ai aucune.
- On va voir ce qu'on peut faire pour t'aider. »

Delphine puisque c'était son prénom va expliquer, exemples à l'appui comment s'y prendre. Aliénor comprend tout de suite la différence entre sa façon de faire et celle des historiens. Pendant toute la semaine qui suit elle s'entraîne à faire des recherches, des introductions, des plans de sujets qu'elle a eu à traiter. Et la semaine suivante retourne voir Delphine. Cette dernière la félicite. Même si c'était loin d'être parfait elle avait compris. C'était là l'essentiel. Le reste était une affaire de réglages. Elle allait s'améliorer en travaillant.

À la fin de la séance de tutorat Delphine annonce à son élève que la semaine suivante la permanence serait assurée par un autre étudiant. Aliénor lui demande si elle peut continuer à l'aider malgré tout. Delphine toujours prête à aider lui donne son numéro pour qu'elle puisse l'appeler.

Pendant une nouvelle semaine Aliénor travaille d'arrache-pied pour s'améliorer. Elle ne veut pas lâcher et ne lâchera pas. Elle avait lâchée trop de choses pour lâcher l'Histoire. Et à choisir entre l'Histoire et les soirées elle préférait arrêter les soirées. Tant pis si elle devait travailler comme ça pendant plusieurs mois, ne plus sortir si ça payait. C'était un revirement total pour la jeune fille. Alors qu'il y a encore quelques semaines elle se fichait de ses études. Mais ce qu'elle n'avait pas dit c'était qu'un professeur lui avait mis la honte en dévoilant une de ses notes et en déclarant qu'elle était la preuve de la décadence de la noblesse. Sans le savoir il avait touché le point sensible. La jeune fille était viscéralement attachée à sa terre du Sud-ouest, sa terre de Montbazac, fief de sa famille depuis 800 ans. Rien, ni personne ne pourrais l'y faire renoncer et se moquer de sa famille. Elle allait donc prouver à ce professeur à quel point il c'était trompé, à lui et à tout ceux qui se moquait d'elle. Et elle commençait à se dire que ça n'allait pas seulement concerner le travail.

 Et elle commençait à se dire que ça n'allait pas seulement concerner le travail

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Delphine

Aliénor, le romanWhere stories live. Discover now