STRANGER THINGS 4 : Le Monde Renversé (abandonnée)

27. Comme si

Maukdale, Illinois

Après sa bouillante et réconfortante douche, Alison eut enfin la sensation de reprendre vie. Ses membres n'étaient plus engourdis et elle était nettement plus détendue. Du moins, elle était autant détendue que possible e' sachant sa situation. Pendant qu'elle était dans la salle de bain, elle mit de l'ordre dans son esprit. D'abord, elle s'occuperait d'Eleven — cela était bien la raison principale de sa venue, après tout — et ensuite, viendrait Will. Pour l'instant, elle se contenterait de l'observer et d'essayer d'établir un contact entre eux afin de saisir comment il se comportait. Elle espérait qu'il ne la rejetterait pas, car il ne semblait pas être emballé par sa visite inopinée. Elle s'était sentie comme si elle n'était qu'un indésirable insecte qu'on aurait envie d'écraser d'un coup de pied ferme.

« Ok, souffla-t-elle en se regardant dans le miroir, tout va bien. Ce gars est peut-être possédé par le démon une nouvelle fois, mais tout va bien. Je gère. »

Le visage que lui reffléta le miroir embué n'était pas des plus convaincants. Le fait était qu'elle ne gérait absolument rien. Comment prendre en main une situation qui vous dépassait totalement ? Elle ne savait pas à quoi elle faisait face. Elle ne comprenait pas a quoi elle faisait face. C'était la première fois que son pouvoir n'agissait pas. Ce qui l'a choqua le plus ne fut pas le fait qu'elle ne parvenait pas à ressentir une quelconque once d'émotion émaner de Will, mais celui de l'effet rebond. C'était comme si son pouvoir s'était retourné contre elle. L'espace d'un instant, elle ne ressentit rien, puis une vague noire d'émotions indéchiffrables s'était abattu sur elle, l'écrasant de son poid assourdissant, la laissant suffocante. Elle avait l'habitude de se prendre des ondes de chocs, d'être chamboulée par les sentiments des autres, mais jamais auparavant elle ne s'était sentie ensevelie par quelque chose de semblable. C'était comme si un bouclier s'était trouvé devant Will et que le pouvoir d'Alison s'était heurté contre, le faisant revenir en pleine figure de la pauvre fille.

Malgré cette interminable douche et ses vêtements chauds, Alison ne put s'empêcher de frissonner, sentant une vague noir et glaciale traverser la maison. Elle passa outre cette sensation désagréable et souffla à nouveau avant de sourire faussement ;  quand faut y aller, faut y aller, se dit-elle. Elle sortit de la salle de bain et descendit prudemment les escaliers sur la pointe des pieds. Elle se sentit ridicule d'agir de la sorte, comme si elle était un agent en mission secrète ou une cambrioleuse. Arrivée en bas des escaliers, elle s'apprêtait à regarder précautionneusement à droite et gauche, — comme si elle allait traverser une route à six voies —, quand elle tomba face à Will. Elle ne put retenir un sursaut et un petit cri de stupeur. Merde... quelle idiote ! C'est comme ça que tu agis normalement ?

Will regarda Alison comme si c'était la première fois qu'il la voyait. Il ne savait pas vraiment comment se comporter avec elle, après la scène qui s'était déroulée plus tôt. Et il la trouvait de plus en plus louche. Mais sa mère lui en voudrait de ne pas être poli avec une invitée — même si, techniquement, cette fille n'en était pas une —, alors il se confectionna rapidement un visage avenant et lui adressa la parole d'une voix posée.

« Salut. Est-ce que tu vas mi-

Mais le jeune homme n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une tirade lui attaqua les tympans.

« Je suis désolée si je t'ai effrayé, ce n'était pas mon attention. Je n'étais pas bien, c'est tout. Tu sais, avec mes émotions et tout le pataquès qui va avec. Tu étais tourmenté, peut-être plus que les autres, et moi j'étais faible à cause des voyages, la route, la fatigue, la faim, tout ça... Enfin, tu vois. Voilà ! Tout va bien, maintenant !, déblatéra Alison dans un élan de stress incontrôlable.
— Euh, ok... Tant mieux, alors. »