15. Exfiltration

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Le lendemain matin, le réveil est rude. Je grogne dans les oreillers et rabats les couvertures sur mon visage pour tenter d'atténuer le bruit atroce de mon alarme. Bon sang qu'est-ce que j'aimerais me rendormir quelques heures ! Le jour suivant les courses est toujours difficile mais celui-ci me paraît plus insupportable que les autres. En pensant aux soirées d'interdit, la course poursuite me revient en mémoire. Et avec cette folie, Jayden resurgit dans mon esprit. J'ouvre les yeux et balance la couverture qui me barre la vue avec empressement et angoisse. Nom d'un chien !

À la vue du grand lit dans lequel je me trouve ainsi que l'armoire en bois au fond de la pièce, mon sang se glace. Je me précipite sur mon téléphone pour éteindre l'alarme incessante en priant pour ne pas avoir réveillé Jayden. Je tends l'oreille mais aucun son ne me provient de l'appartement mis à part un petit grésillement sûrement dû au compteur électrique. Je souffle de soulagement. Je n'ai vraiment pas envie de le recroiser. Je ne sais même pas comment je vais faire lors de mes prochains cours de maths. Je m'imagine déjà me planquer tout au fond de l'amphi morte de trouille à l'idée qu'il m'aperçoive.

Je sors des couvertures douillettes, récupère mes affaires et me change à la hâte. J'arrange les draps sur le lit puis plis avec soin le t-shirt de Jayden que je dépose sur la couette. Je fourre mon téléphone dans ma veste puis, le plus silencieusement possible, je sors de la chambre. Je ne prends pas la peine de refermer la porte de peur de faire du bruit et me dirige vers l'entrée à pas de loup. Je m'échappe sans trop de difficulté de l'appartement et une fois sur le trottoir j'explose de joie. Exfiltration réussie !

À cette heure-ci, la ville se réveille doucement. Les lumières des habitations s'allument petit à petit donnant aux rues, seulement éclairées de vieux lampadaires, un air plus accueillant. Le chant des oiseaux s'élèvent, bientôt rejoint par les premiers véhicules. Au premier arrêt de bus que j'aperçois, je m'arrête. Je m'installe sur le banc après avoir vérifié la destination.

Je profite de l'attente pour regarder mon téléphone. J'ai plusieurs messages de Stacy et de Denzel. Peut-être se sont-ils finalement inquiétée pour moi ? Ou bien les remords de m'avoir laissé en plan les ont rattrapés. J'ouvre en premier ceux de mon amie, convaincue qu'elle témoignera de l'inquiétude à mon égard.

«Tu vas bien ? Tu as pu t'enfuir? », « On s'est réfugié avec plusieurs gars dans un parking souterrain, Den est là ». Mon corps se détend. Peut-être qu'inconsciemment je me faisais du souci pour eux. Les savoir sains et saufs me réchauffent le cœur. Mais le message suivant est loin de me plaire : « Denzel est hors de lui. Il a appris que tu es parti avec Jayden, tu devrais lui répondre pour calmer sa colère. Je te jure qu'il est prêt à cogner quelqu'un ».

Je déglutis péniblement en imaginant le pilote perdre son sang froid. Il serait capable de battre à mort un type juste parce qu'il aurait dit un truc contrariant. Faites qu'il n'est rien fait de stupide. Je prends une grande bouffée d'air pour me donner la force d'ouvrir la conversation de Denzel.

«Ne me dit pas que cet imbécile de Juan a raison et que tu t'es barré avec l'autre con ? », «Putain Had réponds-moi avant que je cogne le premier gars venu en attendant de retrouver ce petit merdeux prétentieux qui s'est enfui avec toi », « Je vais le buter ce mec ! Et toi tu n'as pas compris que tu es à moi !?? ».

Je frissonne en ressentant la colère émanant des messages. Je visualise parfaitement la rage déformer les traits de Denzel au moment où il me hurlerait dessus. Son teint rouge de haine, son ton agressif, ses poings serrés et ses veines bouillonnantes me font face lorsque je ferme les yeux. Je sais que si j'avais été devant lui quand il m'aurait crié tout ce qu'il m'a dit par écrit j'aurais tremblé de terreur.

HadleyWhere stories live. Discover now