21. Mon étoile

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Ma mère disait souvent que l'amitié était l'une des choses les plus sacrées au monde. Difficile à trouver en vrai, longue à nourrir mais destructible a la seconde près. Les vrais amis sont inestimables disait-elle en reprenant la citation d'un auteur. Mais lorsque tu en trouves, fait tout pour le garder. Il est rare de trouver des gens qui vibrent au même rythme que nous et comprennent nos douleurs comme nos joies. Des gens qui t'adoptent pour ce que tu es et non pour ce que le monde croit voir en toi. Ça doit être simple et naturel car c'est un élan du cœur. Sinon, tu sauras que tu te trompes.

Je n'avais pas trop bien compris. Comme mon père voyait souvent en maman quelqu'un qui n'avait pas toute sa tête, je commençais à y croire moi aussi. Mais avec le temps et son absence, j'avais fini par comprendre ses leçons de vie. J'ai dû grandir malgré moi, conscient qu'elle ne me servirait plus de carapace. Mais j'ai dû prendre conscience que je ne pourrais lui rendre la pareille. Juste regarder ce qu'elle deviendrait mais surtout ce qu'elle ne serait plus jamais.

En y repensant tous les jours, je me questionnais souvent sur des gens de mon entourage. Les collègues de travail qui restaient alertés à toutes les soirées bières, jeux et filles depuis quelques années. Les anciens potes de la fac et du secondaire qui étaient à toutes ces soirées et qui aimaient bien jouir un peu des privilèges de mon statut. La famille si éloignée du cœur mais toujours présente aux événements importants : mariage, funérailles, festivités. Bref, tous ces gens qui servaient à redorer le blason de ma vie en faisant semblant d'y faire partie.

Mais avec le temps, les vrais se sont manifestés en s'enquérant réellement de ma personne. Je ne suis pas du genre a quémander l'attention des gens car en général surtout les filles recherchent la mienne. Je ne dis pas grand-chose pour m'imposer, je suis en général traité comme un prince. Je ne fais qu'être qui je suis. Arrogant la plupart du temps, grand joueur dans mon esprit et surtout toujours oriente vers ce que je veux. J'adore faire des conneries la plupart du temps et c'est dans ma nature. Tant que je pousse les limites, je peux voir de quoi je suis capable et cela donnait un sens à ma vie. Un sentiment de liberté sur lequel je ne saurais mettre des mots.

Ma sœur a toujours supporté mon sale caractère et savait négocier pour me remettre sur les rails. Giovani a toujours été celui qui veille à ce que mes conneries ne se répètent jamais deux fois. Ayant un sens aiguise de l'aventure comme moi, il a toujours été là. L'esprit toujours à la fête, son agenda toujours charge de filles et surtout fidèle à lui-même et à moi. Mon monde ne pouvait pas être mieux avec si peu de gens de si grand poids. Nathalie a du se faire une idée de moi avec le temps. Elle sait que je ne puis être apprivoise. D'ailleurs, elle est la seule qui soit restée jusque-là malgré toutes les aventures que j'ai bien pu avoir. Les règles étaient simples : Je garde ma liberté et elle reste ou je garde toujours ma liberté et elle s'en va. Elle avait compris qu'elle était la seule à perdre. Mais le bonus à rester était la couverture sociale qu'elle représentait toujours en première ligne à mes cotes. Une chance qui ne sera jamais donnée a n'importe qu'elle fille. Elle a dû le comprendre et s'en vanter. Tant que tu fais croire à une fille qu'elle est importante, ça suffit à la poser pour un temps. Jusqu'à recommencer.

Mais ce soir-là, j'étais à une impasse que je ne contrôlais plus trop. Est-ce que j'aimais Nathalie ? Ca a dû arriver à un certain moment ou peut-être pas. Cela mettait en doute mes sentiments a l'égard de Léane. Des sentiments qui semblaient s'insinuer et créer une place pour elle dans ma vie. J'ai toujours trouve le fait qu'une fille craque pour moi soit un délicieux acte de faiblesse. Mais par-dessus tout, je détestais les filles faibles car elles devenaient rapidement ennuyantes. Pourtant la place que Léane me créait aussi prenait une certaine forme d'importance à mes yeux. Peut-être que j'aimais le fait qu'elle me traite de façon différente a mes habitudes. À ce moment précis, j'avais peur que Léane découvre le vrai moi. Celui qui ne peut se laisser dompter quitte a blessé d'autres pour cela. C'était un besoin vital. Et malgré moi, je crois que je ressemblais un peu plus chaque jour à ce père que je détestais.

La fille de joie a l'identité perdueWhere stories live. Discover now