16. Aux grands jeux, les grands joueurs

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J'ai tendance à croire que ma vie est une longue péripétie. Je ne suis pas pessimiste. Mais à ce rythme répétitif, je suis un peu fatiguée. Du coup, il me faut faire preuve de créativité. Le mois de Mai a ses avantages. La clientèle est intéressante pour les festivités. Du coup, je m'arrange pour récolter un peu d'argent. Mais le mois de Juin est une période qui requiert bien des prévisions car le flux migratoire n'arrange pas toujours les choses, à moins d'avoir de bons contacts.

On est Dimanche. Je me sens seule et grincheuse. Richard l'a bien remarque lorsqu'il m'a parlé la veille et que je l'ai envoyé balader. Il insistait tellement que ça a fini par m'énerver. Je préfère mieux qu'il reste à sa place. Je ne sais pas comment expliquer à l'homme qui me fait vibrer combien ma soirée avec d'autres hommes qui ont le droit de profiter de mon corps a été déplaisant. Je ne peux pas lui dire que pendant qu'ils s'enfonçaient dans ma chair, je pensais à lui et rien qu'à lui. Je ne peux lui dire comment j'ai été épuisée hier soir à survivre encore de quelques chevauchées bien calculées. Richard ne pourra pas comprendre à quel point je suis détruite a l'intérieur, sinon il fuirait. Je ne veux pas qu'il fuie pourtant. Mais je ne le veux pas dans les pattes car il m'empêche d'être au top de mon rôle. C'est accablant.

Et puis il y a eu Paolo et son air narquois. Paolo le boss. Le méchant et le gentil. Je ne devrais pas me plaindre après tout ce qu'il a fait pour moi. Mais je ne serai jamais ravie d'être tenue en laisse par qui que ce soit. Par la force, par la violence ou même par le raisonnement. Et pourtant c'est l'impression que j'avais en ce moment. Je lui ai pourtant donne son bonus. Je lui ai même dit ce qu'il devait savoir sur ma relation avec Richard. Mais il attendait plus. Peut-être croyait-il que je gagnais quelques millions. Une soirée déplaisante au point de m'avoir sorti les tripes. Je ne comprendrai jamais la médiocrité de certains :

_Hey ! Bombasse ! Viens par la !

Oui, c'est à moi que Mélanie s'était adressée lorsque le Jeudi précèdent, j'étais rentre dans le bar, un peu plus en retard que d'habitude car j'avais trop dormi :

_Tu vas ou comme ça ?

Je l'ignore en me glissant entre les tables coincées qui me mèneront à l'étage, dans repère de Paolo. La salle est déjà bondée. Les hommes rient a gorgent déployées tandis que la plupart des femmes se déhanchent seules sur la piste de dance. La musique bat son plein. Le rythme est à l'ambiance tardive. Mélanie me suit et se glisse en travers de mon chemin. J'aurais hâte le pas si je l'avais vu venir. Mais mes soucis m'accablaient un peu trop :

_Hey ! Je t'ai parlé ! Tu ne fais pas ce que tu veux ici.

_Parce que toi, si ?

_Lorsqu'on est dans les bonnes grâces du patron comme moi, oui, je peux faire certaines choses que toi tu ne peux pas. Paolo est occupé. Il ne reçoit pas maintenant. D'ailleurs tu es en retard !

_Pousse-toi. Mes affaires avec Paolo ne te concernent pas !

_Je me calmerais si j'étais toi. Faut pas énerve le patron ma chérie.

Sur ceux, elle m'envoie un baiser volant aussi traître que son air de colporteuse.

Paolo m'a reçu avec une rafale d'injures. En fait oui je le dérangeais alors qu'il se délectait du plaisir de sa nouvelle recrue. Règle impassible pour intégrer son business. Je n'oublierai jamais le jour où j'en ai fait les frais. Elle était timide et trop jeune. Je me demandais si elle avait déjà 18 ans. J'avais 20 ans à l'époque et j'étais encore frêle. Indécise entre le fait de partir ou de supporter la colère qui s'acharnait à mon endroit, elle resta cloîtrée dans un coin à cacher sa nudité. Paolo avait bu de plus. Paolo qui boit est Paolo très méchant. J'ai assez vu pour le savoir. Il m'a débite tout ce que Mélanie lui avait raconté pour avoir ses faveurs.

La fille de joie a l'identité perdueWhere stories live. Discover now