17. Tu seras un homme mon fils

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Ma mère disait toujours que la vie d'une femme était un périple sans issues : « Elles sont difficiles à comprendre et sont tout l'oppose des hommes. Il y a de bonnes filles, souvent naïves, le cœur sure la main, prêtes à sacrifier leur vie au seul nom de l'amour. Elles sont souvent malchanceuses car la bonté est souvent associée à la faiblesse. Il y a aussi les mauvaises filles. Celles qui préfèrent dominer et manipuler. Elles ne vivent que pour leur égoïsme mesquin et dans le but de faire des hommes ce qu'on leur a toujours appris d'eux : un moyen de parvenir à leurs fins. Et puis il y a les moins bonnes et presque mauvaises à la fois. Elles nagent entre la peur de montrer qui elles sont et la nécessité de panser leurs plaies à travers les hommes. Dans ce genre de situation, il y a toujours deux cas. Soit elles donnent tout le mal qu'elles ont reçu comme seul moyen de prouver leur amour, souvent obsessionnel. Soit elles attendent d'un homme la douleur qui leur est commode comme preuve d'amour. Mais tout ça ne réside que dans le subconscient la plupart du temps.

Mais toi mon fils, tu devras un jour choisir quel type d'homme tu voudras être. Tu devras choisir avec ça ta destine. Le destin d'un homme se reflète au type de femmes qu'il choisit. Il s'agit d'un investissement important. Il s'agit de de ta vie, de ton cœur et tant de choses en jeu. Ça n'a rien de facile. Tu devras te tromper. Tu devras faire des erreurs. Tu devras accepter que les autres puissent te blesser. Tu devras apprendre que tu peux aussi blesser les gens que tu aimes. Ça ne te rendra pas faible. Mais tu sais, lorsque tu rencontreras celle qu'il te faudra, tu sauras. Tu sauras que c'est la bonne. Ça ne veut pas dire que vous serez toujours heureux. Ca voudra dire que tu as trouvé la lumière en toi. Mais ne t'en fais. Ce n'est pas pour te faire peur. C'est juste pour te rappeler que tu seras un homme, mon fils... »

Des mots que j'écoutai d'une oreille distraite à mes 17 ans en me demandant ce que ma mère pouvait réellement penser de son fils. Elle ne savait pas encore que j'avais change à ce moment-là. Elle ne savait pas que Patrick m'avait déjà initié à être un homme depuis presqu'un an. Et en la regardant ce soir-là, je compris que je ne pourrais pas être l'homme que ma mère voyait en moi. Cet homme pour lequel elle a tant attendu. Je suppose qu'elle faisait partie de la première catégorie de fille. Les bonnes et naïves, mais surtout courageuse pour espérer la rédemption.

Mais lorsque le bruit du viol de cette fille a fait chemin alors que je croyais bien qu'elle s'intéressait à elle, je suis tombe des nues. C'était moi qu'elle avait voulu atteindre en croyant bêtement que la proximité avec mon meilleur ami pourrait lui faciliter les choses. Mais à ce moment, j'étais loin de me douter que Patrick n'était pas des gentils. Il avait été une sorte de mentor à ma jeunesse innocente. Il avait été pratiquement mon seul ami vu que notre classe sociale était en faveur de la situation. Par contre, Patrick avait beaucoup d'amis et il facilita mon intégration dans cette école depuis le secondaire.

Il y avait quelque chose qui ne clochait pas chez cette fille. Une chose était sure, elle n'avait pas sa place dans ce milieu. Pourtant elle y était. J'étais prêt à parier qu'elle avait une bourse car elle excellait. Mais j'appris plus tard que sa tante finançait ses études avant de mourir la même année de son cauchemar. Il y avait une telle force et une telle fragilité qui émanait de sa personne. Elle galérait souvent avec les autres filles qui ne lui rendaient pas la vie facile. Et pourtant elle avait réussi à être l'amie de Lucie, la fille albinos qui faisait un peu flipper tout le monde. Elle devait avoir un truc. Je fus surtout impressionné lorsque je la vis se bagarrer pour la première fois. Au risque de se faire expulser, elle ne supportait pas qu'on lui marche sur les plates-bandes. Elle crut malheureusement que ce principe s'appliquait à Patrick. Juste pour son malheur. Qu'est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ? Pourquoi n'avait-elle pas fait une tentative directe vers moi au lieu de passer par Patrick ?

Ce n'est que trop tard que j'ai compris qu'elle avait été une victime. Et pourtant je me suis porte garant pour Patrick. Je l'ai couvert. Je l'ai cru. Non parce qu'il était réglo, mais parce que je ne croyais pas un mec comme lui passer au titre de violeur. Jusqu'au jour où il fit sa troisième tentative avant de partir faire des études universitaires aux États-Unis. Je me rappelle de la douleur que j'ai éprouvé ce jour-là. Du sang dans ma bouche, de mon visage martelés de coups, de son nez brise. Je me rappelle de la rage que j'ai ressentie lorsqu'il a voulu poser ses salles pattes sur Bianca, une fille de seconde. Elle était éméchée et n'a pas dû se souvenir de ce qui c'était passe. Ma version des faits n'a pu être soutenue. Bianca avait trop peur de Patrick mais surtout d'être humiliée. Je compris ce soir-là quel genre d'homme Patrick voulait faire de moi.

La fille de joie a l'identité perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant