12. Angoisses

87 15 0
                                    

Je dépose le seul paquet que j'ai ramené à la maison sur mon lit défait ou je m'écroule. Je n'ai plus faim, même si j'ai du faire le déplacement pour m'approvisionner. Il est déjà 5 heures passées. Si j'ai encore besoin d'argent, j'en ai assez pour compenser mes dépenses de la semaine, tant que Stacy me rembourse. A temps que Stacy me rembourse. J'ai dû simuler une fièvre pour éviter d'aller travailler aujourd'hui, même si Paolo n'est pas si dupe. Même si je sais qu'il sait des choses. Je reste sure que Mélanie lui a prit la tête. Il adore cette pimbêche. Je marche sur un fil qui risque de se rompre a tout moment. Il fallait que je me prépare.

Et pourtant il me fallait une pause. Une pause magistrale pour relaxer mes nerfs à fleur de peau. Richard était devenu un objet d'angoisse au quotidien, tant que mon esprit se focalisait sur lui contre mon gré. Déjà trois jours que je me suis jurée de ne pas lui parler, j'ai l'impression de me torturer. Et pourtant, il le mérite. Ou peut-être que je pense qu'il le mérite. J'ai l'impression de prendre mes désirs pour la réalité et ça commence à me tomber dessus.

 Autant que Richard me paraissait inaccessible, j'aspirais a savoir un peu plus de lui, sachant que je me frottais inévitablement au pire. Mais je n'avais pas peur de me mordre les doigts. Je suppose que c'est ce qui arrive quand on a pas grand chose a perdre. Mais avec Richard c'était différent. J'avais peur qu'il me jette définitivement et il fallait user de tous les moyens pour qu'il ne le croit pas. Tant qu'il voyait en moi une femme forte, il n'y avait pas de risque. Tant qu'il n'était pas trop prêt, je parais le danger. Ça devait marcher. Et pourtant...

Comment cela va-t-il pu arriver ? Comment Richard a-t-il pu prendre une certaine place que je n'ai pas préparé pour lui dans mon cœur émiette ? Ce serait une chance qu'il appelle. Tant que nos ego se confrontent, on restera loin de l'autre. Pourvu que je ne sois pas la première à céder. Peut-être que ça franchise brutalement forcée m'a prise de court même si je savais la vérité. Mais ça remet tout en question : Il y a quelque chose chez toi qui m'attire...Tu m'en diras tant.

Et pourtant je n'ai pu cesser de m'imaginer les mains frêles de cette connasse parcourir son corps. Elle est sa copine non ? Alors pourquoi suis-je autant jalouse ? Remontée même. Nathalie est une fille trop belle à regarder. Un teint clair, des extensions en boucles moyennes cadre parfaitement son petit visage rond de diva. Sophistiquées pour le mieux, maquillage de prix, vêtements de marques, physique élance, je partirais qu'elle va au gym. Tout ce que je ne pourrai jamais avoir. Tout ce que je ne serai jamais.

J'ai à nouveau l'impression de me retrouver au secondaire. A cette époque ou je fréquentais une école trop bien pour moi. A ce moment où j'avais de réelles chances de m'en sortir. Je n'ai pas toujours été à ma place et Richard me confronte cruellement à cette réalité encore aujourd'hui. Nathalie est une fille trop socialement présentable. Malgré ses petits seins, je dois l'admettre. Elle avait du charme dans la voix en plus. Un peu comme si elle dansais avec les mots suspendus aux lèvres. Sa famille devait avoir l'argent et le réseau nécessaire à faire de leur fille une reine. Moi je n'avais personne. Personne ne croyait réellement que ma vie pourrait un jour rimer à quelque chose. Même pas ma mère.

Je prends mon téléphone et vérifie l'heure qui marche à tâtons. Non, je ne guette pas des messages de Richard mais de Stacy. Stacy a disparu depuis déjà deux jour et cette fois, je m'inquiète sérieusement. Pas de message, pas de signe. Le pire, c'est qu'elle m'a piqué de l'argent supplémentaire. J'ai eu la gentillesse de lui prêter mille gourdes pour sa cure et cette idiote m'a quand même pique mille gourdes . Je ne savais pas exactement ce que serait ma première réaction en la voyant. Je fulminais. Cette fois, pas d'empathie. Pas de patience. Je devais tout le temps fermer les yeux sur ses conneries. Pas cette fois.

La fille de joie a l'identité perdueWhere stories live. Discover now