63. Retour vers le passé

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Une demi-heure plus tard, sur un canapé rempli de crottes de nez...

Cette porte, c'est celle de Gabin.

Non : ce n'est ni une blague, ni un cauchemar. Ça fait dix minutes que je raconte le pire et le meilleur rencard de ma vie à mon ex, qui prépare une pâte à crêpes pour le dîner.

Oui, c'est un détail important. Nous sommes en Bretagne !

Mais la vraie question, c'est : « qu'est-ce que tu fous là, Emy, BORDEL DE SALSIFIS ? »

Je me la suis posée pendant une ou deux secondes, avant de me raviser : je sais pourquoi je suis là. Je l'ai su dès que mes pieds ont à nouveau foulé la plage de Morgat, il y a une demi-heure à peine.

Même si j'ai tout fait pour l'éviter, j'ai fini par me retrouver devant le fait accompli. Impossible de le nier plus longtemps : mon cœur est encore attaché à celui de Gabin. 

Comme une chaîne à son boulet.

Sinon, je l'aurais bloqué encore et encore, jusqu'à ce qu'il cesse de me contacter.

Sinon, je ne me serais pas refusé d'aimer quelqu'un d'autre. 

Surtout si ce « quelqu'un » est le type le plus gentil du monde.

J'ai conscience de ma bêtise, promis, mais je ne peux pas faire comme si de rien n'était avec Maxence alors que j'ai la sensation d'être infidèle. 

À Gabin, à moi, aux deux à la fois.

— ... et j'ai embrassé Max, conclus-je, à demi essoufflée après avoir conté le récit de mes mésaventures. Ah, non : c'est lui qui m'a embrassée. C'était la quatrième fois, donc forcément, c'était différent... 

La quatrième ? m'interrompt mon ex en lâchant sa spatule.

Les mots franchissent mes lèvres avant que je ne puisse les retenir :

— C'est arrivé une fois, le soir où on a cru que j'étais enceinte, quand tu m'as bloqué le dos et que tu as perdu ta dent. Tu te rappelles ? Puis une autre, quand on a participé au faux anniversaire de ma boss, et encore...

Mais je m'arrête net en réalisant que Gab' n'était pas au courant de la première fois... et qu'il n'aurait jamais dû l'être.

Quelle quiche ! C'est là qu'il fallait mentir ! Pas avant ! Ni après ! 

— Mais on sortait encore ensemble, à cette époque...

Mon silence se charge de confirmer l'évidence.

— Tu m'as trompé ! comprend-il, sidéré par cet aveu inconsidéré.

— C'était un accident ! me justifié-je avec maladresse. Ce baiser n'avait aucune valeur, je te le jure ! J'étais tellement soulagée... Si tu avais été à côté de moi quand j'ai appris que mon dossier avait été échangé avec celui d'une autre patiente, c'est toi que j'aurais embrassé. J'étais confuse, et nous avons rompu avant que je ne trouve les mots pour t'en parler, alors je ne l'ai pas fait.

Et je ne comptais pas le faire, mais ça, mon ex n'a pas besoin de le savoir.

Il s'appuie contre le frigo, et me fixe comme si j'étais une étrangère.

Si ses réactions m'ont paru disproportionnées, parfois, ce n'est rien en comparaison du regard qu'il m'adresse à cet instant. Je suis tout bonnement incapable de l'affronter, trop honteuse que quelqu'un me confronte à mes erreurs. 

Surtout s'il s'agit de Gabin. 

— Arrête, Em' ! Tu ne peux pas me dire que ça ne signifiait rien alors que tu as galoché ce type trois fois par la suite !

LES AMOURS ÉPONYMES 1Where stories live. Discover now