18. La vie cachée de Gabin

2.9K 410 422
                                    

Un jour plus tard, jeudi 11 avril 2024, dans la maison des Jaouen...

Aujourd'hui, c'est jeudi. Et pour bien commencer cette nouvelle journée, mon ami le cholestérol et sa copine entorse-fracture-jenesaispasquoiexactementmaisentoutcasçafaitmal ont décidé de prolonger leur séjour dans mon corps. N'oublions pas non plus Madame la scoliose et son cousin le lumbago, deux invités de qualité toujours présents pour accentuer les douleurs !

Ah, jeudi... je sens que tu vas être long.

Comme la résidence Jaouen se situe à plus d'une demi-heure de l'arrêt de bus, j'ai appelé Gérard à la rescousse et il m'a gentiment déposée au travail. Il faudra que je pense à le remercier avec une ou deux boîtes de chocolats.

Deux, de préférence, étant donné qu'il prend son gendre pour un radin juste parce qu'il ne lui en a offert qu'une seule à Noël.

J'aurais aimé profiter de mon retour chez Papa et Maman pour savourer mes premières heures de célibat, mais la réalité de la vie m'a rattrapée : l'espace culturel m'attend, et ses cartons remplis de romans avec lui. Le paradis pour une lectrice comme moi, mais l'enfer pour mon dos en désarroi.

Comme si ça ne suffisait pas, il faut que j'aille récupérer mes affaires chez mon ex...

« Mon ex ». En le criant haut et fort, je ne peux m'empêcher de me sentir comme Rachel Green ou Susan Mayer, même si mon quotidien est beaucoup moins palpitant que celui des personnages de mes séries préférées. Et puis, c'est la première fois que j'ai un ex. Il faut bien qu'il serve à quelque chose, non ?

🧡🧡🧡

Neuf heures et une journée de travail plus tard...

Après avoir entassé des cartons toute l'après-midi, à l'abri de Jade et de ses yeux affutés comme des lames de rasoir, je me prépare à affronter Gabin. Ça m'étonnerait qu'il traîne dans les parages après la tournure qu'a pris notre rupture, entre ses regrets de tartiflette et ma joie mal dissimulée, mais ça ne m'empêche pas de trembler en rassemblant mes affaires dans la salle de pause.

Pour une fois, j'aurais bien voulu faire des heures sup'.

Ce jeudi a été relativement calme, entre la faible affluence à l'espace culturel et la mystérieuse absence d'Arielle, à qui Jade m'a promis de remonter les bretelles. J'ai bien aperçu Théo rôder du côté des jeux vidéo, mais il était hors de mon champ d'action, et comme sa grande sœur m'a spécifié de le laisser tranquille sauf s'il « fout le feu au magasin », j'ai préféré l'ignorer.

La Passe-Miroir aura sa vengeance.

Un texto me ramène à la réalité. Impossible de reculer : il est temps d'affronter le dragon Gabin... même si j'espère qu'il aura décidé de pioncer au fond de sa caverne. Avec un peu de chance, ma révélation sur ses crottes de nez lui a fait suffisamment d'effet pour le convaincre de se tenir à distance !

Comme je préfère éviter d'engager des déménageurs pour déplacer le bordel de mon « ancien » à mon « encore plus ancien, mais néanmoins nouveau » chez-moi (aka la demeure familiale), j'ai demandé à ma mère de m'aider, mais elle a refusé de participer à toute opération susceptible de m'éloigner encore plus de son « pauvre gendre ». Rozy et moi avons beau lui avoir rappelé la définition d'une rupture, dictionnaires à la main, elle n'a rien voulu entendre, et a interdit à Papa de s'impliquer dans cette affaire.

Par défaut, j'ai appelé Gérard. Il a tout de suite accepté.

Il faut vraiment que je pense à lui acheter une boîte de chocolats. Trois, même ! Il les a bien méritées.

Le trajet se déroule dans un silence mesuré, entre mes claquages de dents et les anecdotes du vieux schnock.

— J'vous ai raconté la fois où j'ai pêché une mouette ?

— Une mouette ?

— Ouep ! Elle m'cassait les pieds, à m'tourner autour, alors j'ai brandi ma canne à pêche, et PAF ! Assommée, la sale bête ! Puis PLOUF ! À l'eau ! J'l'ai r'chopée un quart d'heure plus tard en r'montant ma deuxième canne à pêche.

— Mais elle était...

— Raide comme un rat mort ! Ah ça, c'est moi qui vous l'dis. C'était pas du pesket, mais fallait s'en contenter. J'allais quand même pas rentrer bredouille !

Note à moi-même : ne jamais partir pêcher en compagnie de Gérard. Il serait capable de me confondre avec une mouette, et je ne sais pas nager.

Il s'apprête à me raconter la fois où il a rencontré sa deuxième femme, Jacqueline, lorsque nous arrivons devant la maison de Gabin. Problème : un autre véhicule compromet notre mission déménagement. Une C3 Picasso rouge.

— Je connais cette voiture, marmonné-je en fronçant les sourcils.

Oui, je la connais...

Le vieux Schtroumpf ne me laisse pourtant pas le temps de confirmer la très, très mauvaise intuition qui me tord le ventre : il se rue vers l'entrée et ouvre la porte à la volée.

— Gérard, att...

Mais je m'arrête net en apercevant Gabin et Arielle s'embrasser à pleine bouche sur le canapé du salon. Avec la langue.

Et les crottes de nez.

Et les crottes de nez

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Les joies du célibat... Des cartons, un déménagement, et un ex qui passe un peu trop rapidement à autre chose. 😅 Vous en pensez quoi, du baiser Garielle ? (avouez que ça fait un meilleur nom de ship qu'Ebin... 😭)

Sur une échelle de 1 à 10 (1 signifiant « très mauvais » et 10 « très bon »), comment Emy s'en est-elle tirée pour cette première journée post-rupture ?

Et combien de boîtes de chocolats doit-elle offrir à Gérard afin de le remercier pour ses bons et loyaux services ? 🍫

Et combien de boîtes de chocolats doit-elle offrir à Gérard afin de le remercier pour ses bons et loyaux services ? 🍫

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.
LES AMOURS ÉPONYMES 1Where stories live. Discover now