23. Biographie sentimentale de l'emyscargot

2.7K 397 322
                                    

Un jour plus tard, vendredi 12 avril 2024...

Bzzz. Bzzz. Bzzz.

— Laisse-moi tranquille, espèce de churros à l'ammoniac...

Bzzz. Bzzz. Bzzz.

J'agite la main dans tous les sens pour chasser la guêpe, le moustique ou n'importe quel insecte s'échinant à troubler mon sommeil, mais le bruit persiste.

Bzzz. Bzzz. Bzzz.

— Pardon, c'est mon réveil, marmotte une voix tout près de mon oreille.

J'ouvre les yeux, mais dois les frotter très fort et plusieurs fois pour m'assurer que ma vue ne me joue pas des tours : Max est allongé sur le matelas avec moi.

— Nom d'une gelée de moules ! Ne me dis pas qu'on a couché ensemble !

— Non ! s'exclame-t-il aussitôt, horrifié. J'ai dû tomber de mon lit durant la nuit. Ça m'arrive, parfois.

Je laisse mon regard dériver de son front à ses pommettes, perplexe.

— Ça ne signifie pas que je n'aurais pas voulu...

Mais Max s'interrompt de lui-même et fronce les sourcils en fixant le coin de ma bouche.

Je porte la main à mes lèvres, persuadée d'y découvrir un bouton, mais mes doigts entrent en contact avec une substance aussi visqueuse qu'une limace : de la bave.

Je bondis sur mes pieds, complètement paniquée. ALERTE BAVE ! ALERTE BAVE ! Cette fois, c'est sûr : je me suis définitivement transformée en gastéropode.

L'Emyscargot

Dangerosité : – 1 000.

Nombre de spécimens recensés : 1. 

Mode de reproduction : impossible. 

Utilité : aucune.

— Attention à ta cheville ! s'écrie mon compagnon de dodo en s'élançant à ma suite dans le couloir.

Je loupe la porte de la salle de bain et fonce dans la cuisine, mais m'arrête net en découvrant Monique, une paire de ciseaux à la main. Elle sursaute, surprise par mon arrivée, et découpe plusieurs mèches à hauteur du menton d'une jeune femme aux longs cheveux bruns.

Sa cliente.

La seconde suivante, Max me rentre dedans. Dans un réflexe surhumain, il enserre ses bras autour de ma taille pour amortir la chute. Ça ne m'empêche pas de m'éclater la tête sur la table basse, mais je suis touchée par cette attention.

— J'avais oublié de te prévenir que ma mère travaillait depuis la maison, en attendant l'ouverture de son salon de coiffure. 

— Ça aurait été utile de le préciser, en effet. Tu penses que si je reste étalée comme une crêpe, je pourrai échapper à l'avalanche de honte qui m'attend, là, tout de suite, maintenant ? 

— Malheureusement, non.

Maxence bascule sur le côté tandis que je me ratatine sur place, gênée au possible. 

— Et moi qui étais toute contente que Maxou ait enfin ramené une fille à la maison... gémit sa mère en contemplant le désastre capillaire que viennent de provoquer mes frasques. 

— Monique, je suis terriblement et atrocement... 

Mais mes yeux manquent de sortir de leurs orbites lorsque je relève la tête et lis l'heure sur l'horloge accrochée au mur.

LES AMOURS ÉPONYMES 1Where stories live. Discover now