Chapitre 33

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EDEN

— Mais qu'est-ce qu'il se passe Tim ! hurla maman.

Non. Silas était là, je le sais, je l'ai vu, nous avons fait l'amour et puis j'ai... Je l'ai tué ?

— Maman..., murmurai-je. C'est moi, j'ai tué Silas, ici, je l'ai tué...

— Ma puce, tu ne sais pas ce que tu racontes, viens t'asseoir et dis-moi ce qu'il s'est passé hier soir ? Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

Je revoyais tout, toute la scène, les yeux de Silas rempli de larmes, mon couteau s'enfonçant dans sa chair encore et encore, Jonas... Jonas était là aussi, il était là, pourquoi il n'y avait plus rien ? Je laissai ma mère m'installer sur le fauteuil de ma chambre, sous le regard de Tim et Anne Smith.

— J'ai tué Silas, ici, cette nuit, il y avait du sang partout, je l'ai tué, Jonas était là aussi, il... Maman, je... Je sais pas pourquoi j'ai fait ça, je sais pas, pleurai-je.

Anne Smith était en train de hurler, et papa me regardait avec pitié. Mon souffle se fit erratique, mon coeur me paraissait lourd, je regardai mes mains et je vis du sang en couler, le sang de Silas. Je vis ses mains tenter de m'attraper, de m'arrêter, et je me vis rire, sous le regard de Jonas, je me vis rire, alors que je tuais le garçon que j'aimais.

Je n'arrivai plus à respirer, je n'y arrivai plus, il y avait beaucoup d'agitation autour de moi, pourtant je hurlai, du moins je le croyais, je hurlai jusqu'à ce que mon esprit s'en aille loin d'ici, et je sombrai. 

ASHLEY MOORE

Après l'incendie à l'église, je rentrai à la maison, Eden était déjà partie, du moins elle était partie. Les mots de Tim m'avaient mis dans une rage sans nom, c'était ma fille, quoi qu'ils en disent, c'était ma fille ! J'avais conscience de l'importance du rituel, j'avais vu à quel point maman avait été élevée après ça, mais une partie de moi, une infime partie de moi, peut-être celle qui était persuadée qu'Eden méritait de vivre une vie normale, refusait ce rituel.

John était un lâche, il savait ce qu'il se passait, mais il n'y participait pas, son père était l'initiateur du mouvement, mais peut être que le fait de ne pas savoir s'il était vraiment le père d'Eden le perturbait. À ce stade, ça ne comptait pas, elle était là et c'était de plus en plus difficile. La maladie mentale de maman avait touché Eden, et ça rendait tout ça beaucoup trop compliqué. Ses troubles de la personnalité nous avaient forcés avec John à user de moyens drastiques pour lui faire oublier certains moments. J'avais eu peur quelques étés plus tôt qu'elle devienne accroc à l'héroïne, mais John connaissait les dosages parfaits, et la procédure exacte pour que l'effet escompté apparaisse.

J'ouvris la porte de la maison, mais cette dernière n'était pas verrouillée. Je sus tout de suite que quelque chose n'allait pas lorsque j'entendis de la musique émaner de la chambre d'Eden. Je montai rapidement et ouvris la porte avant de m'arrêter brusquement devant le tableau qui se peignait devant moi.

Eden était en train de danser, sur La Foule d'Edith Piaf, elle tournoyait sur elle même, sa robe de nuit blanche couverte de sang, et le corps de Silas Smith gisant sur le lit. Le couteau ayant servi au crime était encore dans la poitrine de Silas et Eden tournoyait en riant, et en chantant. Je refermai la porte doucement, sous le choc, et courut jusqu'à notre chambre réveiller John.

— John ! John réveille-toi !

Il marmonna dans sa barbe, il était ivre. J'allai dans la salle de bain et pris un verre d'eau froide avant de lui balancer à la figure avant qu'il ne se réveille en sursaut.

Pourquoi j'ai tué Silas SmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant