Chapitre 5

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                                                                                          EDEN

Les bras de Silas étaient comme une de ces vieilles sensations qu'on avait tous eues une fois dans notre vie.

Par exemple, lorsque notre grand-mère nous prenait dans ses bras une après-midi d'été, autour d'une citronnade et d'une de ces tartes dont seules les mamies avaient le secret. Ou alors lorsqu'on était persuadé que notre papa nous avait offert le cadeau de nos rêves pour Noël, mais que le voir sous le sapin le matin au réveil, ôtait le petit doute qui persistait malgré tout. Vous savez ce sentiment de bonheur, ce sentiment de sentir bien, entière, comblée, c'était ce que je ressentais dans les bras de Silas.

La promesse que nous nous étions faite, une partie de moi était certaine qu'elle allait être brisée, mais je me jurai de faire de mon mieux pour la tenir.

Tout en moi hurlait, allait dans tous les sens, je ne savais pas ce qui m'avait pris, c'était comme si une partie de moi voulait prendre le dessus, une partie que je ne connaissais pas, où alors que je connaissais plus ? Est-ce que je voulais vraiment mourir ? Non, non, je ne voulais pas, surtout à cet instant précis, je ne voulais pas.

Quelque chose tentait de se frayer un chemin dans mon esprit et le regard de Silas m'apparut soudainement. Il y avait quelque chose de familier dans celui qu'il m'avait lancé avant que je ne lâche prise et que j'appuie sur la gâchette. Quelque chose d'ancien, comme une bribe de ces souvenirs d'enfance qu'on nous racontait tant de fois, qu'on finissait par en revoir des scènes alors qu'on ne s'en souvenait plus au départ.

— J'aimerai rester ici, comme ça, soufflai-je.

— On peut Eddy, on peut rester juste toi et moi.

— Eden Moore et Silas Smith, ris-je nerveusement. Ta réputation en prendrait un coup, la belle garce et le saint.

Il me prit le visage entre les mains et me regarda dans les yeux.

— Ne dis plus de choses pareilles Eden, s'il te plaît...

Son regard me troubla, il était différent de d'habitude et à la fois familier, comme si je l'avais déjà croisé, quelque chose le préoccupait.

— Silas...

J'étais bouleversée soudainement, les larmes jaillirent de mes yeux sans que je ne comprenne, et une voix souffla dans ma tête « protège-le Eden »

— Eh... Qu'est-ce qu'il se passe ? dit-il en me prenant dans ses bras.

— Je vais te faire souffrir..., murmurai-je avant de réaliser les mots que je venais de prononcer.

— Depuis que je te connais, tu ne me fais que du bien Eden Moore.

Il mentait, je le savais, il voulait me rassurer, mais je le savais.

— Si jamais un jour je te fais du mal, ce ne sera pas volontaire, je ne te ferai jamais de mal consciemment Silas, jamais.

— Ne pense pas à ce qui pourrait arriver Eddy. Et si on décidait de ce qu'on fera demain par exemple ? On pourrait aller à Little Rock, flâner dans les rues, pique-niquer au Pinnacle Park, juste tous les deux qu'est-ce que tu en dis ? Ça nous ferait du bien, du moins ça me ferait du bien...

J'avais envie de passer ma main dans ses magnifiques boucles brunes, le dimanche il les plaquait tellement qu'on n'aurait jamais imaginé qu'ils étaient bouclés, mais j'adorais ses cheveux naturels. Ça lui donnait un air angélique, deux épais sourcils venaient encadrer son regard de jais. Ses traits étaient fins, un nez parfaitement droit, des dents éclatantes et des lèvres, légèrement boudeuses, remplies. Il avait une tache de naissance ovale sur le menton, sa mâchoire était légèrement carrée, et son teint était hâlé, toute l'année. Grand, dépassant le mètre quatre-vingt, il pratiquait le baseball, la natation et l'athlétisme.

Pourquoi j'ai tué Silas SmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant