Chapitre 16

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EDEN

— Encore un kilomètre Eden, courage.

Je transpirais comme un bœuf sur le tapis de course de mon kiné, mais j'avais traversé tant de difficultés que je courrai presque avec plaisir.

Six semaines que j'avais commencé la rééducation et j'en voyais enfin le bout, j'apercevais la liberté de trouver toutes les réponses aux questions qui m'avaient d'abord bouffées l'esprit pour finir par être ma seule source de motivation. Même si mon réveil s'était bien passé, la chute avait été rude, mon corps avait oublié comment marcher et se coordonner et il avait fallu que je réapprenne, difficilement, mais j'y arrivais. Récupérer mes fonctions motrices était la priorité, et en même temps m'empêchait de penser à tout ce qu'il s'était passé, au risque de sombrer de nouveau. 

Aucun souvenir ne m'était revenu de cette dernière année, pas mêmes des bribes et le médecin m'avait assuré que le temps serait mon seul allié, tout en insistant sur le fait que je n'allais peut être jamais retrouver la mémoire à cause du traumatisme crânien. Après la phase d'égarement dans laquelle j'étais à mon réveil, la détermination avait été au rendez-vous, mais désormais j'étais en colère. La première chose que je devais faire en sortant d'ici, c'était d'aller voir Nathanael Cohen, Jonas lui avait laissé la clé de la cabane et plus d'un an était passé depuis, il avait intérêt de me dire ce qu'il s'était passé. 

— C'est très bien Eden, me dit Alan mon kiné. Tu es libre, tu peux retourner dans ton trou perdu la belle Eden. 

Mes parents avaient décidé de m'envoyer dans un centre de rééducation à Dallas et je n'avais pas eu mon mot à dire. Je devais rentrer aujourd'hui, et j'étais impatiente et stressée à la fois, les journaux parlaient à peine de la mort de Jonas expliquant que l'enquête suivait son cours, rien d'autre.

— Merci pour tout, Alan, dis-je en descendant du tapis. Tu es vraiment le meilleur. 

— C'est ta motivation qui a fait le boulot Eden, prends soin de toi et s'il te plaît, ne sois pas aussi garce en rentrant, lança-t-il en riant. 

— Si je n'étais pas une garce, je ne m'appellerais pas Eden Moore. 

— Allez file ! 

Je l'étreignis rapidement et lui souris avant de m'en aller. Ma mère était déjà ici alors je pris une douche rapide et descendis la rejoindre. 

— Bonjour Eden, comment tu te sens ? 

— Ça va, dis-je brièvement. Où est papa ? 

— Il est à l'hôpital, il rentrera ce soir.

Le trajet fut rapide, une heure de vol jusqu'à Little Rock et nous arrivâmes à la maison en fin d'après-midi. Je sentais déjà l'atmosphère lourde et l'ambiance étrange de la ville, les rares personnes que nous avions croisées m'avaient salué,  mais quelque chose avait changé. J'avais l'habitude de voir de l'admiration, du désir, du respect et même de la haine parfois dans les regards, mais là c'était autre chose, je sentais que j'avais perdu un peu de ma stature, que j'éveillais les soupçons et ça je ne comptais pas l'accepter. 

— Bon retour Eden ! entendis-je crier lorsque j'ouvris la porte de la maison. 

Je sursautai de surprise et jetai un regard circulaire à la foule. Oui la foule, car il y avait presque cinquante personnes présentes et les seules que j'étais contente de voir étaient Charly et Matt peut-être. J'arborai mon air le plus hautain et traversai le salon pour monter dans ma chambre, sans un mot. 

— Eden, tes amis ont voulu te souhaiter la bienvenue, tu pourrais quand même les saluer ? dit ma mère en souriant hypocritement. 

— Mes amis ? répétai-je en pouffant. Ils sont juste curieux de voir si je suis toujours la même. 

Pourquoi j'ai tué Silas SmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant