Chapitre 11

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Sherwood, septembre 2017

JONAS SMITH

Jamais je n'aurais cru ressentir autant de peur, elle me terrasse au point de ne plus pouvoir avancer. Je sais ce que je vais voir, je le sais, mais je le croirai vraiment que lorsque je le verrai, comme Saint Thomas.

J'avance, les mains moites et la sueur perlant sur mon front lorsque j'ouvre la porte. Je ne voulais pas y croire, je ne veux pas y croire, un haut-le-coeur me prend et je vomis à l'entrée de la pièce.

— Jonas ?

Ils se retournent tous et me regardent, en colère pour certains, surpris pour d'autres, mais leur regard à eux est rempli de panique. La scène qui se déroule sous mes yeux est insupportable, je croise son regard, ses yeux si magnifiques, ses yeux qui m'ont suppliée... Ses yeux qui m'ont supplié ?

Je réalise alors que tout est vrai, ce ne sont ni des cauchemars ni des hallucinations, ce sont des souvenirs, comment j'ai pu oublier tout ça ? Non... C'est impossible...

— Jonas, qu'est-ce que tu fais ici ?

— Oh mon Dieu... J'ai... Non... Non ! Non !

Je hurle, ma tête va exploser. Tout est vrai, c'est moi qui ai commis cette horreur, tout est vrai...

— Jonas !

Je sens qu'on me secoue, je sens qu'on essaye de me calmer, mais je ne peux pas. Je comprends tout, tout ce qui se passe à Sherwood, le rôle de chacun m'apparaît clairement, ma famille a sa part dans cette horreur, j'ai ma part...

On me tient les jambes et les bras, je croise ces yeux que j'aime tant et une aiguille est plantée dans mon cou. La dernière chose que je vois sont les magnifiques peintures qui ornent le plafond.

— Il faut qu'on s'occupe de lui ! Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans ça ? Qu'est-ce qui importe le plus ? Merde ! 

Les autres voix sont floues, mais celle de Mme Connery est distincte et remplie de haine. Je me sens nauséeux et je peux sentir mon cœur battre la chamade.

— C'est hors de question ! C'est un des nôtres, il est précieux Mary, beaucoup trop ! 

— Est-ce qu'il sera aussi précieux lorsqu'il causera la perte de tout le monde ? Vous êtes prêts à risquer tout ce qu'on a bâti depuis des années pour un gamin un peu trop curieux ? Je savais qu'il ne rentrerait pas dans les rangs, je l'ai su dès que je les ai vus ensemble Samuel et lui...

— Mary, je...

— Non ! La règle est la règle, vous n'avez aucun droit de parole et vous le savez, il faut qu'on vote alors votons.

Je m'agite, je sens la fin à des kilomètres, mais la substance qu'on m'a injectée m'empêche de faire le moindre mouvement. Samuel... Je me souviens du jour de sa disparition comme si c'était hier, je me souviens aussi de tout ce que j'avais cru voir et qui s'avère être vrai aujourd'hui.

— Tout ira bien Jonas, je te le promets...

Mon regard se tourne vers une porte qui s'ouvre,  je croise le regard d'Eden Moore, la belle Eden. Son regard d'habitude si brillant est éteint, mort. J'ai toujours aimé cette fille, malgré les trois années qui nous séparent, j'ai toujours eu envie de la protéger, de la sauver, mais c'était trop tard. Elle a le même regard que Samuel avant qu'il ne disparaisse, je me sens sombrer avec une seule pensée, la belle Eden insouciante avait disparu, et j'en suis responsable...

Sherwood, de nos jours.

                                                                             EDEN

Pourquoi j'ai tué Silas SmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant