12: les voix

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Ils étaient tous les trois assis dans la diligence. Personne ne parlait, et personne n'osait discuter de l'incident de la foret.
Pour briser le silence, le garçon aux cheveux noirs commença :

-Pendant que vous discutiez avec Emilia et son beau frère, je suis allé à un hôtel proche d'ici.
J'y ai appris que Théodore Fawkes nous ment.

L'intérêt de l'inspecteur se raviva soudain. Il posa des yeux pétillants de curiosité sur son apprenti, et lui demanda de continuer ses propos.

-Contrairement à ses dires, ça fait plus de trois semaines qu'il est arrivé. Donc il n'est pas du tout venu ici pour faire son deuil, vu qu'il était là avant le meurtre !

-Intéressant. Murmura le grand brun au haut de forme.

-De plus, la réceptionniste m'a confirmé qu'il est sorti le soir du meurtre. Qu'en pensez vous ?

Bradford, excité d'avoir enfin une piste, réfléchit à vitesse lumière. En effet, vu qu'il était de la famille, il pouvait avoir les clés de la maison, et donc entrer sans casser la serrure. Et puis il avait un mobile. Le travail de rêve et la maison qui lui revenaient de droit.

Il pouvait en effet faire parti de la liste des suspects.

-J'en pense que ça se tient ! Tu as fait du très bon travail mon cher Victor. Et vous mademoiselle Cook ? Qu'en pensez vous ?

La femme paraissait distraite. Elle n'arrêtait pas de repasser en boucle dans sa tête les événements de la forêt.
Conmment avait-il fait ? Se demandait-elle.

Il l'avait simplement rassuré, et petit a petit les voix se sont tues, et les yeux qu'elle voyait ont disparus.
Jamais une telle chose ne lui était arrivé. Elle avait ressenti une telle douceur !

Un appel la tira soudainement de ses pensés :

-Adelaïde! L'appelait l'inspecteur.

-Oui qu'y a-t-il ? S'empressa a-t-elle de demander en essayant de se rappeler combien de temps avait duré son absence.

-Que pensez-vous de la théorie de Victor?

-Comment ? Excusez moi je n'écoutais pas, qu'elle théorie ?

-Pensez-vous que Théodore Fawkes peut être le tueur?

-Il pourrait. Il a une partie du profil. Je ne suis pas encore certaine, mais cette piste n'est pas à négliger. Répondit-elle avec un air distant et distrait.

Le voyage continua dans un silence complet. Seul la respiration régulière et profonde de la jeune rousse qui s'était endormie berçait les réflexions des deux hommes.

Elle fit un rêve pendant les vingt minutes de trajet qui les séparaient de la maison dans laquelle elle était accueillie.

Tout était sombre. Tout était calme. Pas un bruit ne pouvait venir percer le silence. Ce silence pesant, angoissant. Elle, elle pleurait, au milieu de l'obscurité, mais aucuns de ses sanglots n'arrivaient à retentir dans ce calme assourdissant.
Elle se sentait perdue, comme toujours. Et d'un coup, la silence se brisa. Toujours plongée dans une obscurité totale, des voix, des milliers de voix retentissaient toutes en même temps, créant une confusion toujours plus assourdissante, déstabilisante.

Ces voix, elles n'étaient pas le fruit d'un rêve. Elle les entendait réellement. Continuellement.

Elle se réveilla aussi-tôt en sursaut, secouée par le véhicule qui s'arrêtait. Ils étaient enfin arrivés.

La soirée ne fut pas de tout repos, car malgré l'affaire en cours, et la présence d'une invitée, l'inspecteur et son apprenti devaient continuer de passer leurs nuits à emballer leur affaires en vue du déménagement qui approchait à grands pas.
Bien sûr Adélaïde les aida dans leur tache.

Troublée par tout ce qui lui était arrivé aujourd'hui, l'esprit vagabondant, elle fit tomber une tasse qui se brisa net.

-Mademoiselle Cook! La théière et maintenant la tasse? Qu'avez vous contre mon service à thé? Tempêta Bradford en rangeant ses vieux livres abimés dans un carton.

La dame se confondit en excuses,  et une larme perla au coin de son œil. L'inspecteur savait parfaitement qu'elle n'était pas le genre de femme à pleurer pour rien, ou à s'embarrasser de telles manières. Il voyait bien que quelque n'allait pas.

-Que vous arrive-t-il ? Demanda-t-il en posant une main bienveillant sur l'épaule de son invitée.

Adélaïde faillit répondre, mais elle se ravisa, et ses mots se perdirent dans sa gorge forment ainsi un borborisme incompréhensible.

-Mademoiselle, ne vous avisez pas de garder ça pour vous, ou vous dormirez dans la cave cette nuit. Dit-il d'un air plus dur en fronçant ses sourcils et en enlevant son monocle.

Elle ne l'avait jamais vu sans son monocle. Ses yeux paraissaient si doux, et si persuasifs en même temps. Elle ne pu plus retenir plus longtemps ses larmes, qui lui brouillaient la vision, et se décida à révéler le fond de sa pensé.

-Depuis votre visite, il y a six mois, les voix sont de plus en plus fortes.... Elles sont présentes en permanence.... Elles hurlent.... Je n'en peux plus....

Le grand brun savait qu'elle entendait parfois des voix, mais il ne savait pas qu'elles étaient si pesantes.

-Je fais de plus en plus de crises, et j'ai peur de blesser quelqu'un un jours. Reprit-elle avec une voix étouffée et apeurée.

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A SUIVRE

Tome 2: Les ombres de la mortWhere stories live. Discover now