11: crise

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Étonné, le grand brun se tourna vers la femme embarrassée.

-N'aviez vous pas dit que les frères et soeurs de votre mari étaient à l'étranger ?

C'est l'homme en question qui répondit :

-Si, mais en apprenant la mort de mon frère, une telle tristesse m'a envahi et je suis revenu à ma ville natale pour lui rendre hommage.

Quelque chose de très faux sonnait dans ce discours. Tout comme la fausse tristesse et la fausse modestie de cet homme.

Adelaïde Cook fut de suite dégoutée de la personnalité mensongère et dominatrice de cet homme.

-Tu es surtout revenu pour prendre la maison et le travail de ton frère! S'exclama Emilia dans tous ses états.
Tu n'es qu'un vautour!

Lors de ces échanges houleux, l'inspecteur appris qu'en effet, si Henry Fawkes mourrait, l'argent, le travail, et la maison familiale du défunt revenait de droit à cette pourriture qui lui servait de frère.

Ils continuèrent à se disputer encore un quart d'heure, puis la rousse pris à part madame Fawkes pour la calmer. Toute cette histoire avait tellement attiré l'attention, que Victor pût s'éclipser sans aucuns problèmes.

-Qui êtes vous? S'étonna la femme aux longs cheveux noirs en découvrant Adelaïde.

-Je suis une amie de messieurs Bradford et Smith. Ils m'ont appelé pour vous aider. Respirez profondément et dites moi ce qui se passe.

La rousse avait un sourire si amical, qu'Émilia ne pût s'empêcher de tout raconter.

Bien sûr qu'elle avait l'air amicale, mais à l'intérieur elle hurlait. Elle luttait de toute son âme contre cette pulsion qui la dévorait.
Son pouls s'accéléra, sa respiration devînt plus difficile, ses yeux s'embrumairent, et elle se mit à trembler.

Cette sensation, elle ne la connaissait que trop bien. Et elle la haïssait.
Elle devait s'enfuir, et vite.

Heureusement, madame Fawkes se rendit compte de l'état de son invitée, et inquiète lui demanda:

-Madame vous ne vous sentez pas bien? Puis-je faire quelque chose pour vous?

Adelaïde secoua la tête dans un signe négatif, et dit difficilement avec un regard étrange :

-Non.... Je dois juste sortir.

Elle ouvrit la porte, et se mis à courir le plus vite possible en direction de la forêt. Là au moins il n'y aura personne se disait-elle.

Pendant ce temps, l'inspecteur Bradford continuait d'interroger Théodore Fawkes.
C'était un homme très imbu de lui même, et hautain.

Il disait être revenu pour faire le deuil de son frère, mais ne niait pas être très intéressé par le poste qu'il pouvait gagner grâce à ce décès.

C'est alors qu'ils virent tout les deux passer une rousse qui courrait vers la forêt.
Bradford la reconnu, et sût de suite ce qui se passait.
Il termina sa discussion avec le gros homme, et se dirigea vers la forêt a son tour.

Il erra plusieurs minutes dans ces méandres d'arbres, de feuilles, et de racines avant de la trouver, assise par terre en larme.

-Encore les voix ? Demanda-t-il avec compassion.

-Elles sont de plus en plus fortes... Répondit-elle entre deux sanglots. Et elles m'ordonnent de... De faire des choses horribles...

Cette dernière phrase glaça le sang du grand brun. Il avait compris qu'elle parlait de tuer. Il connaissait la grande dextérité qu'elle avait un couteau, et mesurait donc l'ampleur du carnage qu'elle pourrait faire si elle cédait à cette pulsion.

-J'essaye de résister! J'essaye vraiment! Mais elles me font souffrir!

La pauvre femme avait l'air perdue, totalement désarçonnée.
Elle se leva d'un air décidé, puis ses yeux montrèrent un apeurement indescriptible.

-Je..... Je les vois.... Les yeux.... Des dizaines d'yeux qui me fixent....

Son souffle était saccadé, ses yeux regardaient en tout sens, comme si il n'y avait pas un seul endroit où ils pouvaient se poser en sécurité.

Elle faisait une de ces crises qu'elle avait décrit avec une tel terreur.
Elle avait dit à l'inspecteur et à son apprenti qu'elle n'avait jamais trouvé de solutions pour les calmer. Et qu'à chaque fois qu'elles arrivaient, on lui donnait un sédatif puissant pour l'endormir.

Désemparé, Bradford voulait mettre fin à ses souffrances, mais ne savait pas comment faire.

C'est alors qu'arriva Victor. Il comprit de suite la situation, et s'approcha prudemment de la femme.
Il la prit doucement dans ses bras, et lui chuchota que tout allait bien se passer.

Petit a petit, son souffle redevint normal, et les larmes arrêtèrent de couler.

Ce garçon avait décidément  une bonne aptitude à calmer les personnes

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A SUIVRE

Tome 2: Les ombres de la mortWhere stories live. Discover now