CHAPITRE 8: MUSIQUE ET VÉRITÉ

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J'avance à travers le hall pour trouver d'où vient cette délicate musique, j'ai de plus en plus de mal à avancer. J'ouvre chaque porte que je vois mais la musique est toujours lointaine. Je continue comme je peux quand soudain, une porte entre-ouverte se présente à moi. La musique semble venir de là, je m'y avance lentement et pousse délicatement la porte. Je vois un piano et quelqu'un y jouer. Je ne distingue pas le visage de la personne, tout est trouble. J'entre en faisant le moins de bruit possible pour ne pas déranger. Je m'avance vers le piano et m'arrête pour en apprécier le son. Je me tiens derrière la personne quand d'un coup ses mains s'arrêtent de jouer. Lorsque la personne tourne la tête pour me regarder je découvre que c'est Yoon-gi.
"Encore ici ? Et dans un sale état en plus."
Il me paraît froid... Il faut dire que la dernière fois qu'on s'est vu, j'ai pris la défense de Jeff et je lui ai demandé de nous laisser. Je baisse la tête et il me fait signe de venir m'asseoir près de lui. J'accepte son invitation. Il me dit de poser mes mains sur le piano, ce que je fais mais en lui précisant que je ne sais pas en jouer. Il m'apprend deux trois accords et nous voilà en train de jouer à quatre mains. Nous ne parlons plus, le temps semble s'être arrêté. Il me regarde avec un léger sourire et vois une larme couler sur le coin de mon œil. Il arrête de jouer et me tend un mouchoir. Je le remercie et essuie cette dernière.
"Tu m'as l'air vraiment mal..."
Vient il de s'inquiéter pour moi ? Je fixe les touches du piano et commence à me livrer. Il m'écoute sans rien dire. Je fais dans les grandes lignes, je lui raconte comment j'ai atterris là et que j'ai appris que ça faisait deux semaines que j'étais dans le coma, je lui fais part que Jeff doit être arrivé pour me voir et que je devrais retourner dans ma chambre. Quand je termine mon histoire il se lève et me prend la main. Il m'entraîne devant un miroir sur pied. Il me fait affronter mon reflet.
"Qu'est ce que tu vois ?"
Je fixe le miroir et je découvre l'état de mon visage... J'ai un énorme cocard sur l'œil droit et le gauche semble enflé. Ma bouche laisse apparaître une cicatrice sur le coin gauche et un hématome prend toute ma tempe droite.
"Rien..."
Je baisse la tête. Il se pose derrière moi et me relève la tête pour que je me regarde.
"Qu'est ce que tu vois ?"
Je commence à sangloter mais je lui répond.
"Un monstre."
Il relâche ma tête et vient à côté de moi.
"Moi je vois une femme."
Comment peut il voir une femme ? Je pleure tellement que je ne m'aperçois même plus dans le miroir. Il me demande de me regarder et essuie chacune de mes larmes qui coulent le long de mes joues.
"Moi je vois une femme forte, une femme qui s'est tellement relevée qu'elle a besoin de lâcher prise."
Il me prend la main et me regarde avec tristesse.
"Tu n'as pas à subir tout ça. Tu dois tout stopper. Ta vie est plus importante que ton amour."
Je regarde sa main tenir la mienne et ses mots résonnent en moi. Il a raison, je ne devrais pas avoir à subir. Je relève la tête et descend le haut de ma robe d'hôpital pour laisser dévoiler mes épaules. Je suis remplie d'équimoses... Mon corps ressemble à une toile de peintre fou.
"J'ai peur..."
Il couvre le miroir et se met devant moi. Il me reconduit au piano et me dit que je n'ai plus à avoir peur. Il recommence à jouer et m'avoue sa propre vérité.
"Je suis atteint de phobie sociale..."
Phobie sociale ? Mais pourtant je l'ai croisé plusieurs fois dehors... Je lui demande si c'est pour ça qu'il est là, il me répond par un geste de la tête en me précisant que son épaule n'était qu'un prétexte pour ne pas avoir à dire la vérité. Il me dit qu'il se sert d'un ancien accident pour justifier ses aller retours à l'hôpital et que je suis la première, en dehors du personnel hospitalier, à qui il en parle. Je le remercie de me faire confiance mais il refuse mes remerciements en disant que ce n'est pas à moi de le remercier mais à lui. Il m'avoue que les fois où l'on s'est croisés dans la rue c'était parce qu'il était en travail sur lui même, et que depuis qu'il m'avait vu la première fois et le fait de se recroiser à l'hôpital, lui avait fait poser la question de savoir si je n'avais pas été mise sur sa route pour l'aider.
Moi l'aider ? Mais c'est moi qui avait besoin d'aide à chaque fois qu'on s'est rencontrés... J'en étais même venue à me dire que c'était une sorte d'ange gardien. On continue de parler quand on en arrive à la conclusion qu'il y a peut être un destin d'écrit pour chaque personne. Les heures ont filées comme des minutes et je suis prise d'un moment de stresse. Je dois retourner à ma chambre, Jeff doit m'y attendre depuis un long moment déjà. Je me lève et Yoon-gi m'emboîte le pas.
"N'y retourne pas."
Je le regarde un instant et lui explique que je n'ai pas d'autre choix, ce à quoi il me répond qu'on a toujours le choix.
"Je t'accompagne."
Sérieusement ? Il va me suivre jusqu'à ma chambre alors que Jeff doit y être ? J'essaye de l'en dissuader mais rien n'y fait, il vient avec moi. Nous continuons de discuter le temps d'arriver. Nous parlons de mon futur mariage et il me dit que je ne devrais pas. On s'arrête au milieu d'un couloir et il me prend dans ses bras. Je me fige, ça doit être difficile pour lui de faire ce geste. Je met mes mains autour de sa taille et après lui avoir rapidement rendu son câlin je le repousse gentiment. Il s'excuse mais reste devant moi tel un mur. On se regarde un long moment.
"Je veux te protéger. Et pourtant dieu sait à quel point c'est dur pour moi. Mais tu es différente, avec toi j'arrive à oublier ma phobie. Pas complètement... Mais elle s'apaise."
Je fixe son regard.
"Pourquoi moi ?"
"Je ne sais pas... Je sens quelque chose quand je suis avec toi qui me fait dire que je dois être là pour toi."
"Mais on se connaît à peine..."
"Je le sais... Mais j'ai réussis à me livrer alors que ça ne m'était jamais arrivé."
Je m'avance doucement vers lui et lui prend la main. Il ne me l'enlève pas et continu de me parler.
"Je veux vraiment être là pour toi Seong-ja, je ne veux plus qu'il t'arrive du mal."
Il me prend une nouvelle fois dans ses bras mais cette fois je ne le repousse pas. Je prend conscience de tellement de choses. J'ai le sentiment d'avoir reçu un énorme coup sur la tête qui me fait émerger de mon cauchemar.
" Yoon-gi... Je ne veux plus subir..."
Je fond en larmes et il me passe la main dans les cheveux. Étrangement, malgré les bleus qui recouvre mon corps, je n'ai pas mal quand je suis dans ses bras. Je sens qu'il aimerait serrer plus fort mais qu'il n'ose pas à cause de mon état. Il se retire et me fixe dans les yeux.
"Reste avec moi..."
Mon regard se porte sur ses lèvres et le sien sur les miennes mais nous n'osons pas bouger. Je dois d'abord régler mes problèmes avec Jeff et je refuse d'y mêler Yoon-gi. Nous reprenons notre chemin et il m'aide à arriver devant ma chambre. Il sent mon stresse monter et me parle une dernière fois.
"Donne moi ton téléphone."
Je lui dit qu'il a dû rester à l'accueil et il me dit qu'il ira le chercher.
"Je vais enregistrer mon numéro dans ton portable, je le mettrais sous le nom d'une infirmière et je demanderais à ce qu'il te soit apporter au plus vite. Ça devrait pas prendre plus de dix minutes avant qu'un membre du personnel ne te le rapporte dans ta chambre."
" Merci Yoon-gi, mais tu n'es pas obligé de faire ça... "
" Ne me remercie pas, pas pour ça... Au moindre problème avec lui tu m'appelle et j'arrive."
"Je le ferais, promis."
"Je prendrais ton numéro en même temps... Si ça ne te pose pas de problèmes bien sûr."
"C'est bon tu peux. Mais je ne veux pas avoir à te parler que quand j'ai des soucis..."
"Tu m'appelles quand tu veux. Je veux te revoir et que tu sois heureuse."
Nos visage se rapprochent dangereusement et nous fixons les lèvres l'un de l'autre. Je veux sentir ses lèvres contre les miennes, j'en ressens l'envie et j'en oublie que Jeff est peut être juste derrière la porte qui est seulement à quelques mètres de nous. Yoon-gi me fait tout oublier, je me sens si bien avec lui...
"Merci de m'avoir sau..."
Alors que j'allais finir par le remercier de m'avoir sauvée la vie l'autre jour je suis coupée dans ma phrase par ses lèvres qui viennent se déposer sur les miennes. Son baiser est si pur et délicat. Ses lèvres sont douces comme de la soie... Je lui rend son baiser en oubliant tout. Il se retire pour me regarder un instant puis revient m'embrasser... Plus longuement cette fois... Ses mains viennent se poser sur mes hanches et les miennes entourent son cou. Soudain un bruit de porte nous sors de ce moment suspendu dans le temps...

Je te dois la vie (fanfiction BTS/Suga) FR [terminé] Where stories live. Discover now