Vergangen und Präsens

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Je crois que vous l'avez compris, je juge énormément. Je passe mon temps à me comparer aux autres, et j'obtiens satisfaction que je découvre en moi une chose que les gens n'ont pas.
Étrangement, je crois aux préjugés. Je veux dire, le monde est tellement rempli de clichés... On en entend tous les jours, et parfois ils s'avèrent vrais, alors on ne peut pas s'empêcher de penser . . .
Bref.

La couleur de peau. Je suis noire, enfin café au lait. Je vais être honnête, je n'aime pas vraiment les Blacks. Pas une question de racisme, juste de simplisme. Je connais pas mal de renois, et je m'entends pas avec eux. Je ne me sens pas vraiment noire à l'intérieur, je suis le genre de Black qui fait genre d'être Baptou pour plus d'integration. En fait je m'entends beaucoup mieux et me sens plus à l'aise avec des Blancs. Pardon, des Caucasiens.
Je les juge, ces gens de ma communauté.
Ça me fait rire, ce mot "communauté". Comme si on avait passé un pacte commun, comme si on avait toujours été ensemble et qu'on se battait pour la même cause, comme si on avait vécu les même choses.
Je suis né et ai grandi en France, à Paris. Je connais pas la galère de parcourir des kilomètres à pieds pour aller à l'école. Je ne sais pas que ce c'est que de ne pas avoir d'eau potable (d'ailleurs il y en a dans mon bled). Je n'ai pas connu la crise économique, l'absence d'électricité, de magasins, de routes.
J'ai grandi dans un riche pays européen, au milieu de personnes qui ne m'ont jamais discriminé. Le racisme, je l'ai pas connu. Peut être parce qu'on me prend pour une métisse.
Mais du coup, moi, je les jugeais, les autres qui ont grandis en tant que Noirs, qui pensent comme des Noirs et vivent comme des Noirs.

Je parle, critiquez-moi après.

Alors oui, je connais la culture comorienne, oui j'ai évolué dans ce milieu là aussi, mais je ne me considère pas ainsi pour autant. Mes parents parlent très bien français, et ont totalement adopté la culture occidentale. Quand on parle du cliché du Noir, je ne me sens jamais concernée. Souvent, on demande aux étrangers quelle culture ils choisiraient, entre leur pays d'origine et leur pays d'accueil.
Je choisi sans aucun doute la France, car je m'y sens chez moi. Je suis chez moi d'ailleurs.
Quand on entend "noir" on pense à ce gens de banlieue, violents et vulgaires, qui sont dans la galère H24 à cause de leurs nombreux frères et sœurs et leurs parents incapables de joindre les deux bouts. Les racailles habillées en jogging-sweatshirt-casquette-sacoche/banane tous les jours, ces gens qui vivent dans la Street.
Ça me coûte de le dire mais j'ai cette vision des choses. Et quand bien même je leur ressemble, quand je passe à côté de l'un d'eux je pense inexorablement <<Non, moi je suis différente. Civilisée.>> Je ne me sens pas Noire dans l'âme, et c'est stupide car la couleur de peau n'est pas une caractéristique de la personnalité, mais c'est plus facile à comprendre pour certaines personnes. A vrai dire, j'ai toujours détesté cette teinte sombre de ma membrane externe. Petite, je rêvais d'une peau claire et de lisses cheveux blonds. Plus tard, je voulais une peau claire et de longs cheveux bruns. Aujourd'hui, j'envie les peaux mates (pas noires) aux yeux noisettes et aux beaux cheveux auburns.
Et j'ai ce réflexe stupide de refermer ma main sur mon téléphone lorsque je croise un arabe dans le métro.
Et j'ai cette attitude stupidement hautaine quand je passe devant un homme ou une femme à l'allure typiquement renoi.
Et j'ai ce jugement idiot qui est que les blancs sont chertiens, et que les noirs sont des immigrés.

Bizarrement, je suis et j'ai toujours été très respectueuse envers les asiatiques.

Mais le fait est que rien allait dans ma manière de penser et d'être.

~

     J'ai réfléchi longtemps, des nuits durant, à qui j'étais. J'ai lu des livres presque philosophiques qui m'ont fait me remettre en question. J'ai voulu écrire une histoire sur l'ouverture d'esprit (Luna EMERRA, extrait publié dans ce rantbook). J'ai parlé à des gens VRAIMENT ouverts et SÉRIEUSEMENT engagés.
Et je me suis dit, quand même, je suis loin du compte.
La vie n'est pas une compétition de celui qui vaut le mieux.
Les gens ne sont pas des objets auxquels on assimile une étiquette "cher/précieux" ou "nul/déchet".
Les humains n'ont pas de valeurs. On ne peut pas calculer le droit de vie d'une personne. Car l'existence n'est pas un mérite.
On est tous au même niveau, coincés dans la même prison. On a tous un tas de problème qu'on ignore en crachant notre venin sur d'autres.
Le racisme, l'homophobie, l'islamophobie, le sexisme . . .

Suis-je une nazie refoulée ? Peut-être bien, vue la façon dont je prône la supériorité de mon espèce -enfin de ma personne plutôt.
Je suis une fille, noire, peut être bisexuelle, intello, garçon manqué, otaku, yaoiste.
J'ai tout pour être critiquée.
Mais le pire est que je suis sexiste, raciste, LGBTQphobe, sportive, et contre le système éducatif.

Totalement contradictoire.

Je le sais, on ne change pas du jour au lendemain. Mais j'essaie aujourd'hui, sincèrement. Je ne suis pas la personne la plus ouverte du monde, mais je fais des efforts pour accepter les autres. Et je pense que c'est très bien comme ça. On n'a pas le droit de critiquer les gens qui reconnaissent leurs tords, parce que ça n'est pas du tout faible, au contraire. Il faut un grand courage pour faire face à la vérité, beaucoup d'efforts pour l'accepter, et énormément de temps pour évoluer.

Je l'ai vécu, et le vit encore aujourd'hui.

Je ne sous-estimerai plus les problèmes des autres et les jugements auxquels ils font face.
Je ne critiquerai plus les gens qui sont eux-même simplement car je n'aime pas l'image qu'ils offrent.
Je ne prétenderai plus valoir mieux que qui que ce soit car je vois une chose qu'il ne voit pas.
Je ne prônerai plus que certaines personnes méritent de mourir car elles ne respectent pas autrui.
Je ne nierai plus la vérité sous prétexte qu'elle ne m'arrange pas, pour juste accepter ce qui ne me blesse pas.

Voilà mes 5 Commandements, que je m'efforcerai de respecter. Je sais qu'il n'y a que des négations, mais je veux juste me rappeler de la sombresse de mon esprit au moment où je me croyais au meilleur de moi-même.

Alors voilà, avant, j'étais terriblement prétentieuse, et incroyablement orgueilleuse. Égocentrique et faussement généreuse, je me croyais spéciale à chaque instant, face à chaque personne.
Et aujourd'hui, je me permets de faire la morale en disant :

Dire qu'on est modeste signifie l'inverse. La vanité c'est croire en sa normale supériorité. La vie n'est ni un cadeau, ni une prison, c'est un monde dans lequel on évolue, c'est un phénomène/une situation acquise par tous, ce qui ne permet donc aucune comparaison. Les gens ne sont pas des choses te permettant de t'elever à un niveau supérieur, des objets t'aidant à mettre un rang à ton existence, ou des articles munis d'une étiquette afin que tu puisses les juger.
C'est lorsqu'on ce croit fondamentalement bon et plus valeureux que les autres qu'on l'est le moins. Se comparer est inévitable, mais se classer est regrettable. Ne fait pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse. Ne soyons pas hypocrites envers nous-mêmes.

Oui, j'ose faire la morale, c'est totalement irrespectueux envers ceux que j'ai pris de haut et ceux qui se sont fait prendre de haut. Mais, à cause de mon expérience, je crois que je suis bien placée pour dire aux gens de ne pas suivre ma voie, et d'indiquer leur erreur à ceux qui y sont déjà.

Enfin bref.

Voilà qui j'étais, voilà qui je suis.
J

'avais juste envie de poser ça ici... Désolée que ce soit aussi long.

Ma vie de PatateWhere stories live. Discover now