Chapitre 7 : Le peuple a besoin de toi

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L'odeur de l'herbe fraîchement coupée me chatouille et emplit mes narines. Je me réveille allongée dans un champ au milieu de nulle part. Des collines verdoyantes encerclent la prairie dans laquelle je me situe. Des fleurs jaunes et rouges sont omniprésentes autour de moi. Le paysage se dévoilant devant moi est absolument splendide, au point que je n'ai aucunement envie de savoir où je me trouve. Il ne me semble pas connaître un tel endroit sur Terre. C'est si paisible que je me rallonge pour regarder le ciel et observe la formation des magnifiques nuages blancs en tentant, comme une enfant, d'imaginer à quoi ils peuvent ressembler.

Le silence n'est pas pesant, au contraire celui-ci m'apaise l'âme. Plus rien n'existe à part les oiseaux, le vent et ma personne. Pour une fois, l'accident ne semble qu'un lointain souvenir. Même si les images de ma mère commencent à arriver dans ma tête, quelque chose l'en empêche. Je suis perdue dans ma prairie avec l'esprit libre et surtout vide de toutes pensées négatives.

— Tu apprécies ce que tu vois ? m'interrompt une voix grave que je reconnais parfaitement.

— C'est absolument magnifique, murmuré-je, en restant paisiblement étendue dans l'herbe comme si sa présence n'existait pas.

Amaël s'allonge à mes côtés et regarde à son tour les oiseaux danser tout autour de nous. Pour la première fois depuis des semaines, je suis consciente d'être dans mon rêve et cela ne m'effraie pas du tout. Rêver devient alors agréable contrairement à ce que je peux penser habituellement.

La sensation désagréable que je ressens d'habitude quand Amaël fait des apparitions près de moi n'est plus présente. Je me sens bien, parfaitement bien même. Ce qui m'est totalement étranger depuis des lustres.

— Ta robe est magnifique, en parfait accord avec les fleurs qui nous entourent, ne trouves-tu pas ?

Mon regard se pose sur mon corps et je suis agréablement surprise de voir la fameuse robe jaune que je voulais acquérir, il y a quelques jours. Comment cela se fait-il que je la porte ? J'ai peut-être tellement envie de l'avoir, que mon inconscient se projette dans un futur où je l'achèterais. Le cerveau humain est vraiment capable de faire des choses magnifiques quand on dort.

— Comment est-ce possible ?

— Tout est possible dans un rêve, tu ne crois pas ? répond-il avec un sourire naissant au coin de ses lèvres.

Je le détaille alors pour la première fois. Celui-ci a le bras derrière sa tête et semble heureux en observant le ciel, posé et calme, ce qui diffère beaucoup du garçon qui m'a adressé la parole au café des délices un peu plus tôt dans la journée. Entre celui qui parle constamment juste pour m'agacer et celui-ci perdu dans ses pensées, mon choix est rapidement fait. Le silence me procure une sensation de bien-être, surtout quand il n'est pas pesant comme maintenant.

Mon regard s'égare dans les nuages. Je n'avais jamais remarqué que le ciel est si beau et si apaisant à observer. Pourquoi est-ce que je ne le fais pas dans la vraie vie, prendre le temps de contempler ce qu'il y a au-dessus de ma tête plus souvent ?

Sentant que c'est le bon moment pour parler, je décide d'entamer la conversation avec une question qui me brûle les lèvres depuis des semaines.

— Je peux te demander quelque chose ? murmuré-je de peur de le réveiller.

— Dis-moi tout, Kaelia, qu'est-ce qui te perturbe ? me répond-il comme s'il s'attendait à ce que je prenne la parole depuis quelques minutes.

— Comment cela se fait-il que tu apparaisses toujours dans mes rêves presque toutes les nuits ?

— Parce que j'ai besoin de toi pour accomplir ma mission, il me semblait te l'avoir déjà expliqué.

— Qui te dit que j'ai envie de t'aider ?

— Tu dois le faire, c'est comme ça. Nous comptons tous sur toi, affirme-t-il avec une forte voix.

Pour qui se prend-il à me donner des ordres dans mon propre rêve ?

— Je ne souhaite pas t'aider, je veux juste que tu me laisses tranquille, en paix dans cette prairie. Laisse-moi profiter de mon seul moment où j'ai la tête vide. S'il te plaît, l'imploré-je en espérant qu'il comprenne ce que je veux lui dire pour une fois.

Je me retourne pour lui tourner le dos. Je ne désire plus en savoir plus. Je souhaite apprécier mon rêve comme il a commencé quelques minutes auparavant. Un rêve apaisant contrairement à tous ceux que je fais d'habitude.

Soudainement, je ressens l'envie de m'éloigner de lui, de ce qu'il me raconte. Je me lève pour m'enfuir en courant vers les collines où des arbres majestueux se dressent devant mes yeux ébahis. La nature est vraiment sublime, on dirait une palette de couleur qui défile en face de moi.

Plus je m'approche de mon but, plus celui-ci semble s'écarter de moi. Ne comprenant pas ce qui se passe, je m'arrête pour jeter un coup d'œil à l'objet de ma fuite. À mon grand étonnement, celui-ci est à quelques mètres derrière moi, à l'endroit où j'étais allongée quelques minutes plus tôt.

— Je courais, il y a quelques instants. Comment est-ce possible que je sois toujours au même endroit ?

Amaël me regarde, amusé de la situation. L'apaisement que je ressentais n'est plus présent. Je suis profondément agacée de ne pas pouvoir le fuir et énervée d'apercevoir ce petit rictus sur ses lèvres et l'effet que celui-ci procure sur mon corps. Je ne comprends rien à ce qu'il se passe et celui-ci ne semble pas avoir l'intention de répondre à mes questions intérieures.

— Tu veux bien m'écouter maintenant au lieu de m'éviter comme une gamine !

— Gamine ? crié-je, irritée de me voir insultée de la sorte. D'où oses-tu me traiter de gamine ? Tu ne me connais pas !

— Je te connais bien plus que tu ne penses te connaître toi-même. J'ai vraiment besoin de toi, mais je dois attendre que cela vienne de toi. Quand tu découvriras ta vraie nature. J'espère que cela ne tardera pas trop, Kaelia. S'il te plaît, fais un effort, le peuple a besoin de toi.

— Cesse de parler pour ne rien dire. Tu es totalement fou, ma parole ! Je suis tarée de m'imaginer des conversations aussi insensées que celle-ci. Je ne comprends strictement rien à ce que tu me racontes. Dégage de ma tête !

— De toute façon, il est temps que je m'en aille. Je ne veux pas te déranger plus longtemps. Tu es attendue, me nargue-t-il en me faisant un clin d'œil.

— Tu sais que je ne pige absolument pas de quoi tu parles.

— Passe une agréable journée, Kaelia. À très vite !

***

Désolé pour le délai d'attente pour ce chapitre. J'espère que vous allez bien et que vous apprécierez votre lecture. N'oubliez pas de me dire ce que vous avez pensé du chapitre ainsi que de voter et on se retrouve bientôt pour le chapitre 8 "Une petite idée pour te détendre"

Bisous !

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant