22. Aux coups durs de la vie

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Parfois, il y a les petits coups durs de la vie, les coups de grisou, ceux qui vous donnent l'impression que rien ne va plus et que toutes les merdes du monde vous tombe dessus.

Et puis parfois, il y a les gros coups durs. Ceux qui vous mettent au tapis après seulement un round. Vous êtes là, au fond du trou à vous demander si vous allez pouvoir remonter alors que ça vous parait impossible. Vous regardez la surface se trouvant juste sous votre nez, mais vous restez au fond du trou parce que remonter vous paraît trop difficile.

Difficile seul, mais pas à deux. À deux tout est possible, tout est surmontable. À deux on se donne la main et on s'accroche à l'autre. À deux la vie paraît plus facile parce qu'à la moindre chute, quelqu'un vous retient.

Et à cet instant précis de ma vie, Basile me tient. Si je n'étais pas dans ses bras, je m'effondrerais à nouveau par terre en ne souhaitant qu'une chose : Y rester. Comment puis-je avoir tant de chagrin ? Comment puis-je avoir si mal alors que la dernière fois que j'ai vu ma grand-mère, je n'étais qu'un petit con de 15 ans, s'en foutant royalement de tout le monde et ne pensant qu'à sa gueule. Un peu comme aujourd'hui. Finalement, les gens pensent que l'on change avec le temps, mais c'est une putain de connerie. On ne change pas. On ne fait que grandir.

Quand Cléo vient nous chercher Basile et moi à l'hôpital, personne n'ose trop rien dire. Qu'est-ce que l'on pourrait dire que l'on ne va pas entendre ?

"Je suis tout cœur avec vous.", "J'espère que ça va aller.", "C'est une guerrière la grand-mère, ne vous en faites pas.". J'ai horreur d'entendre ce genre de phrase. Le genre tout fait qu'on vous balance au visage pour vous rassurer alors que vous savez pertinemment que ce n'est pas le cas. Ça ne va pas aller et ma grand-mère n'est pas une guerrière, c'est une ville dame de 80 balais qui a un enculé de cancer et qui refuse ses traitements. Pourquoi ? Sous prétexte qu'elle veut passer du temps avec moi ? C'est illogique comme façon de penser. Si elle veut passer du temps avec moi, elle n'a qu'à se faire soigner. Pourquoi refuse-t-elle ? Pourquoi ne m'en a-t-elle pas parlé ? Je ne la comprends pas. Pour le coup, je ne comprends pas sa façon de penser. C'est con. Y'a pas d'autres mots qui me viennent à l'esprit.

Basile doit être aussi éprouvé que moi. Aucun de nous deux n'a envie de faire quoi que ce soit si ce n'est se jeter sur nos lits et ne plus en bouger. C'est ça. J'ai envie de rester là, à attendre. Attendre que l'hôpital me rappelle. Attendre des nouvelles.

Dieu que le temps me paraît soudainement long. Les secondes passant deviennent des minutes et les minutes des heures.

Des heures à attendre.

- Tu veux manger quelque chose ? Je peux préparer deux trois trucs vite faits, proposé-je à Basile

- Je n'ai pas très faim honnêtement, mais mange toi si tu veux.

- Non...

Je suis dans le même état. Je n'ai pas faim. Je n'ai envie de rien.

Dis-moi grand-mère si t'étais là, tu nous botterais certainement les fesses à tous les deux, n'est-ce pas ? Tu nous prendrais par les oreilles et nous traînerait de force. C'est ce que tu ferais.

- J'en étais sûre ! Si je vous laisse une heure tous seuls, vous vous laissez dépérir comme deux fleurs fanées !

La voix de Cléo me tire de mes pensées tandis que je la remarque sur le seuil de la porte de chambre, poings sur les hanches nous fusillant du regard.

- Franchement vous me désespérez ! Allez debout les loques ! Descendez dans la cuisine.

- Comment tu es rentrée Cléo ?

Elle me sort un porte-clé avec un grand sourire fier et me tire la langue.

- J'ai un double de la maison. Quand je t'ai dis Gabriel que je pouvais te faire n'importe quoi, n'importe quand.

C'est flippant. Cette fille a un côté flippant et pourtant, la voilà à nous sortir de notre état de déprime du moment tandis que l'on voit Cléa s'affairant dans la cuisine à sortir des plats d'une grande glacière.

- On s'est dit que vous n'alliez pas manger, alors on est venu manger avec vous, nous dit-elle en souriant.

- Comment deux grands gaillards comme vous ne peuvent pas prendre soin l'un de l'autre ? Il faut vraiment tout faire dans ce village, je vous jure ! râle son aînée

- Allez tout le monde à table ! Un bon repas fait avec amour.

- Qu'est-ce que l'on mange ? demande Basile soudainement curieux

- Du lapin aux olives. Attention, en fonction des portions, j'ai craché dedans, dit Cléo en me regardant.

Sa remarque est stupide, gamine et pourtant, ça me fait rire. Ah, j'en avais tellement besoin. Besoin de rire. Besoin de me dire que tout compte fait, rien ne sert de sa lamenter sur son sort. Je ne suis pas seul. Je n'ai jamais vraiment été seul. Pas une seule fois dans ma vie.

Parfois, il y a les petits coups durs de la vie, les coups de grisou, ceux qui vous donnent l'impression que rien ne va plus et que toutes les merdes du monde vous tombe dessus.

Et puis parfois, il y a les gros coups durs. Ceux qui vous mettent au tapis après seulement un round. Vous êtes là, au fond du trou à vous demander si vous allez pouvoir remonter alors que ça vous parait impossible. Vous regardez la surface se trouvant juste sous votre nez, mais vous restez au fond du trou parce que remonter vous paraît trop difficile.

Difficile seul, mais pas à deux. À deux tout est possible, tout est surmontable. À deux on se donne la main et on s'accroche à l'autre. À deux la vie paraît plus facile parce qu'à la moindre chute, quelqu'un vous retient.

Mais à plusieurs alors là, on peut en faire des choses incroyables.

Vingt mille lieues dans tes yeux (BxB) - Tome 1Where stories live. Discover now