15. Aux mots que l'on ne pense pas

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Je ne sais pas vraiment ce qui m'a tiré de mon sommeil : cette impression de bouche pâteuse ou la dernière phrase de Basile qui est venue hanter mon sommeil. Quand j'ouvre un œil, je remarque que le jour s'est levé et que quelques rayons passent à travers les rideaux de la chambre pour s'écraser sur le parquet. Je me redresse légèrement et constate que Basile n'est plus là : Ni sur le rebord de mon lit, ni dans son lit tout court. Il a certainement dû partir avec Jacqueline tôt ce matin pour l'aider. Je peux donc présumer que la maison est à moi seul pour une bonne partie de la journée.

Sur la table de la cuisine, il y a une tasse de café et un calepin à côté. Un mot.

"Nous sommes au village, appelle-nous si tu as besoin de quelque chose.

Jacqueline."

Voilà. Mystère qui n'en est pas un, résolu. Ils sont au boulot et moi j'ai fait l'escargot toute la nuit en bavant. Je le sens sur le coin de ma bouche.

- Charme et glamour bonjour.

Je monte dans la salle de bain pour me passer un coup d'eau sur le visage quand je tombe nez à nez sur mon reflet. Doux Jésus ! Autant je connais l'expression "Avoir la tête dans le cul", mais là, il faudrait en inventer une autre rien que pour moi. Je fais peur. Pas le genre "Tu fais peur" dans le sens "T'as mauvaise mine", mais plus dans le sens "Sympa ton maquillage d'Halloween". C'est quoi cette tronche ? Je passe mes mains sur le visage pour m'assurer que ce soit bien le mien et...oui. Juste des yeux rouges exorbités comme si je venais de me défoncer, des lèvres gercées d'un mec déshydraté et une peau pâle que même Blanche-Neige envierait.

Tout ça en conséquence d'une bosse sur le crâne. Génial. Vraiment génial.

Après une bonne douche et un bon café, ça ira forcément mieux.

Mais mise à part traîner dans la cuisine et lire de vieux exemplaires de L'Iliade et L'Odyssée, il n'y a pas grand chose à faire chez ma grand-mère. Je pourrais bosser mes cours, mais je n'ai clairement pas la tête à ça. J'ai besoin de sortir, de prendre l'air et de m'amuser. J'ai besoin de souffler. Et j'ai aussi besoin d'aller au village. Voilà, c'est ce que je vais faire.

Je m'habille en quatrième vitesse et me précipite à l'arrêt de bus tandis que ce dernier approche avant même que je n'ai réussi à arriver.

J'arrive peu de temps avant 11 heures et me rends compte qu'il n'y a déjà plus grand monde dans les rues. L'heure de manger, c'est sacré à la campagne ! On ne rigole pas avec ça. Autant en ville les gens s'achètent un sandwich ou un plat à emporter vite fait bien fait, autant ici, toutes activités se stoppent le temps de se remplir l'estomac. Et je ne peux pas leur en vouloir. Si ça ne tenait qu'à moi, il y aurait une pause même pour le goûter.

- Gabriel ?

Je tombe alors nez à nez sur Cléa qui cette fois, n'est pas accrochée à son vélo et qui semble étonnée de me voir.

- Ah salut ! Tu tombes bien, j'ai une question à te poser.

- Tu vas bien ? Tu ne devrais pas te reposer ?

- Si, si mais j'ai dormi 12 heures là donc ça va. Dis-moi, ta soeur elle bosse aujourd'hui ?

- Ouais, elle est au café comme d'habitude.

- Génial ! Merci !

Je fonce vers le café et à peine ai-je fait un pas à l'intérieur que j'ai le droit à ces mêmes regards inquisiteurs que lors de ma première visite. Je cherche la petite serveuse du coin de l'oeil et la trouve occupée à nettoyer une table tandis que je m'approche.

Vingt mille lieues dans tes yeux (BxB) - Tome 1Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu