Chapitre 44 : Zeitmen rak knurl

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Il faisait bon sous la voûte étoilée. Jéna se laissait bercer par la brise fraîche apportée par l'Az Ragni, respirant le calme de la cité endormie et les senteurs des cultures qui s'épanouissaient sur les terrasses en contrebas. La rivière scintillait sous la lune et reflétait les montagnes majestueuses qui se jetaient dans son lit. Au loin, un couple d'oiseau s'envolait vers l'horizon, s'amusant dans les cieux, insouciants et libres des entraves de la vie et de la mort. Elle ferma les yeux, revoyant s'étendre devant elle les éclats chatoyants de leur jardin secret, le souvenir de la caresse de sa main sur la sienne rendait magique ce moment à jamais révolu.

Un frôlement sur son épaule la fit soudain frissonner.

La jeune fille rouvrit les paupières et vit alors Eragon à ses côtés, s'accoudant à la balustrade. Elle soupira ; l'espace d'un instant elle avait imaginé que c'était Murtagh et non pas le Dragonnier qui s'était approché. Elle ne put empêcher la déception de l'envahir.

- Etrange journée n'est-ce pas ? Commença le jeune homme, le regard perdu dans la nuit.

- Oui. Personne ne s'attendait à ce que tu te mettes à dos un des clans nains dès le premier jour, tu es doué Dragonnier.

Eragon rit.

- Il faut croire que tu as raison, comme souvent.

- J'aimerais qu'il en fût autrement, crois-moi. Tu t'attires beaucoup trop d'ennuis, même si dans la plupart des cas tu sais comment t'en dépêtrer ou les tourner à ton avantage. Mais il est à craindre qu'un jour cette manie ne se retourne contre toi, dit-elle sombrement.

- C'est ce qui est arrivé à Dras Leona. Si j'avais réussi à vaincre les Ra'zacs au lieu de tomber dans leurs griffes sans moyen de me défendre, Brom serait avec nous, rétorqua Eragon.

L'évocation du Conteur refroidit Jéna. Ses mains se crispèrent sur la rambarde de marbre, mais elle ne répliqua rien, n'admonestant le garçon ni sur sa conduite passée ni sur ses mots ou réflexions, car elle se savait incapable de suivre ses propres conseils. Elle se doutait néanmoins que derrière ces paroles d'autocritiques, Eragon gardait une certaine rancœur vis-à-vis d'elle. Il n'oubliait pas.

- Jéna... commença-t-il après plusieurs minutes de silence. Je voulais te dire, je suis désolé pour Murtagh.

Jéna se tourna vers lui, croisant son regard. Eragon rougit, honteux de ne pas s'être exprimé plus tôt à ce sujet. Une semaine s'était écoulée depuis la mort de Murtagh et aucun des deux ne s'étaient réellement adressés la parole depuis.

- Moi aussi je suis désolée. Il était ton ami.

- Comme un frère, renchérit Eragon.

Un sourire contrit se dessina sur les lèvres de la jeune fille et ils replongèrent tous deux dans leur mutisme embarrassé. Jéna se détourna, s'adossant au balcon.

Elle soupira.

- Tarnag est une magnifique cité, quoiqu'à l'échelle humaine un peu réduite peut-être, fit-elle pour changer de sujet.

- Heureusement, nous n'y faisons halte que quelques jours.

- Oui.

En effet, contrairement à Tronjheim dont les portes et les couloirs principaux étaient façonnés à la mesure même d'un jeune dragon, Tarnag n'offrait pas les mêmes dispositions. Bâties à hauteur de nain, il arrivait que les arches ne dépassent pas les cinq pieds, ce qui obligeait Eragon, Arya et Jéna, à se courber à longueur de temps. Seuls les pièces et les halls étaient suffisamment hauts de plafond pour leur permettre de se tenir droit. Il était presque amusant de remarquer la difficulté qu'éprouvait à quelques endroits, Saphira, pour franchir un seuil ou un corridor trop bas pour elle. La dragonne devait alors presque ramper, son arrière train se dandinant gauchement et sa longue queue dissuadant quiconque de se trouver sur son passage au risque d'être balayé sans ménagement. Les Nains cependant ne s'étaient pas risqués à faire la moindre remarque, surtout après l'arrivée de la compagnie marquée par un évènement des plus fâcheux.

Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - Terminéeजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें