Chapitre 25 : La promesse de l'aube

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Il se tenait debout, dos à elle, le regard perdu par-delà le bois sombre. Il pleuvait.

Désormais il pouvait se lever sans craindre que le monstre ne surgisse à chaque mouvement et détruise son corps et sa conscience, même s'il restait imprévisible. C'est pourquoi il restait prudent et cette méfiance constante qu'il subissait entretenait la haine qu'il vouait à celui qui lui avait infligé ça. Cependant, Il n'était plus, Il était mort. Sa mère, un jour, avait disparu, personne ne savait où elle était allée ; Il était parti à sa recherche et s'était fait tué par un homme nommé Brom.

Brom.

Un étrange nom qui hantait ses pensées. Cet homme lui avait ôté l'énorme poids qui pesait depuis toujours sur son cœur mais en contrepartie il lui avait volé l'épée : la lame flamboyante qu'il craignait et désirait tant ; ce joyau source de sa souffrance mais qui l'attirait comme le soleil brûle les yeux qui veulent le regarder.

Sa mère était revenue il y a quelques jours, elle était faible, malade. Elle ne lui avait pas dit un mot ni adressé un regard.

Jéanna lui prit la main.

- On joue ? Demanda-t-elle joyeusement.

Elle le tira légèrement.

- Allez viens, Maman a dit qu'on devait jouer.

- Non.

Il dégagea brutalement son bras et colla son front contre la vitre humide. De sa petite main il suivit la traînée que laissait une goutte d'eau sur le carreau ; il renifla, tâchant en vain de cacher ses larmes.

Soudain, il l'entendit partir en courant, il se retourna aussitôt pour lui dire de rester mais elle avait déjà disparu... Il se maudit intérieurement d'avoir refusé de s'amuser. Il était inquiet, triste, on ne l'autorisait pas à voir sa mère.

Il se laissa glisser contre la fenêtre froide et replia ses genoux vers lui ; un craquement déchira sa peau dans son dos mais miraculeusement il ne ressentit rien hormis une agréable sensation de fraîcheur comme lorsque l'on arrache une vieille croûte de sang.

Il se mit à sangloter, seul dans sa grande chambre. Il n'entendait que les battements frénétiques de son cœur et ne voyait que le visage de celle qu'il aimait tellement dans son esprit...

- Tiens !

Il releva soudain la tête, surpris. Des fleurs pendaient mollement devant son visage, expulsant des gouttes d'eau fraîches sur lui.

Jéanna le regardait, un sourire éclairant son joli visage poupin ; elle dégoulinait littéralement, ses cheveux étaient trempés et collaient sur ses joues, ses vêtements laissaient des flaques par terre, quant à ses chaussures de cuir, elles avaient disparu sous une épaisse couche de vase... La fillette était essoufflée mais visiblement ravie.

- Tiens, dit-elle en tendant un peu plus son maigre bouquet qui vint heurter le nez de Murtagh.

Il le prit et la considéra, perplexe, ses yeux bleus grand-ouverts la fixaient sans ciller. Elle s'assit devant lui.

- Tu veux qu'on partage un secret ? Demanda-t-elle sérieusement.

Ses prunelles dorées étincelaient ; il acquiesça.

- Le roi m'a chargé d'aller chercher sa confiture préférée aux cuisines, mais j'ai besoin de quelqu'un qui sache où elles sont. Tu m'aides ?

- C'est mal de voler, déclara doucement Murtagh. Et le roi ne te demanderait jamais une telle chose, tu mens.

- Mais non ! Se défendit Jéanna, c'est pas du vol, c'est une mission. On a même des noms secrets pour que personne ne nous reconnaisse..

- Alors le mien c'est Cœur Cassé, marmonna Murtagh en la coupant.

Fanfiction Eragon - Les Liens du Destin - TerminéeWhere stories live. Discover now