10. Gaby & Gabriel

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En installant mes affaires sur le lit, je me rends compte que mon téléphone vibre : Maman.

- Allô ?

- Gaby chéri ? C'est maman ! Alors ? Comment tu vas ? Tu as bien dormi ? Ta journée s'est passée ?

Comme d'habitude, toujours dans l'excès et l'affolement. Elle sait pourtant que je ne peux répondre qu'à une question à la fois.

- Maman, tout va bien. Je suis bien arrivé chez grand-mère, je t'ai envoyé un message hier, tu ne l'as pas eu ?

- Je n'ai pas fait attention...Et tout va bien ?

- Oui, pourquoi ?

- Ta voix me parait plus faible. Ne me dis pas...Tu es malade ?

- Mais non ! Je vais bien, c'est juste que je suis un peu fatigué.

- Je présume qu'elle ne t'épargne pas.

Tu n'as pas idée.

- Elle est qui elle est. C'est une vieille dame encore pleine de vie, crois-moi.

- Tant mieux !

- Tu savais qu'elle vivait avec un jeune de mon âge ?

Tiens maman, celle-là, c'est cadeau.

- Tu veux parler de Basile ? Bien sûr que je le savais. Elle m'en a parlé.

Ah. Donc je suis celui qu'on laisse sur la touche et qu'on ne prévient pas, c'est ça ?

- Et tu n'as pas jugé bon de m'en parler avant mon départ ?

- Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu ne t'entends pas bien avec lui ?

- Tu savais qu'il était aveugle ?

- Oui aussi et ? Ça te dérange ?

- Non, c'est juste que....

- Qu'est-ce qu'il y a Gabriel ? Tu sais que tu peux tout me dire. Maman sera toujours là pour toi. T'es mon poussin. Mon cœur.

Tu sais, c'est dans ces moments là que j'ai envie de rentrer dans tes bras. Je me demande si te laisser seule est une bonne idée. Si partir n'a pas été une décision précipitée.

- Je ne le connais pas, c'est tout.

- Eh bien apprends à le connaître. Tu sais, les êtres humains ne mangent pas. Ils mordent un peu c'est vrai, mais évite de foncer dans le tas et de faire ton grand "Gabriel". Adapte-toi aux gens. Tu sais Gaby, quand tu m'as dit que tu voulais partir pour tes études, ça m'a inquiété. Je me suis posé énormément de questions à ce sujet en me demandant si c'était une bonne idée. Mais maintenant, je pense que ça te fera le plus grand bien. Fait une coupure avec qui tu étais avant, qui tu avais l'habitude d'être pour plaire à une foule de gens.

- Je ne...

- Laisse-moi finir. Tu peux dire tout ce que tu veux, mais je pense qu'inconsciemment tu t'es plié à un style de vie pour "convenir", pour entrer dans un moule qui n'était pas spécialement fait pour toi et tu sais, c'est tout à ton honneur d'avoir essayé et presque réussi, mais je te connais. Ce n'est pas toi tout ça. Toute cette extravagance. Tu as besoin de calme et je suis certaine que tu le trouveras là-bas.

- Et si je ne le trouve pas ? Si ce que je cherche n'est pas là?

- Si tu as encore ce trou dans ton cœur, mon chéri, alors je viendrais te chercher moi-même et je le remplirais avec tout l'amour qu'il me reste à te donner.

Depuis la mort de mon père, j'ai toujours vu ma mère comme une petite fleur à protéger et je me suis convaincu en grandissant que je devais lui montrer que je suis un homme fort, que je peux me débrouiller tout seul et parfaitement m'intégrer à la société.

Vingt mille lieues dans tes yeux (BxB) - Tome 1Where stories live. Discover now