Chapitre Trois

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Un tableau mysterieux

Ainsi nous nous dirigeâmes vers la salle à manger. Puis, Mlle Cecilia nous présenta la cuisine toujours en continuant ses explications. On traversa tout un couloir - en dépassant les portes des chambres - et aboutit finalement à une magnifique terrasse en bois, légèrement surélevée par rapport au reste de la pelouse qui entourait la maison. De là, on pouvait apercevoir une petite piscine. Non, plutôt un bassin. Quoique j'aurais préféré une piscine. Un genre de mare à poisson, du style asiatique. Je fus surpris de voir cela. Décidément cette maison était un vrai mélange de cultures. J'aurais peut-être dû laisser la jeune damoiselle philosopher un peu plus sur son histoire.

Pour y accéder, des escaliers en bois de trois ou quatre marches avaient été construits : 

« Il n'y a aucun poisson dans cette mare. Le choix est laissé aux propriétaires. Bien sûr, il est déconseillé des poissons comme le Pacu et autres, souri Mlle Cecilia en se tenant a quelques pas de la marre. Dans tous les cas, un catalogue vous sera remis pour vous aider à faire votre choix. ».

Après cela, notre charmante demoiselle nous fit entrer de nouveau dans la maison. C'était le moment d'aller visiter les chambres, et les quelques petites salles restantes. Tout s'accordait avec le style de la maison. Les chambres aussi étaient equipées de lits et de meubles en bois. Puis, quand on visita la chambre secondaire - celle des enfants généralement - je me surpris à prier pour qu'Alicia ne me refasse pas le coup du lit King, mais cette fois-ci pour avoir un bébé. Pour moi, un enfant ne pouvait qu' apprendre trois choses à ses parents : comment être heureux de choses simples, comment être curieux à nouveau, et comment souffrir de manque de sommeil. Clairement, je n'étais pas prêt pour cela. À cet instant-là, elle me regarda intensément pendant deux secondes... Mais rien. Elle ne dit mot. D'ailleurs, elle n'en plaça pas depuis un moment. Elle se contentait de regarder et de scruter la boiserie.

Je trouvais que la visite commençait à s'éterniser. Simple, moderne, plutôt sobre, je me disais que l'onavaitdéjà compris le thème principal. Pour moi, cette maison avait tout pour lui plaire. J'en étais presque convaincu. Et si cette maison plaisait également à Alicia, je ne pouvais que me réjouir de vite arrêter les recherches. Mais ma chère fiancée ne laissait pourtant paraître aucun sentiment sur son visage, comme si elle ne voulait pas me donner de raison son de me rejouir trop vite.

Elle passait son temps à se promener du haut de ses nudes, concentrée dans les details. Je me demandais quelle vérité elle comptait trouver en scrutant ainsi le bois de chaque porte et de chaque fenêtre. Et vu qu'elle me tenait toujours la main, je faisais mine de scruter avec elle. Il vaudrait mieux demander son avis à un menuisier. Elle écoutait toujours attentivement les dires de notre charmante guide. Elle la suivait partout, et moi aussi.

Mais il n'y avait pas qu'Alicia qui se comportait etrangement. Mlle Cecilia trahissait par sa conduite, un très grand professionnalisme certes, mais aussi une certaine lassitude. Ou une inquiétude? De quoi cela venait-il? Je ne saurais pas le dire. Elle s'efforçait de garder un faux sourire sur son visage toutes les trente secondes. Mais c'est tout ce que cela était : un faux sourire. À force de l'observer, j'en avais mal aux joues à sa place. J'en avais tellement vu, des faux-sourirs, dans ma famille : ma mère se cachait souvent derrière ses tristes sourires pour éviter les colères de mon paternel. Que de mauvais souvenirs.

Pour ma part, après plus de quarante minutes passées dans cette maison, je ne recelais point mon ennui. Je cherchais juste à m'assoir quelque part. J'en avais assez vu et cette maison me convenait. Mais chaque deux minutes, je recevais les « suivez-moi sil vous plaît » de Mlle Cecilia, accompagne de son gentil sourire « forcé ». Sans ce sourire, je pense bien que je serais retourné depuis longtemps dans ma voiture, attendre que ces charmantes dames finissent leur affaire.

Bientôt, quelques signes semblaient finalement indiquer la fin de notre entrevue. Nous suivions Mlle Cecilia dans le petit couloir qui menait à la salle de séjour, puis à la porte d'entrée. Alicia n'était de toute évidence pas aussi pressée que moi de rentrer. Au contraire, elle traînait les pas. Moi, je fixais plutôt la porte de sortie, et la lumière qui la traversais. 

Puis soudainement, un bruit de verre brisé résonna dans tout le couloir. Alicia s'était aussitôt jeté dans mes bras. Un tableau venait de ce décrocher du mur et s'effondra en millier morceaux juste au pieds d'Alicia. Dans un calme inébranlable et rassurant, je tentai d'observer si elle fut blessée  par un éclat, et demandai :
mais avant que j'eu le temps de m'approcher d'elle, Alicia me rassura :

« -Tu vas bien?

- Je vais bien, me rassura-t-elle en levant les yeux vers moi. Ne t'en fais pas. J'ai juste ete surpirse mais rien de grave.»

Un peu? Elle sauta littéralement sur moi. Alicia avait toujours était très intolérante avec ce genre de surprises désagréables: les bruits soudains, les personnes qui la touchaient sans crier garde...

Mademoiselle Cecilia s'empressa de s'excuser :

" Je suis terriblement navrée! Dit-elle ardemment. La fixation de ce tableau devait sûrement être endommagée. Toutes mes excuses, continuait-elle en se rapprochant de nous, l'air tout aussi choquée.  

- Ce n'est rien, ne vous inquiétez pas, l'interrompu-je.

- Oui. » rajouta Alicia, en fixant le tableau, et les debris qui l'entourait, plus anxieuse qu'elle ne voulait le laisser paraitre. Elle semblait d'autant plus angoissée par ce qu'il y avait d'inscrit sur le tableau que par ces verres brisés. La vitrine était en miettes certes, mais sur le tableau apparaissaient toujours le texte : ''Child outgrow objects, not time, nor love'' . En quoi pouvaient-ils être autant angoissant ? Ou était ce juste mon imagination ? Peu importe. Il était temps de s'en aller, et je n'en demandais pas plus. Ce que nous fîmes plutôt rapidement sur des aux revoirs toujours aussi souriants que les salutations.

Quelques instants après avoir pris la route, Alicia finit par retrouver son air habituel. Elle m'avoua alors que, plus qu'autre chose, cette maison lui plaisait, mais quelle avait le sentiment de pouvoir trouver mieux. Encore heureux ! Car si elle m'avait dit qu'elle n'appréciait pas cette maison, je lui aurais demandé pourquoi elle passait son temps à inspecter les murs et les boiseries avec autant d'attention, et d'où lui venait sa nouvelle passion pour la menuiserie. Qu'à cela ne tienne, on ne pouvait pas limiter nos recherches à une seule maison. Il fallait donc continuer à chercher un endroit convenable. Bien sûr, en gardant celui-ci comme une option possible.

Number 2030Where stories live. Discover now