Chapitre 37 : Amour.

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« JULIETTE : Veux-tu donc partir ? Le jour n'est pas proche encore : c'était le rossignol et non l'alouette dont la voix perçait ton oreille craintive. Toutes les nuits il chante sur le grenadier là-bas. Crois-moi, amour c'était le rossignol.

ROMEO : C'était l'alouette, la messagère du matin, et non le rossignol. Regarde, amour ces lueurs jalouses qui dentellent le bord des nuages à l'orient ! Les flambeaux de la nuit sont éteints, et le jour joyeux se dresse sur la pointe du pied au sommet brumeux de la montagne. Je dois partir et vivre, ou rester et mourir. » – William Shakespeare, Roméo et Juliette
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Chapitre 37 : Amour.

Lucius se baisse et se saisit de la main du corps inconscient gisant au sol.

C'est juste… Ca ne semble pas réel. Rien de tout celà ne semble réel. Ca semble totalement distinct de l'ici et maintenant : comme si je regardais un film ou lisais un livre.

Je ne ressens même pas de soulagement. Je me sens seulement malade. Exténuée.

Lucius se retourne et tend sa main libre vers moi.

« Allons » dit-il d'une voix douce. « Nous devons sortir d'ici aussi vite que possible. »

Sans un mot je tends la main et glisse mes doigts dans les siens, et il tire de ses vêtements la petite clé d'argent. Nous sommes en un instant tous les trois aspirés dans le vide étroit, reliés par nos mains…

Nous atterrissons dans ma chambre.

Lucius lâche ma main, mais garde son emprise sur son fils.

« Je vais le remettre dans son lit » il marmonne. « S'il reprend conscience autre part que dans sa chambre, ses soupçons seront décuplés. » Il verrouille son regard sur le mien. « Je reviendrais très bientôt ici, et alors il faudra que l'on parle. »

Il disparaît dans les airs, tenant toujours son fils par le poignet.

Je cligne des yeux en prenant une profonde respiration.

Je prends lentement le chemin de mon lit, et je m'abaisse doucement, très doucement, et je sens chaque muscle crier de protestation alors que je m'assois sur le bord du lit.

Je dois me rappeler de respirer.

Mes doigts se crispent sur le rebord du matelas.

Je ne sais pas quoi penser, ni quoi ressentir.

Les souvenirs remplissent mon cerveau. Rien que les souvenirs de ces deux dernières heures.

Courageuse, intelligente, et forte…

Que veulent dire ces mots pour… pour nous ?

Quel nom puis-je utiliser pour cela, après ça ? Comment puis-je encore utiliser le mot 'baiser' pour ça ?

'Baiser' implique l'absence d'émotions et de sentiments. 'Baiser' implique des ruelles sordides et des hôtels miteux. 'Baiser' revient à du sexe pur et simple.

Et je ne peux plus utiliser ce mot plus longtemps.

Que puis-je utiliser pour décrire ce qui se passe entre nous alors ?

Un petit 'pop' me signale son retour dans la pièce.

Je me lève rapidement.

« Est-ce qu'il est… sauf ? » je demande en hésitant.

Il ricane sinistrement et hoche la tête. « Aussi sauf que nous. Lorsqu'il se réveillera, il sera dans son propre lit. Ca sera comme si hier n'avait jamais existé pour lui. Ce n'est pas une solution idéale, mais elle devait être faite. »

Eden (Lumione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant