Chapitre 5 : Cruel espoir.

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'Tes yeux sont fait de verre. Ils se brisent.
Tu es loin d'être brave.
Tu es aussi seule qu'un chien dans un chenil.
Tes mains éclatent sous la fournaise. Tes bras sont coupés et bandés sans soin.
Ta voix est lointaine.
Ton hurlement est étonnant.
Il n'y a pas de prières ici.
Ici, il n'y a aucun changement.'
– Anne Sexton, Angels Of The Love Affair

Chapitre 5 : Cruel espoir.

Un soleil de plomb, un ciel sans nuage… l'été. Le parc de Poudlard rempli d'étudiants qui se prélassent au soleil. Je me déplace au fil du vent, personne ne me voit, personne ne me connaît, je ne les connais pas – Non, je connais l'un d'eux – je peux voir Ginny au bord du lac…

Mais ce n'est pas Ginny. Elle lui ressemble avec ses cheveux roux et son joli visage effronté, mais son nez et ses cheveux sont un peu plus longs que mon amie. Et elle est plus jeune, surement pas plus de quatorze ans.

Elle enlève ses chaussures et trempent ses pieds dans le lac.

« Attention, le calamar risque de t'attraper. » Le garçon roux assis à côté d'elle, ne lève même pas la tête du livre qu'il est en train de lire lorsqu'il lui parle.

Elle lui jette un sourire malicieux au dessus de son épaule. « Ne sois pas si vieux jeu. »

Le garçon sourit, sans lever les yeux de son livre. Il s'agit du 'Manuel de Métamorphose Avancée'.

Je commence à parcourir le livre, jusqu'à-

« Tu es bien le seul à étudier un jour avant le début des grandes vacances » dit la fille en levant les yeux au ciel. Des yeux bruns. Plus grands, plus sombres que ceux de Ginny…

Il ne lève toujours pas les yeux de son livre. « Ce n'est pas parce que tu te fous des BUSE et des ASPIC, que tout le monde doit faire pareil. »

Elle renvoie d'un geste irritable ses cheveux vers l'arrière. « J'ai des choses plus intéressantes à faire pour occuper mon temps. » Elle sourit à un groupe de garçons de sixième année, gagnant un petit sifflement admiratif de l'un d'entre eux.

« Hé, laisse notre sœur tranquille ! »

Ce cri ne vient pas du garçon roux, mais de la personne assise juste à côté de lui. Un garçon que je n'arrive pas à voir…

Le décor s'estompe, s'efface. Les ténèbres. Le silence.

Un murmure.

« Tes enfants. »

Du froid. De la pierre froide tout le long de mon dos.

Mes enfants. Comme ils seront, ou comme ils auraient pu être ?

Des gouttes de sueur coulent sur mon visage.

J'ouvre les yeux. Il n'y a pas de soleil ici.

Ma langue se décolle de mon palet. J'ai un gout désagréable, amer, de vomi.

Je me relève avec difficulté, dans une position assise. Ma tête pulse sous la douleur. Elle palpite d'un rythme sourd et me martèle les yeux.

Je m'appuie les poings contre les tempes, essayant de chasser le rêve de mon esprit. Je ne peux pas me permettre de m'y attarder. Il ne me sert qu'à espérer.

L'espoir est une chose cruelle. Il vous fait croire que les choses pourraient aller mieux, si seulement vous y croyez assez fort. J'avais l'habitude d'y croire avant.

Je ne suis plus sure maintenant. Je ne sais plus à quoi je dois croire.

« Vous devez avoir la tête plus claire maintenant. Vous avez dormi comme un bébé. »

Eden (Lumione)Where stories live. Discover now