Chapitre 13 : Emotions insoupçonnées.

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'Je pourrais me reposer si tu arrêtais de gémir

Heure après heure je n'ai pas le pouvoir

De bloquer mes oreilles lorsque je suis seul.

Je pourrais me reposer si tu arrêtais de pleurer

Mais il n'y a pas de repos face à tes sanglots -

Pas de quiétude face à tes regards et à tes pleurs si désespérés.' – Christina

Rossetti, The Ghost's Petition
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Chapitre 13 : Emotions insoupçonnées.

Est-ce que son visage sera vraiment la dernière chose que je verrai sur cette terre ?

Son ombre plane au dessus de moi, froide, pale et pleine de tout ce que je déteste le plus au monde. Je le déteste tellement que ça me fait mal rien que de le regarder, et encore plus maintenant qu'il sera le dernier visage que je verrais.

Un froncement de sourcils creuse de petits sillons sur son front.

Je regarde dans ses yeux, dans les yeux de l'homme qui va me tuer, qui va mettre fin à ma vie !

Non.

Je roule sur le côté mais il m'immobilise avant que je ne puisse bouger. Il s'accroupit au dessus de moi et emprisonne mon épaule de sa sain, me poussant de son emprise contre le sol de pierre froide. Ses doigts brulent ma peau nue au dessus du décolleté de ma robe, ma robe martyre, oh Jesus !

Il pose le bout de sa baguette sur ma poitrine, le visage dur et froid.

« Vous ais-je donné la permission de bouger ? »

Je secoue négativement la tête, des larmes tressaillant dans mes yeux.

Sa bouche s'amincit, et ses yeux… oh ses yeux… Remplis d'émotions que je ne serais jamais capable de nommer, m'emmenant dans leur profondeur, plus profonds, plus insondables.

Je me noie dans ses yeux. C'est comme s'ils représentaient deux piscines grises sans fond dans lesquelles on essaye désespérément mais sans succès d'atteindre la surface.

Il hoche la tête.

« Ca doit être fait » dit-il calmement.

Il dirige sa baguette sur mon cou, enfonçant la pointe dans ma gorge.

Contre ma gorge… Contre mon pouls, contre mes pulsations de cœur. Je suis encore vivante à l'heure actuelle.

Mais il est sur le point de m'enlever la vie.

Ce n'est pas juste !

Depuis quand cette situation a été équitable ?

Il enfonce sa baguette plus profondément dans ma gorge. Je garde les yeux fermés et un sanglot aigu s'échappe de mes lèvres.

Oh mon Dieu, mon Dieu, je vous aime maman, papa, s'il vous plait mon Dieu, aidez-moi, dites leur que je les aime, s'il vous plait, sauvez-moi…

J'attends…

Et j'attends…

Mais rien ne vient.

« Avez-vous peur, Sang-de-Bourbe ? »

Toujours vivante. Sa voix trainante me le prouve.

Je me force à ouvrir les yeux et à regarder son visage ricanant.

Eden (Lumione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant