Chapitre 23

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Le cortège funéraire s'avança lentement dans l'allée centrale pour venir se garer devant la petite église de Weird Town. Le chagrin et les larmes résonnaient en ce jour de deuil, surplombé par des nuages sombres. Autour de nous, chaque personne était habillée de noir et tenait à la main une rose blanche ou rouge sans cesser de pleurer les uns contre les autres.

Maéva était assise à ma gauche et me tenait la main en tremblant de tout son long. Elle pleurait, beaucoup et ne cessait de demander pourquoi, pourquoi lui, pourquoi maintenant, pourquoi si jeune, pourquoi un acte aussi cruel. Personne ne pouvait répondre à cette question car personne ne savait pourquoi. Il n'avait pas d'ennemi, il était aimé de tous, et pourtant, nous étions là, à le pleurer et à lui dire adieux à jamais.

Nous étions tous anéantis et dans l'incompréhension la plus totale devant un acte aussi horrible. Mais, le plus à plaindre était Gabriel. Il n'avait plus rien mangé depuis des jours. Il ne dormait presque plus non plus. Son visage était tiraillé par la douleur et la tristesse. De nous tous, c'était celui qui avait le plus perdu, ce mercredi là, il y a de ça cinq jour.

Je n'arrivais pas à me sortir son appel de l'esprit. À chaque fois que j'étais dans mon lit, l'appel téléphonique retentissait dans ma tête. « Il est mort. ». J'entendais cette phrase sans cesse, et à chaque fois mon cœur se brisait un peu plus. Ce drame nous était tombé dessus si soudainement, il venait de nous être arracher en une fraction de seconde, de la plus horrible des façons qu'il puisse exister.

Dans une existence, il y a la naissance, puis le cycle de la vie qui débute ce jour là et qui ne cesse d'avancer, pour ensuite nous mener peu à peu vers l'enfance, l'adolescence et surtout la vie d'adulte, et puis lentement, le cycle se rapproche du troisième palier, où la mort nous attend et nous accueille à bras ouverts. Comme les trois Moires qui tissent le fil de la vie, puis le déroulent et finissent implacablement par le couper. Aujourd'hui, c'était ce qui c'était passé, le fil avait été rompu. Une existence avait été arrachée alors qu'elle entamait tout juste sa vie et qu'il lui restait encore tant de chose à découvrir.

Lentement, quatre hommes, eux aussi vêtus de noir, entrèrent dans l'église en portant délicatement un cercueil en bois massif. Les pleures de Gabriel devinrent aussitôt plus intenses, plus déchirants à entendre. Il n'y avait aucun bruit dans l'église hormis ceux des pleures et celui du violon qui entamait une mélodie triste pour accompagner l'avancée du défunt jusque devant l'autel.

Je serrai doucement la main de Gabriel à ma droite. Il avait besoin de soutient, il avait besoin qu'on soit là pour lui, il avait besoin de nous tous. Il ne serait plus jamais le même homme, son sourire si pur et si innocent ne reviendrait jamais, sa joie de vivre et son insouciance nous avaient définitivement abandonné. Aujourd'hui, Gabriel ne serait plus jamais celui que nous avions connu.

La cérémonie d'adieux débuta peu après l'arrivée du cercueil devant le prêtre. Mon regard se perdit devant la photo de notre ami. Il souriait, il était heureux, et surtout il était vivant. Je ne cessais de me demander quels étaient ses derniers moments, est-ce qu'il c'était vu mourir ? Bien sûr que oui. Il avait été abattu de face, son assassin voulait qu'il sache qui il était, c'était certain. Le plus dur était de savoir qu'il avait agonisé de longues minutes sur le sol, à se vider de son sang, sans que personne ne lui vienne en aide.

Les dizaines de photos autour du cercueil montrait un Peter joyeux et plein de vie. En voyant son énorme sourire devant la mer, j'entendis résonner dans mes oreilles son rire doux et vrai. Je revis ce jour là, notre première plage tous ensemble, il y a cinq ans en arrière. Je n'avais plus jamais repensé à cette sortie depuis ce jour. Je voulais encore entendre ce rire, savoir qu'il était là, toujours avec nous.

Troubles (TOME 2)Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon