26|Une nuit

Depuis le début
                                    

Ça t'arrive souvent de suivre les gens comme un psychopathe? »

-《Quand c'est pour régler des comptes oui.》

-《Je n'ai rien à régler avec toi, je préfère que dorénavant tu t'abstiennes de débarquer comme si cet endroit t'appartenait. 》

-《Fracture, radio, béquilles, analyse, voilà ce que ma sœur a dû endurer. Et tu sais pourquoi ? 》

-《Parce que tu n'es pas venu la chercher ce jour-là ? C'est facile de tout me remettre sur le dos hein. Tu penses que je devrais me sentir coupable ou que je devrais culpabiliser ? Si tu es venu pour entendre des excuses dégage parce que t'en auras pas, je ne vais pas m'excuser d'avoir voulus aider ta sœur, et de n'avoir pas pus appréhender le cerf qui nous a foncé dessus. 》

-《T'es vraiment culoter ! 》

-《C'est toi qui l'est, tu viens devant moi me dire que tout est de ma faute, comme si j'étais sa baby-sitter!》

-《 T'es encore pire que je l'aurais imaginée. 》

-《 Ah tu crois? Pourtant je suis qu'a 20% de mes capacités. 》

-《 Tu es indemne et tu oses répondre! »

-《 Je suis sortis indemne et ta sœur non, je devrais m'en plaindre?》

-《 Ma sœur devras marcher avec une béquille pendant je ne sais combien de temps !》

-《Tu la souhaiteras bon rétablissement de ma part.》

Je le laisse là et dépose un billet sur la table, j'ai menti c'est vrai, j'ai perdu ma main, et c'est bien pire que les vulgaires béquilles que Cindy portera. Mais à quoi bon dire la vérité ? Au fond ça ne changera rien, il sera toujours en colère et inquiet pour sa sœur. Peut-être qu'il serait plus compréhensif envers moi, mais franchement est ce que j'ai besoin de sa compassion ? Moi, Nûra El Rachid j'ai vécu 23 ans sans la compassion de cet homme, donc pourquoi en aurais-je besoin maintenant ? Je sors du café et me dirige vers l'arrêt de bus, je m'installe sur le siège du fond et enfonce mes écouteurs dans mes oreilles.

"Et elle augmenta le son de la musique dans ses oreilles comme pour ne pas entendre le bruit de son cœur en train de se briser. "

Je descends du bus et me rend compte que je suis devant chez Mayed, j'avais pris le chemin de la maison pourtant et maintenant je me retrouve ici, je décide tout de même de sonner. Il m'ouvre la porte surpris il ne s'attendait pas à ma venue, il me laisse entré et me dit t'attendre, il est au téléphone donc je décide de m'installer sur le canapé. Il raccroche enfin et pose son regard sur moi.

-《 Zuïr m'a dit que t'était sorti faire un tour mais que tu prenais du temps, il est très inquiet, comme tu sais c'est un papa poule .》

-《 C'est pas la première fois que je vais me promener et je ne me promène pas avec mes mains donc je ne risque rien.》

-《 Tu n'a pas l'habitude ça se voit. 》

-《L'habitude de quoi? 》

-《 L'habitude que l'on soit toujours sur ton dos pour te surveiller, toi qui a toujours eu l'habitude de prendre soin de lui, maintenant les rôles s'inversent. 》

-《Si tu le dis. 》

Il me tend un verre de jus et s'assois en face de moi.

-《 Tu sais moi aussi avant j'étais comme toi, j'avais toujours eu l'habitude de m'occuper de ma mère donc je n'avais pas l'habitude que l'on s'inquiète pour moi. Mais tout à changer quand je l'ai rencontré. 》sourire

-《Ta femme ? 》

-《Oui. Elle avait cette manie de toujours vouloir m'aider et ça m'énerver, pourquoi aurais-je besoin de son aide alors que toutes ces années je me suis débrouillé seul ? Et puis je me suis rendu compte que j'étais beaucoup plus heureux les années où elle était là. J'avais quelqu'un sur qui me reposer, quelqu'un à qui je pouvais passer mes problèmes comme s'ils étaient trop lourd à porter. 》 sourire

-《 T'a du beaucoup l'aimer》

-《Ah si tu savais. Parfois ça fait du bien de se confier à quelqu'un de différent. 》

-《 Pourquoi je me confirais à quelqu'un de différent ? 》

-《Par peur de confier trop de problème à la personne que tu aimes, par peur de
l'inquiéter, c'est pourquoi tu es là. 》

Il a raison, si je suis venu ici, c'est pour cette raison, je n'arrive plus à me confier à Zuïr par peur de l'inquiéter. Je m'accorde une nuit, une nuit où je ne serais pas moi-même, une nuit où j'aurais droit de pleurer criée ma peine, une nuit où je serais tout sauf moi-même. Mais après cette nuit c'est fini, je reprendrais ma vie et essayerais de tout oublier.

-《Après peut être que je me trompe. 》

Il se lève et se dirige vers la cuisine pour ramasser son verre, je le suis et soudainement et me retrouve bras enroulés autour de lui et tête posée sur son dos. Lui-même a pris quelques minutes pour comprendre et il est resté immobile. Je m'effondre complètement tel une enfant qui aurais perdus son jouet préfère, je me laisse aller car je sais que je n'ai droit qu'à une nuit, une seule.

Nûra - "Vie Paumée"  [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant