Partie 1 - Chapitre 17 : Le cercle de champignons

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Ezarel

Denara veillait cette nuit. J'avais beau être fatigué, je n'arrivais pas à dormir. Je me retournais encore et encore dans ce lit que nous partagions à tour de rôle. Mes pensées étaient sans cesse dirigées vers elle, et tout était là pour me le rappeler. Ses bottes aux pieds du lit, son sac vidé sur le coffre placé devant le hublot, même les astres me rappelaient Denara. En ce moment ce qui m'empêchait de la sortir de mon esprit était son gilet. Il n'avait pas bougé d'un pouce depuis que je l'avais jeté quand je l'ai surprise en train de se dévêtir. Je l'avais déjà vu quasi nue mais jamais je n'avais ressenti une telle attirance. Je le sentais au creux de mes reins que quelque chose avait changé dans mes rapports avec elle. Je voulais plus mais je ne pouvais pas me le permettre. Je m'étais juré que ça n'arriverait plus alors je devais réprimer mes sentiments. Devoir l'accompagner était un supplice. On en avait pour un bout de temps ensemble et ça me faisait peur. Je me battais constamment contre mes désirs et c'était fatigant. J'aurai aimé lâcher prise au moins une fois mais je savais ce que ça engendrerait. De la peine. De la souffrance.

Je me demandais s'il me serait possible de la laisser derrière moi une fois ma mission accomplie. En étais-je seulement capable ? Je n'aurais sans doute jamais dû accepter la demande de Miiko.

Cela faisait seulement deux jours et je sentais que ça se compliquait. Denara était sans cesse en train de me regarder. Il était aussi plaisant que déplaisant d'avoir ses yeux posés sur soi. Si ses sentiments pour moi étaient semblables à ceux que je ressentais pour elle, je me retrouverais dans une situation de laquelle je ne pourrais m'extirper.

*

*           *

Ne tenant plus en place et ne parvenant pas à m'endormir, je décidais d'aller prendre l'air sur le pont.

Elle n'était pas à la barre et observait le paysage nocturne depuis la poupe du bateau. D'un pas hésitant, je m'avançais vers elle.

Une fois arrivé à sa hauteur, elle se tourna vers moi.

« — Tu n'arrives pas à dormir ?

— Non. Je pensais à toi... »

Elle me fit de gros yeux ronds, étonnée, je compris mon erreur. Il fallait que je rattrape ma bourde.

« — Quand j'étais enfermé dans la cabine le jour de notre départ, je me suis rendu compte que je ne connaissais pas grand-chose de toi. J'imagine que tu ne parles jamais à personne de ta vie sur Terre et que parfois tu as besoin de te vider.

— Oui...

— Tu parlais à un certain Aron. J'ai cru comprendre que c'était ton frère ? »

Elle hocha la tête et elle semblait triste.

« — Désolé. Je n'aurai pas dû. Ça doit être difficile pour toi.

— Non, non, enfin oui c'est difficile mais ça ne me dérange pas d'en parler. »

Elle souffla puis dirigea son regard vers le ciel avant de me demander ce que je voulais savoir. Je ne savais pas quoi lui demander. J'avais lancé ce sujet sans trop réfléchir. J'aurai pu parler du beau temps au lieu de parler bêtement de son frère. Je soufflais, exaspéré par ma bêtise.

« — Tu as entendu tout ce que j'ai dit ?

— Oui. Excuse-moi. Je n'aurai pas dû écouter derrière la porte. C'est privé.

— Tu as sans doute compris qu'il était mort ?

—Oui. Désolé Dena...

— Arrête de t'excuser. C'est la vie...c'est la mort. Il n'aurait pas dû mourir ainsi, ma mère non plus, mais c'est comme ça. Des gens meurent tous les jours non ? »

Les larmes du Phoenix d'argentWhere stories live. Discover now