Partie 1: Chapitre 8 - Une nuit sans détour

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Je fus réveillée par le bruit assourdissant des cloches qui résonnait dans la ville. Je sautai du lit m'avançai vers la fenêtre. Des maisons étaient en flammes ici et là. Tandis que les citoyens couraient vers le quartier général, les gardiens en sortaient. Ils se précipitaient vers des ennemis qui avaient fait irruption dans la cité d'Eel.

Je ne pris même pas le temps de me vêtir et de me chausser. Je m'élançai hors de ma petite chambre. Le sol tremblait sous le martellement provoqué par le galop des protecteurs d'Eel. Je me souvins des enseignements de mon chef.

« Lorsque les cloches retentissent, rappelle-toi qu'il y a un danger. Cours chercher ton kit de secours et prends soin des blessés. Secours-les et emmène-les à l'intérieur du bâtiment, là où ils seront en sécurité. »

Je suivis ces instructions comme si Ezarel venait de me les donner. Je m'engouffrai dans le laboratoire, où de nombreux absynthes étaient regroupés, et m'emparai d'un kit. Je sortis aussitôt de mon espace de travail, puis je franchis la grande porte. Cela me semblait tellement irréel. Une bataille faisait rage entre les murs de la Citadelle et moi j'étais complètement perdue. Malgré les consignes de mon mentor, je ne savais par où commencer. Il ne semblait pas y avoir une armée ennemie immense mais les dégâts matériels étaient là, et je n'osai penser aux dégâts physiques. Et si nous venions à perdre l'un des nôtres ? Je sentis un bras m'arracher à cette vision horrible.

— Denara que fais-tu ? Dépêche-toi de porter secours aux habitants de la cité.

Je fixai Opal comme si je venais de voir un fantôme.

Elle me secoua comme pour me sortir de mon état catatonique.

— Réveille-toi, allez du nerf !

Je repris conscience de la situation et m'exécutai. Je me ruais vers une maison devant laquelle se tenaient une dame et son enfant. Avant de les accompagner à l'intérieur de la Citadelle, je vérifiai s'ils n'étaient pas trop blessés. 

Le son des cloches faisaient place à présent à celui des armes qui s'entrechoquaient. Je voyais les ombres, les obsidiens et les meilleurs absynthes, munis d'épées, de haches et de lances pour honorer leur serment. Leur serment qui était aussi le mien. Ce même serment qui était censé être ce qui fait battre le cœur de tout gardien, c'est ce en quoi ils avaient foi.
 

« Je jure de protéger le peuple d'Eel. Je jure de secourir ceux qui ne peuvent se défendre seul et de me battre pour l'avenir d'Eldarya. Je serai son bouclier contre l'ennemi. Je serai là pour panser ses blessures et je serai encore là pour reconstruire son foyer. Je m'aventurerai dans les tréfonds de la forêt pour éloigner les monstres qui troublent son sommeil. Je ne déposerai les armes que lorsque la paix régnera. Je sacrifierai ma vie pour sauver la sienne. »

Ces paroles faisaient écho en moi. Je souhaitai être de ceux qui étaient capable de tels sacrifices. Je voulais prendre les armes mais en tant que jeune absynthe il ne m'était pas autorisé de le faire. Je ne pouvais espérer mieux que le secourisme.

Je me contentais d'accompagner les deux personnes dans le QG et retournais à la recherche d'autres blessés. 

Nos ennemis me semblaient étranges. Il apparaissait que ceux-ci étaient des hommes, ou des elfes, à la peau tantôt cuirassée, tantôt faite d'argent. Je voulais prendre part au combat et mettre en pratique ce que Valkyon m'avait enseigné mais il était de mon devoir de rester à la place qui était la mienne. 

Evitant sur mon passage quelques individus dangereux, je m'avançais en direction du kiosque central. Les foyers avaient été évacués et il ne restait que quelques combattants dans les rues. Les autres étaient plus proches de la grande porte qui était censée protéger Eel de toutes intrusions. Cette nuit, des intrus avaient franchis la barrière. Les protecteurs de la citadelle étaient soit en train de repousser l'ennemi en dehors de la cité, soit en train de le massacrer. Du coup je me disais que je serai plus utile à l'avant.

Les larmes du Phoenix d'argentWhere stories live. Discover now